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On l’appelle assiette de rééquilibrage alimentaire, ou assiette de contrôle des portions. Elle se divise la plupart du temps en trois compartiments pour séparer la protéine principale (comme la viande) des féculents (comme les pâtes) et des légumes. Elle s’utilise en complément d’une approche de rééquilibrage alimentaire, assez en vogue en ce moment. Mais cet outil a-t-il une réelle utilité ? On a posé la question au nutritionniste Raphaël Gruman.
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Medisite : Pouvez-vous rappeler le principe du rééquilibrage alimentaire ?
Raphaël Gruman : Le rééquilibrage alimentaire consiste à intégrer de manière proportionnée les aliments dans l’assiette. On a toujours tendance soit à dépasser les quantités, soit à se passer d'une famille d'aliments, et cela déséquilibre nos apports alimentaires, d’où une prise de poids, des problèmes de fatigue ou d'autres soucis de santé. Le fait de rééquilibrer son assiette via des portions adaptées et une bonne diversité alimentaire va permettre de perdre du poids et de se sentir en bonne santé.
Medisite : Que pensez-vous des assiettes spécialement pensées pour le rééquilibrage alimentaire ?
Raphaël Gruman : Le problème, c'est que cela n'apprend pas à écouter les sensations de son corps. Entre deux personnes qui ont le même profil, on peut avoir des sensations différentes et des besoins énergétiques différents. Finalement, en forçant une personne à se limiter à un nombre de portions, on passe peut-être à côté de quelque chose, parce que la personne aura soit trop à manger, soit pas assez. C’est pour ça que je ne suis pas trop attaché aux quantités quand je parle à mes patients : avoir un grammage prédéfini n’est pas toujours bon. Par exemple, même à profil équivalent, un homme de 40 ans qui fait six heures de sport par semaine et un autre qui n'en fait pas ne doivent pas avoir la même chose dans l’assiette.
Assiette de rééquilibrage alimentaire : une simple mode ?
Raphaël Gruman : C’est pour cette raison qu’obliger quelqu'un à manger une portion prédéfinie n'est pas toujours une bonne idée parce que cela peut générer des frustrations, des fringales et donc des compensations. L’assiette de rééquilibrage alimentaire, c'est pour moi plus un gadget qu'autre chose.
Medisite : Qu’est-ce qu’il faut faire si on opte pour le rééquilibrage alimentaire ?
Raphaël Gruman : Je peux dire à un patient, par exemple : “Ce midi, vous allez manger 150 grammes de viande, 150 grammes de légumes et 150 grammes de féculents. Grosso modo, vous divisez en trois.” La personne va répartir ces dosages comme elle le veut, c'est-à-dire qu’elle peut augmenter proportionnellement les trois catégories d'aliments : si elle mange deux fois plus de pâtes, elle augmente un peu la protéine et les légumes pour rééquilibrer les apports alimentaires les uns par rapport aux autres, sans grammage prédéfini.
"J'aurais peur d'infantiliser mes patients"
Medisite : À quel type de profil vous conseillez-vous le rééquilibrage alimentaire ?
Raphaël Gruman : Cette approche peut être intéressante pour les enfants parce qu’ils ont parfois du mal à équilibrer. La répartition des légumes chez eux, c'est toujours compliqué ! Dans ce cas, le rééquilibrage peut être un peu ludique. En revanche, je ne sais pas trop si c’est pertinent pour les adultes. Personnellement, j'aurais peur de les infantiliser avec ce type d’approche. Et je ne suis pas sûr que le retour soit très positif.
Medisite : Avez-vous eu des demandes spécifiques d'assiettes de rééquilibrage alimentaire ?
Raphaël Gruman : J'ai surtout des patients qui viennent me voir en me disant qu'ils mangent de très grosses quantités. Il y a un terme pour ça : ce sont des personnes hyperphages, c'est-à-dire qu'elles mangent de très, très gros volumes alimentaires. C'est une pathologie médicale qu’on traite. Ce ne sont pas ces patients qui vont me demander une assiette de rééquilibrage alimentaire, ça n'arrive jamais ! Ce sont nous, les médecins, qui les rééduquons en leur expliquant que s’ils font des crises hyperphagiques, c'est peut-être parce que les repas de la journée ne sont pas bien équilibrés.
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