“Perdre une personne importante, à cause d’un décès, d’une rupture, d’un déménagement ou d’un autre événement de la vie peut être catastrophique. Nous sommes des êtres sociaux, et les autres nous procurent un sentiment d’appartenance, une continuité et une base. La nature abrupte de bien des séparations peut nous rendre vulnérables et peut faire peser sur nos épaules des sentiments de solitude et de perte de sens, qui peuvent nous consumer”, analyse dans les colonnes du magazine américain The Washington Post le psychiatre américain Christopher W.T. Miller, professeur à l’école de médecine du Maryland et auteur du livre The Object Relations Lens: A Psychodynamic Framework for the Beginning Therapist.
Deuil et rupture : soyez doux avec vous-même
Le psychiatre explique que l’être humain expérimente ces sensations car la perte d’un être cher entraîne des modifications de notre fonctionnement biologique. D’après lui, comprendre ces modifications, surtout au niveau cérébral, peut nous aider à réaliser que faire son deuil peut prendre du temps, et, surtout, qu’il faut être doux avec soi-même.
Comment le chagrin affecte-il le cerveau ? “Pendant une période de chagrin, les niveaux d’hormone du stress augmentent, et certains schémas d’activations cérébrales peuvent changer. Par exemple, les ganglions de la base - des groupes de neurones situés en profondeur dans les parties basses du cerveau - peuvent s’activer davantage”, détaille Christopher W.T. Miller.
Il poursuit : “Ces neurones sont impliqués dans l’établissement de nos schémas d’action habituels. Ils aident également à déterminer la sensation de récompense et le plaisir que nous tirons de certaines relations et jouent un rôle dans la manière dont nous supportons la séparation d’avec des êtres chers.”
Perte : notre cerveau recherche l’être absent
Le professeur de psychiatrie explique que les ganglions de la base définissent notre conception de l’attraction aux autres. Ainsi, une activité trop intense de cette zone du cerveau en réaction à une séparation imposée peut déclencher chez nous des comportements involontaires de recherche. Plus précisément, une recherche de l’être perdu. De plus, puisque nous avons associé cette personne à une sensation de récompense, leur absence peut entraîner un manque difficile à gérer.
Ce qui est important à comprendre selon Christopher W.T. Miller, c’est que les zones du cerveau responsables de notre représentation de nous-mêmes et celles responsables de la représentation que l’on se fait des autres peuvent se chevaucher.
Deuil : ne surtout pas se définir par rapport à ce qu’on a perdu
En d’autres termes, notre cerveau a parfois du mal à nous distinguer des autres, ce qui peut rendre plus compliqué de vivre un deuil ou la fin d’une relation amoureuse.
Le risque, pour le médecin, est de ne pas réussir à dépasser l’étape du chagrin. “Il peut être tentant de s’entourer de choses qui rappellent la personne absente, de ruminer à propos de cette perte et d’éviter de s’engager dans quoique ce soit n’ayant aucun rapport avec cette relation”, note le psychiatre. Pourtant, c’est bien là qu’est la clé pour guérir. “Même si c’est difficile, essayer de se connecter aux autres nous force à réaliser qu’il existe d’autres relations dignes d’intérêt”, assure-t-il. Pour lui, le plus important est de ne surtout pas se définir par rapport à ce qu’on a perdu.
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