L’OMS trouve une façon de lutter contre l’antibiorésistanceImage d'illustration Shutterstock
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Mieux vaut prévenir que guérir. Un dicton qui prend tout son sens dans la lutte contre l’antibiorésistance. Selon un nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la santé, une augmentation de la couverture vaccinale mondiale permettrait de réduire l’usage des antibiotiques et autres antimicrobiens et donc de lutter contre la résistance de ces traitements. Une solution efficace et simple pour combattre la prochaine pandémie.

La résistance aux antimicrobiens(substances qui tuent ou inhibent la croissance des bactéries, virus, parasites ou champignons) est due en grande partie à l’utilisation abusive et excessive de ces traitements. Chaque année, au niveau mondial, près de 5 millions de décès sont associés à ces résistances, précise l’OMS.

Nous avons tous en tête ce slogan des années 2000 : les antibiotiques, ce n'est pas automatique. Cette campagne de prévention a permis la diminution de 20 % de la consommation de ces traitements en France.

Malgré les différents programmes de sensibilisation, cette résistance continue d’augmenter. À tel point que certaines infections banales, finissent par nécessiter une hospitalisation et un traitement en intraveineux car les antibactériens classiques ne sont plus efficaces.

"Si l’on veut sauver des vies et rompre la spirale de la résistance aux antibiotiques, il faut absolument amplifier l’accès aux vaccins existants et en mettre au point de nouveaux contre des maladies graves comme la tuberculose"

Pour comprendre ce phénomène, Clémentine Delan-Forino, microbiologiste et chercheuse au CNRS, nous explique que les bactéries se sont dotées de mécanismes pour défier plusieurs formes de stress, dont les antibiotiques.

Face à ce traitement, elles peuvent donc déclencher une mutation génétique favorisant une résistance, ou échanger des gènes de résistance avec d’autres bactéries. "Ces échanges deviennent problématiques lorsqu’ils en apportent aux bactéries qui n’en sont pas dotées", explique Clémentine Delan-Forino.

Les bactéries nécessaires à une bonne santé humaine sont aussi touchées et peuvent à leur tour transmettre cette résistance à un agent pathogène. Et cette réaction en chaîne inquiète les services sanitaires et les scientifiques.

L’OMS aurait peut-être une solution à cette problématique. L’agence sanitaire précise que les vaccins contre 24 agents pathogènes permettraient de réduire de 22 % le nombre de doses d’antibiotiques nécessaires dans le monde chaque année.

"La lutte contre la résistance aux antimicrobiens (substances qui tuent ou inhibent la croissance des bactéries, virus, parasites ou champignons) commence par la prévention des infections et, dans ce domaine, les vaccins sont parmi les outils les plus efficaces", a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS sur leur site.

Des vaccins pour prévenir les infections

Selon une étude publiée dans la revue médicale BMJ Global Health en 2023, les vaccins utilisés contre la pneumonie à pneumocoque, l'Haemophilus influenzae de type B (une bactérie responsable de la pneumonie et de la méningite) et la typhoïde pourraient permettre d’éviter chaque année jusqu’à 106 000 décès associés à la résistance aux antimicrobiens.

"Les personnes vaccinées présentent moins d’infections et sont protégées contre les complications potentielles des infections secondaires qui peuvent nécessiter des médicaments antimicrobiens ou entraîner une admission à l’hôpital", explique l’OMS sur leur site.

Accentuer la recherche sur d’autres vaccins est donc une bonne chose pour lutter contre les résistances. Chaque année, 543 000 décès associés aux résistances pourraient être évités à mesure que de nouveaux vaccins contre la tuberculose et le Klebsiella pneumoniae seront mis au point.

Un impact économique non négligeable

Le coût de la prévention revient moins cher à la société que celui de la guérison. C’est tout l’intérêt de la santé publique. Pour rappel, à l’échelle mondiale, les coûts hospitaliers associés au traitement des agents pathogènes résistants, évalués dans le rapport, seraient de 730 milliards de dollars par an. "Si des vaccins pouvaient être déployés contre tous les agents pathogènes évalués, un tiers des coûts hospitaliers associés aux résistances serait effacé", conclut l’OMS.

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