Depuis quelques années, les crash-tests mis en place pour tester la sécurité des voitures font parler d’eux, et pour cause : ils sont encore majoritairement exécutés avec des mannequins ayant la corpulence d’un homme moyen. En conséquence, les femmes assises à l’avant d’un véhicule ont plus de risques de mourir ou de souffrir de blessures graves que les hommes lors d’un accident de la route. Elles ont également plus de risques de rester coincées dans le véhicule.
Accidents de voiture : les femmes rapportent plus souvent des chocs traumatiques
Partant de ce constat, des chercheurs américains ont voulu savoir si les séquelles psychologiques d’un tel accident étaient les mêmes chez les femmes et chez les hommes. Leur étude a été publiée dans la revue Frontiers in Public Health le 15 mars 2024. “Nous avons découvert que les femmes rapportent plus souvent des chocs traumatiques que les hommes, quelle que soit la gravité des blessures”, explique dans un communiqué de presse la première autrice de l’étude, l’infirmière spécialiste des traumatismes Susann Cronn.
Son équipe a utilisé les données médicales de plus 56 000 victimes d’accidents de la route, dont la moitié étaient des femmes. Les chercheurs ont ainsi réalisé que les hommes avaient plus de blessures en général, mais que les femmes avaient plus de blessures au niveau du pelvis et du foie.
Les scientifiques se sont également intéressés au “Shock Index”, une mesure qui “permet d'évaluer la gravité d'un patient en état de choc, en particulier chez le polytraumatisé”. Ils ont ainsi découvert que les femmes ont des scores plus élevés que les hommes après un accident de la route, ce qui reste le cas même lorsque leurs blessures sont moins graves. À noter : un score élevé sur le Shock Index peut être un signe de choc hémorragique dû à une importante perte de sang, mais aussi un prédicteur de mortalité précoce.
Encourager les constructeurs automobiles à prendre en compte les différences de genre
“Nos résultats pourraient signifier que le fonctionnement du corps de femmes est altéré lorsque des changements physiologiques surviennent, que certaines blessures ont un impact plus grand sur le corps des femmes ou que le corps des femmes gère différemment la perte de sang que celui des hommes”, détaille Susann Cronn. Elle poursuit : “Cela peut aussi signifier que jusque là, nous avons cru que les signes vitaux normaux sont les mêmes pour tout le monde, quel que soit le genre, et que nous devons reconsidérer notre définition de la normalité.” Aussi, l’infirmière spécialisée note qu’il faut mener davantage d’études sur le sujet.
Si l’on arrive un jour à une conclusion claire sur l’origine de ces différences en matière de gestion du traumatisme, il serait utile de mettre en place deux Shock Indexes différents en fonction du genre pour aider les premiers secours et les médecins à personnaliser leur approche, estiment les chercheurs.
“Nous espérons que nous pourrons délimiter l’impact du genre sur les séquelles des accidents de voiture, cela afin que l’ingénierie de la sûreté automobile considère les différences importantes entre les corps des femmes et des hommes en matière de construction” conclut Susann Cronn.
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