Vous entendez que le fils de votre ami a des poux sur la tête et d’un coup votre crâne vous démange. Une réaction automatique incontrôlable très étonnante, mais qui s’explique scientifiquement. En 2014, des chercheurs américains du centre d'étude de la démangeaison de l'Université de Washington aux États-Unis ont démontré l'existence d'un cercle vicieux entre prurit et douleur.
Publié dans la revue Neuron, leur travail a mis en évidence que l'action de se gratter provoquait au niveau cérébral une libération de sérotonine, un neuromédiateur jusqu'alors connu dans le contrôle de la douleur.
De nombreuses maladies de peau peuvent provoquer une démangeaison comme le psoriasis, l’urticaire, la gale, une piqûre d’insecte… Mais la plupart du temps ce mécanisme de démangeaison arrive pour rien explique au média The conversation, le Dr Laurent Vercueil, neurologue au CHU de Grenoble.
Des gestes inconscients
"Le simple fait d’évoquer le sujet, ou d’écrire dessus comme je le fais en ce moment, peut déclencher une furie gratouilleuse, et après chaque phrase tapée sur mon clavier, je dois m’interrompre pour aller gratter, une paupière, une joue, un sourcil. De même, le seul fait de voir une personne se gratter déclenche une envie de l’imiter, aussi puissamment qu’un bailleur fait bailler", écrit-il dans la revue scientifique.
"Si l’ensemble des organes peuvent être douloureux, la sensation de démangeaison n’affecte que la peau, les muqueuses et la conjonctive de l'œil. Nul n’est en mesure de dire que son foie le démange, ou qu’il ressent le besoin de se gratter le cœur ou la rate"
Mais qu’est-ce qu’une démangeaison ? Ce mécanisme inconscient est lié à une libération dans la peau de différents médiateurs chimiques, notamment l'histamine qui interagit avec des fibres nerveuses présentes sur notre peau.
La stimulation de ces fibres provoque le besoin de se gratter, car le grattage diminue la démangeaison en créant une douleur qui inhibe les autres sensations.
La démengeaison n'est pas une douleur
Pour le Dr Laurent Vercueil, il serait d'ailleurs faux d’assimiler la démangeaison à une forme mineure de douleur. "Si l’ensemble des organes peuvent être douloureux, la sensation de démangeaison n’affecte que la peau, les muqueuses et la conjonctive de l'œil. Nul n’est en mesure de dire que son foie le démange, ou qu’il ressent le besoin de se gratter le cœur ou la rate”, souligne-t-il.
Des recherches sont encore nécessaires pour mieux comprendre ce mécanisme. "Les filtres attentionnels dont nous disposons aujourd’hui peuvent nous permettre, le cas échéant, d’ignorer les messages de démangeaison, mais ils mobilisent des ressources précieuses dans les tâches du quotidien", conclut le neurologue.
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