Pourquoi les labos d'analyses sont-ils en grève et comment faire nos examens ? shutterstock
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Il faudra attendre un peu pour votre prochaine prise de sang ! Aujourd’hui et jusqu’à lundi 23 septembre, un mouvement de grève reconductible est lancé au sein des biologistes médicaux.

Cet appel, lancé par différents syndicats de biologistes, semble avoir été largement suivi, même si les chiffres exacts ne sont pas encore sortis.

Michel Sala, vice-président du Syndicat National des Médecins Biologistes, estime que cet engouement inhabituel reflète un réel problème de fond. Il répond à nos questions.

Selon vous, quelle est la probabilité que la grève soit reconduite et que le bras de fer avec la CNAM se solde par un conflit plus dur ?

Honnêtement, je n’en ai aucune idée. Cela va vraiment dépendre de la CNAM, si nous arrivons à communiquer de manière saine avec ses membres. Pour le moment, il n'y a plus aucun échange, depuis le mois d'août.

Sans nouvelle de leur part, nous envisageons sérieusement d'autres actions. Nous ne demandons pas forcément une réponse parfaite, mais au moins de pouvoir rétablir le dialogue.

Quels sont les risques pour les patients, si vous ne trouvez pas d'accord ?

Si rien ne change, mi-décembre, l’enveloppe budgétaire qui nous a été allouée pour l’année 2024 sera vide. Cela voudrait dire que les examens biologiques seraient toujours pris en charge pour le patient, mais que nous devrions tout rembourser à la CPAM. Or, travailler gratuitement n’est pas viable pour nous.

Nous envisageons alors un shutdown, c'est-à-dire la fermeture totale de tous les laboratoires, estimé à mi-décembre. Il serait dès lors beaucoup plus compliqué d’effectuer ses examens biologiques, les délais risquent de s’allonger.

Comment faire une prise de sang quand son labo est fermé ?

Pour les examens de biologie non urgents, comme la biologie programmée, le plus simple est de décaler son rendez-vous. On a d’ailleurs remarqué que la journée d’hier (ndlr : jeudi 19 septembre) a été particulièrement chargée, en prévision de la grève. Pour les examens urgents, il est toujours possible de les effectuer dans les services d’urgence des hôpitaux ou des cliniques.

Dans le cas où nous arriverions à une situation de shutdown complet, ça sera plus compliqué. Il est possible que certains services dédiés en milieu hospitalier rouvrent. En effet, avant, lorsqu’on allait à l'hôpital et qu’on nous prescrivait, par exemple, une prise de sang, il était possible de la faire directement sur place. Depuis quelques années, ces examens sont transférés vers les labos en ville. Cela a d’ailleurs encore augmenté le nombre d’examens à notre charge, pesant davantage sur notre budget.

Qu'attendez-vous de la CNAM ?

Déjà, de rouvrir un dialogue sain. Le problème vient de l’accord triennal que nous avons convenu en juillet 2023. Alors qu’historiquement, le calcul du budget se basait sur les chiffres des années précédentes, il a été évalué cette fois-ci sur une base d'estimation. C'est-à-dire que l’on a tenté de prédire quel serait le nombre d’examens biologiques sur l'année.

Or, le nombre réel d'examens a largement dépassé cette estimation. Nous n’y sommes pour rien, cela dépend des prescriptions faites par les médecins. Nous avons alors demandé à la CNAM de revoir le budget à la hausse en prenant en compte cette différence, ce à quoi nous a été répondu “vous avez joué, vous avez perdu, prenez vos responsabilités”.

Nous considérons avoir été dupés. Nous ne demandons pas de financement supplémentaire, mais seulement un partage juste et équitable de l’accroissement des volumes avec l’Assurance maladie.

Sources

https://snmbio.com/files/CDP%20Les%20biologistes%20medicaux%20passent%20a%20laction.pdf

Interview du Dr Michel Sala, vice-président du Syndicat National des Médecins Biologistes.

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