Maladies auto-immunes : le gingembre serait bénéfique en complément des traitements Adobe Stock
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Considéré comme une plante magique au Moyen-Age, le gingembre est apprécié dans de nombreux pays pour son goût prononcé qui s’accommode à l’envi dans les plats et sous différentes formes : frais, râpé, en tisane, confit ou séché… Cette épice cultivée en Asie, qui appartient à la famille des Zingiberaceae et originaire d’Inde, traîne derrière elle une solide réputation sur le front de la santé.

Cette plante exotique riche en fibres et en glucides, dissimule une variété de minéraux comme du potassium bénéfique pour le système nerveux et la contraction musculaire et du magnésium anti-fatigue. Le gingembre est aussi source de vitamines, comme la vitamine B9 (ou acide folique) qui intervient dans la croissance cellulaire, la vitamine C (qui participe à la consolidation et la protection des tissus conjonctifs en absorbant les substances oxydantes mais aussi favorise l’absorption du fer non héminique) et la vitamine E antioxydante.

Les vertus santé du gingembre

Derrière cette composition nutritionnelle se dessine une multitude de propriétés santé. Le gingembre formerait ainsi un remède contre les nausées et les vomissements et serait également un allié du transit, en luttant contre les problèmes de constipation.
Même s’il est souvent affublé d’aphrodisiaque, ce qualificatif ne trouve pas de caution scientifique. Mais il mérite néanmoins sa réputation de tonifiant naturel et de stimulant qui pourrait favoriser l’érection.

Des propriétés anti-inflammatoires

Surtout, le gingembre est connu pour son rôle anti-inflammatoire, pour soulager les douleurs comme les maux de tête. Cette racine tirerait son action de sa capacité à inhiber la production des prostaglandines, des hormones impliquées dans des réactions inflammatoires, expliquait à Medisite le Dr Odile Morant, médecin phytothérapeute. Cette efficacité du gingembre contre l’inflammation se trouve une nouvelle fois mise en avant, à la faveur d’une étude parue le 22 septembre 2023 dans la revue JCI Insight. L’Université du Colorado met en lumière l’intérêt d’une supplémentation de gingembre chez des patients traités pour des maladies auto-immunes.

Le gingembre aiderait à freiner la nétose

Ces nouveaux travaux se sont penchés sur l'impact des compléments alimentaires de gingembre sur un type de globule blanc appelé neutrophile. D’après l’étude, la consommation de cette racine chez des personnes en bonne santé rend les neutrophiles plus résistants à la nétose (NETose), un processus cellulaire immunitaire par lequel se forment des pièges extracellulaires pour les neutrophiles.

Le NET (acronyme pour Neutrophile Extra cellulaire Trap) désigne un phénomène complexe d’intervention des neutrophiles, destiné à "limiter et à éviter la dispersion des infections bactériennes", comme l’a expliqué une précédente étude parue en 2016 dans le Journal de Médecine Vasculaire. Celle-ci décryptait le processus : "les proliférations bactériennes attirent les neutrophiles qui "s’activent à la surface des bactéries (…) formant un réseau fibrillaire qui emprisonne" ces mêmes bactéries.

Le gingembre capable d’apaiser l’hyperactivité anormale des neutrophiles

Problème, cette toile d’araignée formée par les NET favorise aussi "l'inflammation et la coagulation", ce qui contribue à "de nombreuses maladies auto-immunes, notamment le lupus, le syndrome des antiphospholipides et la polyarthrite rhumatoïde", ou encore le Covid-19, précisent les chercheurs de l’Université du Colorado.

La supplémentation de gingembre contribuerait donc à juguler ce phénomène en contrant l’inflammation. "Il existe de nombreuses maladies dans lesquelles les neutrophiles sont anormalement hyperactifs, observe le co-auteur principal, Kristen Demoruelle, professeur agrégé de médecine à l'École de médecine de l'Université du Colorado sur le Campus médical Anschutz de l'Université du Colorado. Nous avons découvert que le gingembre peut aider à freiner la NETosis. Pour les scientifiques, ce "complément naturel peut être utile pour traiter l'inflammation et les symptômes chez les personnes atteintes de plusieurs maladies auto-immunes".

Une efficacité anti-inflammatoire au bout de 7 jours

Ces bénéfices anti-inflammatoires du gingembre ont été constatés lors d’un essai clinique dans lequel des volontaires en bonne santé ont pris quotidiennement un supplément de gingembre pendant sept jours (20 mg de gingérols/jour). Cette supplémentation a eu pour effet de stimuler la substance chimique à l'intérieur des neutrophiles et, par ricochets, de réduire la NETosis, déclenchée en réponse à divers stimuli liés à la maladie.

"Notre recherche fournit pour la première fois des preuves du mécanisme biologique qui sous-tend les propriétés anti-inflammatoires apparentes du gingembre chez l'homme", a déclaré le co-auteur principal Jason Knight, professeur associé à la division de rhumatologie de l'université du Michigan.

Les effets du gingembre sur le Covid-19 bientôt étudiés ?

Pour les chercheurs, cet essai clinique ouvre la voie à une future utilisation du gingembre en complément des traitements de maladies auto-immunes. "Il n'y a pas beaucoup de suppléments naturels, ni de médicaments sur ordonnance (…) connus pour combattre l'hyperactivité des neutrophiles, précise Jason Knight. Nous pensons donc que le gingembre peut réellement compléter les programmes de traitement déjà en cours. L'objectif est d'être plus stratégique et personnalisé en termes de soulagement des symptômes" inflammatoires.

En vue de concrétiser leur projet, les chercheurs envisagent dans un second temps de décliner ces essais cliniques en étudiant l’impact du gingembre chez des patients atteints de maladies auto-immunes et inflammatoires où les neutrophiles sont hyperactifs, comme le lupus, la polyarthrite rhumatoïde, le syndrome des antiphospholipides et même le COVID-19.

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