L’incontinence urinaire touche au moins 2,6 millions de personnes de plus de 65 ans. Cette problématique courante à la faveur du vieillissement, concerne environ une femme sur trois après 70 ans et 7 à 8 % des hommes âgés de 65 ans, selon l’assurance maladie. Cette perte involontaire des urines, qu’elle soit liée à un effort (incontinence urinaire d’effort) et/ou à une hyperactivité de la vessie (besoin urgent et incontrôlable d’uriner qui survient au repos en dehors de tout effort), entraîne des répercussions débilitantes sur la qualité de vie : elle peut perturber le sommeil ou mener à l’auto-exclusion de certaines activités par peur des "fuites" accidentelles, avec le risque de glisser dans le cercle vicieux de l’isolement social.
Périnée : un rôle essentiel dans la continence urinaire
Alors que normalement, l’envie de faire pipi peut être contrôlée par une contraction volontaire du sphincter et des muscles du périnée, dans le cas d’une incontinence urinaire, ce contrôle de la miction (le fait d’uriner) est perturbé.
Cette difficulté à se retenir cache souvent un affaiblissement des muscles du périnée. De quoi parle-t-on exactement ? Le périnée (ou plancher pelvien) désigne un ensemble de fibres musculaires, de tissus conjonctifs (fascias et ligaments) qui tapissent le fond du bassin, soutiennent les organes et les viscères et forment comme une toile de trampoline. "Le périnée joue un rôle primordial non négligeable dans notre quotidien. Il assure le maintien des viscères et de l’utérus pour les femmes", explique à Medisite Marlène Barlier, sage-femme, professeure de Pilates certifiée, formée à la méthode De Gasquet.
Les muscles du périnée travaillent de concert avec les muscles du sphincter. "Le périnée joue également un rôle essentiel dans le contrôle du système urinaire, notamment des sphincters, en assurant leur ouverture et fermeture de ces muscles lors de la miction. Les muscles du périnée tout comme ceux du sphincter se contractent dans le même temps pour retenir une envie d’uriner. Ils assurent donc la continence urinaire", poursuit la spécialiste.
L’excès de pressions subi par les muscles du périnée, certaines problématiques de santé ou encore les spécificités et changements physiologiques propres au corps féminin, peuvent avoir raison de la résistance et de la tonicité du périnée. Malmené, le plancher pelvien finit par se relâcher et s’affaiblir. "Les femmes souffrent davantage de fuites urinaires que les hommes, du fait de leur anatomie : bassin plus large, présence du vagin, accouchements.... Mais certains éléments peuvent également affaiblir le périnée au cours de la vie : l’âge qui engendre une perte de tonicité du muscle, l’obésité qui entraine plus de pressions, la prise de certains médicaments comme les antidépresseurs, certains sports (activités physiques intenses avec impact au sol, sports de combat, sports de glisse), constipation ou toux chroniques (poussées répétées), et lachirurgie de la prostate chez les hommes", détaille Marlène Barlier. Au quotidien, il paraît difficile de contourner toutes les contraintes qui pèsent et épuisent le périnée. "Tout au long de notre vie, notre périnée subit un nombre important de pressions et de désagréments. Il est donc important d’en prendre conscience au quotidien et de muscler son périnée afin d’éviter qu’il ne soit trop relâché", préconise la sage-femme. Bichonner son périnée pour le rendre plus tonique est important chez les femmes, statistiquement les plus exposées l’incontinence urinaire et au risque associé de prolapsus (descente d’organes). Mais les hommes ne sont pas épargnés par cette nécessaire "hygiène périnéale", puisqu’ils sont également touchés par l’incontinence urinaire. "Les hommes ont également un périnée, même si les pressions abdominales sont souvent moins délétères sur leurs muscles périnéaux, rappelle la sage-femme. Cependant, à partir d’un certain âge, souvent 50 ans, des symptômes de relâchement périnéal peuvent apparaître comme des fuites urinaires ou fécales, des problèmes d’érection, etc". Chez les hommes, les symptômes de relâchement périnéal peuvent être améliorés grâce à des exercices adaptés, selon la spécialiste. "Si cela ne suffit pas, une rééducation périnéale peut être nécessaire, surtout en cas de chirurgie de la prostate". Chez les femmes déjà sujettes à l’incontinence, la solution passe par une rééducation du périnée chez une kinésithérapeute ou une sage-femme. "Il est possible de se débarrasser des fuites urinaires grâce à une rééducation périnéale et donc de gagner en confort de vie", affirme Marlène Barlier. Plus largement, pour tous ceux qui ne sont pas touchés par l’incontinence, il est recommandé d’exercer son périnée au quotidien, afin de prévenir le risque de fuites urinaires et le risque de complications. Comment ? En privilégiant la pratique régulière de certaines disciplines physiques et sportives amies du périnée, telles que le Pilates, le yoga ou encore des abdominaux de la Méthode de Gasquet. En ciblant la respiration et la posture, ces activités aident à prendre conscience de son périnée et à le travailler efficacement. Incontinence : les causes d’une fragilité périnéale
Fuites urinaires : pourquoi il est bon de muscler son périnée (chez les hommes aussi)
Incontinence : comment se débarrasser des fuites urinaires ?
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