Chaque année, on déplore environ 3 500 tués sur la route, auxquels s’ajoutent près de 73 000 blessés. Aujourd’hui en France, même si le débat existe, il n’existe aucune loi imposant aux conducteurs d’un certain âge de passer une visite médicale permettant de vérifier s’ils sont toujours aptes à conduire. Si l’on s’attarde sur les chiffres, on constate que la tranche d’âge des plus de 65 ans n’est ni la plus impliquée dans des accidents mortels, ni la plus responsable présumée d'accidents mortels.
"Contrairement à ce qu’on entend souvent dire, les personnes âgées ne sont pas les plus responsables d’accidents", rappelle le Dr Fayad. "Les plus impliqués, et de loin, dans les accidents mortels de la route sont les 18-25 ans ainsi que les motards". Mais si l’âge n’est pas un critère absolu dans l’accidentalité routière, les pathologies liées au vieillissement peuvent l’être.
En cas de doute, pour savoir si l’on peut encore arpenter les autoroutes sans risques, il est préferable de consulter un médecin agréé par la préfecture. La liste est accessible sur le site de la préfecture de votre département.
Visite médicale : quel est le profil des personnes qui consultent ?
Dans la grande majorité des cas, les personnes qui consultent les médecins agréés par la préfecture pour savoir s’ils sont toujours aptes à la conduite le font de leur propre chef. “Ce sont des patients qui ont l’impression que leur vue n’est plus suffisamment bonne, qu’ils n’ont plus les mêmes réflexes qu’avant et qui ne se font plus confiance et se font peur sur la route” indique le médecin.
D’autres personnes se rendent à ces visites médicales sous les conseils de leur entourage qui sont inquiets de les voir continuer à prendre le volant. Puis, il arrive que certains s’y rendent suite à un courrier de la préfecture qui les conseille de prendre rendez-vous sous peine de retrait de permis. Elles ont fait l’objet de signalement de leur entourage ou d’une collectivité locale qui écrit à la préfecture. "Ces personnes ne sont souvent pas conscientes que leur conduite est dangereuse", résume le Dr Ghassan.
Comment se déroule une consultation ?
Ces visites médicales permettent de vérifier les aptitudes cognitives, physiques, et sensorielles du patient. Le médecin évalue également sa capacité à maîtriser les règles du code de la route et à réagir aux diverses situations lorsqu’il conduit. Il peut prescrire des examens complémentaires et demander l'avis de professionnels de santé qualifiés dans des domaines particuliers.
Si le médecin prescrit un examen psychotechnique, il doit être fait chez un psychologue déclaré auprès du préfet. La visite se solde par un avis favorable ou défavorable. Si celui-ci s’avère défavorable, le préfet demande par courrier au patient de restituer son permis de conduire et l’invite à présenter ses observations. À la fin du délai fixé pour recueillir ses observations, le préfet notifie par courrier sa décision :
- Aptitude temporaire
- Aptitude avec restrictions
- Inaptitude
Les voies et délais de recours sont également communiqués. Le patient peut faire un recours auprès de la commission médicale primaire en préfecture puis en commission d'appel.
Permis de conduire : à partir de quel âge la conduite devient risquée ?
"Actuellement, aucune loi n’impose une visite médicale de contrôle à partir d’un certain âge pour vérifier qu’une personne est toujours apte", assure le Dr Fayad. On peut donc avoir 85 ans et être capable de conduire en n’ayant aucune contre-indication. "Il ne faut pas oublier que dans les zones rurales ou semi-rurales, ne plus conduire mène rapidement à la désocialisation" rappelle le médecin. "Il est donc important de ne pas stigmatiser les seniors, déjà plus sujets à l’isolement social que les autres."
Un projet de loi pour imposer une visite médicale au plus de 70 ans qui souhaite continuer à conduire a été formulé par les députés LR en 2019. Mais celle-ci a été rejetée par le gouvernement. Cette loi existe déjà dans plusieurs pays européens tels que le Danemark, les Pays-Bas et la Finlande.
Quelles pathologies doivent inciter à arrêter de conduire ?
Le ministère de l’Intérieur a mis à jour en 2022 la liste des maladies susceptibles de gêner la conduite automobile en France, abrogeant celle de 2005. Le handicap, qu’il soit physique, visuel ou auditif, les pathologies psychiatriques, neurologiques ou psychologiques, les pathologies cardio-vasculaires, les pathologies métaboliques (diabète et hypoglycémie), ainsi que les troubles de l’équilibre et du sommeil sont les principales pathologies qui pourraient être dangereuses au volant.
"La difficulté vient des personnes souffrant de maladies dégénératives débutantes, comme un début d’Alzheimer, qui sont généralement dans le déni total de leurs troubles", explique le spécialiste. Ils ont alors du mal à admettre les faits et c’est généralement un proche qui les emmène consulter. Le médecin agréé les envoie donc faire un test psychotechnique qui évalue leurs réflexes, leur coordination et leur faculté à apprécier l’environnement. Par la suite, un neurologue se charge des examens qui suivent. "Les résultats de ces tests médicaux permettent d’ouvrir les yeux à certaines de ces personnes encore dans le déni", poursuit-il.
Quels sont les signes qui doivent alerter ?
De nombreux signes doivent alerter et pousser à consulter un médecin agréé afin de s’assurer de sa capacité à conduire. Parmi eux :
- La nervosité et la peur au volant,
- Les réflexes diminués, autrement dit les réactions tardives aux situations imprévues,
- Les coups d'avertisseur des autres automobilistes à notre intention,
- Les amis et parents qui ne veulent plus monter en voiture avec nous,
- La distraction ou la difficulté à rester concentré en conduisant,
- Les mises en garde fréquentes de la police,
- Les difficultés à s’orienter ou à choisir la bonne direction aux embranchements d’autoroute
"La décision d’arrêter de conduire ne se fait jamais du jour au lendemain", détaille le Dr Fayad. "On commence généralement par éliminer les longs trajets, puis on se cantonne à sa ville, puis on se limite aux trajets de première nécessité et finalement, on arrête."
Lorsqu’on commence à douter de ses capacités à conduire, on peut également demander conseil à son médecin traitant. "Il n’a en aucun cas le droit de dénoncer son patient auprès de la préfecture ou d’une tierce personne", rassure le spécialiste. "Il a seulement le devoir d’informer son patient, de le conseiller et de lui suggérer de prendre rendez-vous avec un médecin agréé."
Merci au Dr Ghassan Fayad, médecin généraliste agréé par la préfecture pour les visites médicales de permis de conduire.
https://www.legifrance.gouv.fr/download/pdf?id=8dD3wEzkeHMp59Q_y7Jrp2jXbwEqgi4p1G3fTjlpsFU=
https://www.demarches.interieur.gouv.fr/particuliers/permis-conduire-visite-medicale-raisons-sante
https://www.securite-routiere.gouv.fr/reglementation-liee-lusager/reglementation-liee-au-handicap
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