La ville s’illumine, l’ambiance est festive… en un mot : c’est la magie des fêtes ! Pourtant, ce rêve éveillé peut très vite se transformer en cauchemar. Que ce soit à Noël ou au Nouvel an, le stress engendré par les préparatifs, la pression financière ou l’appréhension d’une réunion familiale peuvent être à l’origine d’une réelle détresse émotionnelle. Pourquoi ces fêtes de fin d’année sont-elles si stressantes et comment faire pour les vivre mieux ?
Fêtes de fin d'année : pourquoi sont-elles si stressantes ?
De manière générale, les réunions familiales peuvent être stressantes. En effet, les fêtes de fin d’année réveillent en nous un imaginaire bien particulier, et peuvent ainsi nous mettre la pression.
Une injonction à être heureux
Comme nous l'explique Laure Fillette, psychanalyste à Paris : "Les fêtes de fin d’année sont un moment de l’année qui, en termes de représentations collectives, est censé être un moment idéal. Il faut que ce soit joyeux, festif et, finalement, positif. Certaines personnes peuvent ressentir une sorte de pression qui fait écho au surmoi. Il faut que tout se passe bien, que les enfants soient heureux, que le bilan de l’année aille dans le bon sens … ". Certaines personnes peuvent donc éprouver du stress en essayant de se soumettre à ces injonctions et de la culpabilité en ne réussissant pas à s’y conformer.
Des souvenirs d’enfance pesants
Etant ancré comme un moment clé dans les souvenirs d’enfance, Noël a également une place particulière. "Le vécu de l’enfance persiste généralement à l’âge adulte", souligne la psychothérapeute. Pour certains, la fête est associée à des souvenirs chaleureux, innocents et joyeux dans l’enfance, et, pour eux, Noël est généralement vécu comme un moment agréable à l’âge adulte.
Pour d’autres, Noël est un passage obligé plus difficile, voire traumatique, car cette fête a été vécue au cours du développement comme un moment décevant, synonyme de reproches, de culpabilité. "Il y a des choses qui se réactivent de l’enfance et du vécu des fêtes dans l’enfance. D’ailleurs, le bilan de fin d’année fait aussi écho au "est-ce que tu as été sage ?" de l’enfance", confie l'experte.
Si le vécu émotionnel lié aux fêtes de fin d’années reste éminemment individuel, Laure Fillette nous fait une liste de cinq conseils pour passer ces fêtes de fin d’année apaisé.
Dédramatiser ces fêtes de fin d’année
"La réalité n’est pas l’idéal", insiste la psychologue clinicienne. Vous pouvez faire face à des problèmes ou encore vivre Noël comme une obligation et vous n’êtes pas obligé d’être dans un état d’esprit festif à cette occasion. Vous n’êtes pas obligatoirement responsable de la réussite des fêtes ! Il n’y a là rien de plus que des moments collectivement symboliques et c’est parfaitement acceptable que ces moments n’aient pas de sens particulier pour vous. Il est donc essentiel de ne pas s’en vouloir si les choses ne se passent pas comme prévu : vous n’en êtes pas responsable.
Si l’approche de Noël vous inquiète et que vous ressentez une pression liée aux obligations familiales, dites-vous que, le 26 décembre, Noël sera déjà passé, et qu’au 1er janvier, la nouvelle année démarrera, tout simplement et comme d’habitude. Ainsi, en une dizaine de jours, le plus dur sera passé. "Vous pouvez vous dire que cela se passera peut-être mieux l’année prochaine ; cette idée pourra éventuellement vous aider à faire baisser le niveau de stress. L’essentiel, à l’approche des fêtes, c’est de remettre les choses dans leur contexte : il s’agit d’une soirée à l’occasion de laquelle on se rassemble en famille pour célébrer le solstice d’hiver, la naissance de Jésus-Christ ou encore le début d’une nouvelle année calendaire. Vous prenez part à un évènement que vous n’avez pas nécessairement demandé et vous n’êtes pas responsable si cela se passe mal. Et, une fois les fêtes de fin d’année passées, vous aurez très probablement d’autres occasions de profiter d’occasions festives", indique la spécialiste.
Valoriser tous les efforts
Si vous avez fait des efforts en préparant ces fêtes, si vous avez essayé de faire au mieux en vous disant que cela ferait plaisir à vos enfants, à vos proches, à vos amis, alors prenez-en conscience et valorisez votre contribution ! "Il est important de se valoriser et de réaliser que, malgré les difficultés, vous avez fait de votre mieux et vous avez été présent. C’est cela, qui compte, en définitive : que vous puissiez être présent et en capacité de valoriser votre présence", souligne Laure Fillette.
Et si vous avez décidé de ne pas participer aux fêtes de fin d’année, c’est probablement que vous avez pris cette décision pour de bonnes raisons. Vous pourrez aussi profiter de cette période pour essayer de faire le point sur votre ressenti. Cela pourra représenter une occasion d’en apprendre plus sur vous-même.
Se déculpabiliser et se rassurer
Vous n’êtes pas forcément responsable de ce moment désagréable, alors évitez de vous mettre la pression et de culpabiliser. "Si cela se passe mal, c’est souvent du fait de problématiques familiales préexistantes et qui perdurent au-delà des fêtes ; c’est-à-dire que l’atmosphère qui plane au repas familial de Noëlne dépend pas uniquement de vous et de votre état d’esprit à l’occasion de ce moment particulier. La réussite du rassemblement, familial ou amical, dépend de la dynamique du groupe de convives qui y participent. Et chacun des participants se trouve dans un certain état d’esprit sur lequel vous n’avez pas nécessairement prise", insiste la psychothérapeute. Rassurez-vous, vous n’avez pas gâché vos fêtes ni celles de vos proches. "Si vous avez été présent, vous avez fait votre part du boulot", ajoute Laure Fillette.
Essayer de comprendre ce qui ne fonctionne pas
En anticipation de ces fêtes ou bien en bilan, "il faut essayer de faire le point et de comprendre ce qui, en particulier, est à l’origine des émotions négatives, de l’inconfort, des ruminations, du stress, de la culpabilité… ". Est-ce que c’est l’impression d’avoir déçu ses proches ? Est-ce que c’est l’agressivité d’un membre de la famille ? Est-ce que vous et / ou vos proches avez été particulièrement préoccupés par des problèmes précis ? Vous pourrez essayer, seul ou en discutant avec des proches ou un spécialiste, de mettre le doigt sur les dynamiques familiales et sur ce qui a posé problème.
Eviter la situation si c’est trop compliqué
Les reproches, la culpabilité et le stress peuvent être très difficiles à vivre, et ce d’autant plus si vous essayez de prendre sur vous pour ne pas gâcher ce moment en famille ou entre amis. Pour certaines personnes, le mieux est tout simplement d’éviter la situation. "On peut décider de ne pas fêter Noël ou le réveillon en famille ou entre amis", souligne Laure Fillette.
Cette stratégie d’évitement est certes plus radicale, mais elle vous permettra de vous protéger, de créer de nouvelles traditions et de renouer avec ce moment qui peut être agréable, voire magique, de différentes façons. "Vous pouvez parfaitement décider de ne pas participer aux fêtes de fin d’année comme vous l’avez fait jusqu’ici et vous avez tout-à-fait le droit de trouver un prétexte ou une excuse si vous craignez que votre absence fasse de la peine à vos proches. Pour certains, le fait de traverser la fin de l’année hors du cercle habituel peut permettre de trouver de nouvelles représentations et, in fine, de vivre cette période de manière plus satisfaisante", conclut la psychologue.
Merci à Laure Fillette, psychologue clinicienne, psychothérapeute et psychanalyste à Paris.
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