Selon une étude de la Fondation Pierre Deniker / IPSOS pour le Conseil économique et social (2018) : un actif sur cinq présente des troubles psychiques.
Faut-il parler de sa maladie au travail ? Une question délicate à laquelle il n’est pas toujours évident de répondre. Partager ses problèmes avec ses collègues, c’est prendre le risque d’être mis à l’écart. En toucher un mot à son patron, c’est risquer une mise au placard… Et si ce choix était différent selon le trouble, l’entreprise et les collègues de chacun ?
Les troubles psychiques désignent différentes affections qui altèrent l’état de santé mentale. Ils peuvent, selon les individus, prendre des formes et s’exprimer de manière très différente. Ils peuvent être diagnostiqués à plusieurs périodes de la vie et s’installent plus ou moins dans la durée. Les plus répandus sont : les troubles bipolaires, les troubles anxieux, les addictions, la dépression, les troubles obsessionnels compulsifs ou encore les troubles psychotiques tel que la schizophrénie. Ces divers troubles modifient le rapport de l’individu à la réalité objective. C’est ce qui nous permet la distinction entre la réalité psychique construite par l’individu et celle qui nous entoure. Cela peut donc avoir un impact sur la vie sociale mais également sur la vie professionnelle.
Troubles psychiques : les préjugés sont tenaces
Il faut savoir que depuis 2005, le handicap psychique est reconnu par la loi. Celui-ci est défini comme une restriction d’activité liée à une altération de l’état de santé psychique. Cela permet notamment à l’employé de bénéficier de dispositifs prévus pour aider à l’insertion professionnelle. L’entreprise peut alors aménager le poste ainsi que les conditions de travail. Cette insertion est connue pour avoir des impacts positifs sur les troubles.
Parfois, un employé va préférer taire ses troubles psychiques, car les préjugés sont encore tenaces. Et légalement, rien ne lui oblige à déclarer à son employeur ou à ses collègues son trouble. De nombreux managers ne sont pas sensibilisés à cette question. En parler avec eux, leur expliquer ce dont vous avez besoin comme aménagement peut aider à faire la lumière sur certains troubles.
Pourquoi il est important de libérer la parole
Libérer la parole peut également permettre de diminuer la souffrance de la maladie. Cela permet de banaliser ces pathologies. La verbalisation est donc la condition sine qua non d’une possible amélioration. Côté employeur comme employé, discuter peut permettre de mieux se comprendre.
Coralie Fournier, psychologue du travail ajoute : "Toutefois, un contexte de liberté doit être instauré en amont, cela reste une démarche à l’initiative du salarié dans laquelle il est libre de s’exprimer ou non selon ses ressentis, son contexte de travail, la nature et les potentielles évolutions de son trouble... Cela évite les comportements de réactance, qu’ils soient exprimés de manière consciente ou non".
La difficulté de parler de son trouble psychique tient surtout à la peur de fragiliser notre lien à l’autre, de voir nos responsabilités diminuer etc. Tout se joue alors sur la confiance à l’autre, et surtout par une sensibilisation aux troubles psychiques et à ce qu’il représente. Il est pour cela important que les RH et les employeurs se forment à la santé mentale : qu’est-ce que sont ces affections ? Que vit la personne concernée ? Comment l’accompagner ?
Si vous vous sentez en confiance, parler de ces sujets encore tabous peut grandement faire avancer, autant sur le plan de la maladie que sur celui de la connaissance de ces troubles.
Coralie Fournier conclue : "L’idée d’en parler reste le meilleur moyen pour sensibiliser et atténuer les stéréotypes. Cependant, il faut garder à l’esprit que le salarié ne doit pas se sentir contraint. En ressent-il le besoin ? Est-il prêt à s’exposer ? Il est également important de penser aux éventuelles conséquences, positives comme négatives, qui peuvent en découler. Si le contexte n’est pas favorable à une adaptation au trouble rencontré, il faut penser à la manière de le rendre. Les stratégies d’influence en vue de modifier les représentations mentales/sociales sont appropriées, cela peut passer par la verbalisation du salarié mais pour limiter l’impact des conséquences négatives, la diffusion d’idée de manière implicite avec une non identification de l’acteur concerné, peut aider le salarié dans sa prise de décision".
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Merci à Coralie Fournier, psychologue du travail
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