Périnée chez les hommes : à quoi sert-il et pourquoi en prendre soin ?Istock
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Dans l’imaginaire collectif, les problématiques périnéales ont tendance à être associées aux femmes, en particulier à certaines périodes de vie comme le post-partum ou la ménopause. En réalité, le périnée, appelé aussi plancher pelvien, constitue un sujet non genré. Oui, messieurs, vous avez aussi un périnée, même si vous y êtes sensibilisés plus tardivement.

"L’homme a conscience plus tard de son périnée, en général autour de 45-55 ans, quand les premiers troubles visibles liés au vieillissement commencent à apparaître, comme les difficultés liées à l’érection ou les troubles de la miction (difficultés à uriner), ou en cas d’hypertrophie bénigne de la prostate", explique à Medisite Aurélie Blaugy, kinésithérapeute et spécialiste en rééducation périnéale, directrice pédagogique Les Savantes.

Chez les hommes plus jeunes aussi, certaines pathologies en lien avec le périnée peuvent inciter à consulter un professionnel de santé, notamment en cas d’éjaculation prématurée, de troubles d’ordre sexuel (liées à l’érection notamment) ou de des douleurs pelviennes liées à des pressions excessives sur le périnée (lors d’une pratique sportive excessive ou en cas de mauvaise posture à vélo).

Le périnée chez l’homme : un rôle clé dans la continence, l’érection et l’éjaculation

Pour comprendre pourquoi tout au long de la vie le périnée mérite le plus grand soin, un petit détour anatomique s’impose. Le plancher pelvien désigne un ensemble de structures, de muscles, de ligaments de tendons et de glandes qui ferment le bassin.

Chez l’homme, il est constitué "d’un plan profond avec une visée de stabilisation et de gestion des pressions abdominales et qui participe notamment à la statique lombaire, d’un plan moyen et d'un plan superficiel impliqués dans la continence d’urgence (avec le sphincter externe et interne de l’urètre par exemple et les muscles liés à la sexualité masculine) et qui interviennent dans l’érection et l’éjaculation", décrit Aurélie Blaugy.

Périnée : une contraction automatique quand il est en bonne santé

Chez la femme, comme chez l’homme, l’engagement du périnée, quand il est en bonne santé, se fait naturellement. "Le périnée se contracte normalement de façon automatique comme le diaphragme respiratoire (principal muscle respiratoire avec qui il travaille de concert). D’ailleurs, beaucoup d’anomalies du plancher pelvien démarrent de problèmes en rapport avec le diaphragme respiratoire", remarque la spécialiste.

Concrètement, quand on adopte une bonne posture grandie et de qualité, le périnée dispose d’un tonus de base, qui lui permet d’intervenir de façon optimale dans la continence et de soutenir les organes. "Ce tonus de base augmente en fonction de la pression infra-abdominale, la continence passive". Dans certaines situations de la vie courante, comme par exemple dans le cas d’une envie pressante d’aller aux toilettes, le plancher pelvien se surcontracte.

"Cette capacité à surcontrôler ce muscle permet par exemple de retarder ses envies d’uriner ou d’aller à la selle", précise Aurélie Blaugy. Le périnée se pare aussi d’une fonction sexuelle chez l’homme. "Les garçons apprennent aussi à avoir un contrôle de ces muscles au moment de l’érection et de l’éjaculation".

Périnée chez l’homme : les facteurs qui le fragilisent

Certains paramètres peuvent jouer les grains de sable et venir gripper cette mécanique périnéale harmonieuse, affectant par ricochets, la santé et la sexualité masculines. Le processus de vieillissement fait partie de ces facteurs de risque qui fragilisent le périnée. "Le périnée s’affaiblit naturellement avec l’âge, en raison de l’andropause et du relâchement des tissus conjonctifs musculaires qui perdent en qualité".

Autre ennemi du périnée : les hyperpressions infligées au plancher pelvien, liées par exemple à de mauvaises habitudes posturales au quotidien, à la pratique sportive ou encore au fait de pousser aux toilettes pour évacuer les selles. Ces pressions excessives finissent par épuiser les muscles du plancher pelvien et réduisent son tonus.

Périnée trop tonique chez l’homme : quels sont les risques ?

En résumé, un périnée en bonne santé correspond à un périnée ni trop tonique ni trop faible. Mais à quoi s’exposent les hommes dans l’un ou l’autre des cas ?

En cas d’hypertonicité (périnée trop tonique), l’homme peut être sujet à des troubles de l’éjaculation (éjaculation prématurée), des douleurs pelviennes, des pubalgies, une constipation d’exonération (liées au fait de trop pousser au moment d’aller à la selle par exemple), à un prolapsus rectal (les poussées importantes aux toilettes poussent à l’extérieur la muqueuse rectale), ou encore à une difficulté à vidanger la vessie.

"Un périnée trop tonique peut abolir un certain nombre de sensations dont l’envie d’uriner. On peut avoir des patients qui ne sentent plus la progression du besoin d’uriner et y vont au dernier moment, ce qui peut donner des fuites par engorgement, explique la kinésithérapeute. Certains hommes peuvent aussi présenter une perte de contrôle de leur vessie, ce qu’on appelle une vessie de lutte, qui se contracte tout le temps.

Périnée trop faible chez l’homme : quels sont les risques ?

A l'opposé, un défaut de tonicité du plancher pelvien peut engendrer, là aussi, un certain nombre d’effets indésirables : "Un périnée pas assez tonique peut exposer à un risque d’incontinence anale (impossibilité de retarder volontairemen t le passage du contenu intestinal à travers l'anus) ou d’incontinence fécale (pertes de selles)", souligne Aurélie Blaugy.

Un périnée trop faible, notamment en raison des hyperpressions ou à la suite d’une opération de la prostate, peut aussi favoriser des fuites urinaires et affecter la capacité à maintenir une érection, diminuer la sensation orgasmique et la puissance de l’éjaculation.

La prise de ventre avec l’âge qui s’accompagne d’une distension abdominale peut fragiliser le périnée et exposer à ces désagréments. "Attention à la prise de ventre après 45-55 ans", prévient la kinésithérapeute.

Une bonne hygiène de vie, une bonne posture et des exercices aident à chouchouter son périnée et à s’éviter ce genre de contrariétés, au service d’une meilleure santé globale et de l’épanouissement sexuel.

Sources

Merci à Aurélie Blaugy, kinésithérapeute, spécialiste en rééducation périnéale.

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