

D’après l’Inserm, en France, 15 à 20 % de la population souffrent d’insomnie (une insuffisance de sommeil en quantité ou qualité). Un boycott du marchand de sable qui se fait sentir sur l’ensemble de la santé, puisque le manque de sommeil est un véritable poison pour le corps (risque accru d’AVC, d’obésité, de maladies cardiaques, etc)… et l’esprit ! Vous le ressentez sûrement en enchaînant les nuits courtes : votre moral est en berne, vous êtes irritable, vous ne lisez plus correctement… Vos capacités cognitives souffrent de vos nuits en pointillés. “Le sommeil participe à la consolidation de la mémoire et permet au cerveau de se nettoyer des déchets et toxines accumulés au cours de la journée. Il contribue à l’apprentissage et à la gestion des émotions. Un sentiment négatif peut être mémorisé puis expurgé durant la nuit. Au contraire, le manque de sommeil peut avoir des effets néfastes sur nos capacités cognitives.”, souligne la Fondation pour la Recherche sur le Cerveau.
À partir de quand parle-t-on de manque de sommeil ?
D’après les recommandations officielles, les adultes de 26 à 64 ans ont besoin de 7 à 9 heures de sommeil par nuit. “Si on dort moins de 7 heures par nuit régulièrement, on rentre dans une dette cumulative de sommeil, qui multiplie par 2,5 le risque infectieux, par 3 le risque de prise de poids, par 3 le risque d’accidents sur la route et dans un pourcentage non négligeable le risque de dépression”, souligne Dr Pierre Philip, chef du service universitaire de médecine du sommeil, psychiatre et spécialiste du sommeil.
Voici plus en détails les conséquences du manque de sommeil sur le cerveau.
La concentration et la mémoire

Le manque de sommeil impacte l’attention, la capacité d’apprentissage, et la mémoire à long terme. Une étude publiée dans le Journal of Aging and Health sur 1800 participants, suivis pendant 17 ans, souligne qu’un manque de sommeil peut être la cause de perte de mémoire, diminution de la concentration ou des capacités d’apprentissage après la retraite. En outre, l'analyse a montré que l'augmentation des troubles du sommeil était liée à des problèmes plus graves de la fonction cognitive.
“Pendant quelques mois, je ne dormais que 3 ou 4 heures par nuit. J’étais à l’université à l’époque, et j’avais beaucoup de mal à me concentrer. Aujourd’hui, je n’ai quasiment aucun souvenir de cette période de ma vie : c’est le trou noir. Faute de sommeil : mon cerveau n’a rien gardé”, nous témoigne Lucille, 31 ans.
L’humeur

Nuits blanches et humeurs noires vont de pair, puisque l’anxiété, l’irritabilité, et le risque de dépression augmentent à mesure que la dette de sommeil s’accumule. L’inverse est aussi vrai, puisque d’après l’Inserm, les personnes atteintes d’anxiété ou de dépression auraient 7 à 10 fois plus de risque de souffrir d’insomnies.
Le contrôle des émotions

Si vous manquez de sommeil, vous risquez de changer de comportement. Au programme : impulsivité et mauvaise gestion du stress. Même si on ne comprend pas encore l’entièreté de leur fonctionnement, on sait que les rêves ont un rôle à jouer pour notre santé. En effet, l’activité onirique participe au bon fonctionnement du cerveau, mais aussi au traitement des émotions.
Épuisement et effondrement mental

“Le cerveau a moins de temps pour traiter les émotions et se remettre de l’épuisement quotidien”, partage Psychologue.net. Un manque de sommeil entraîne une sous-performance dans les tâches quotidiennes, ce qui favorise des pathologies comme le burn-out. On doit faire plus, plus péniblement, et alors que notre santé mentale tient sur un fil !
Temps de réaction ralenti

Action… Réaction, qui tarde un peu ! Le manque de sommeil réduit notre réactivité. C’est ce qu’appuie une étude partagée sur le portail de sciences Cairn, qui estime que la privation totale d’une nuit de sommeil ou une restriction chronique (7 jours à 4 heures de sommeil par nuit) diminuent notre vitesse de réaction, mais peuvent entraîner aussi une augmentation du nombre de micro-sommeils en journée, c’est-à-dire des périodes de 3 à 15 secondes de perte d’attention, correspondant à des brefs épisodes de sommeil. Dès lors, d’après le Dr Pierre Philip, le nombre de chances d’accidents de la route est multiplié par 8 en cas de dette de sommeil.
Diminution de la créativité

La sensation de fatigue constante induite par le manque de sommeil entrave notre capacité à développer des idées créatives. Pour preuve, une étude de la Sleep Research Sociality de 1988 où 12 participants ont été privés de sommeil pendant 32 heures, tandis que les douze autres ont dormi normalement. Tous ont passé par la suite des tests de créativité verbaux et figuratifs. Résultat : la privation de sommeil a significativement réduit la flexibilité mentale et l’originalité, même sur des tests très courts. Deux autres tâches stimulantes, incluant une forte motivation à bien faire, ont également montré une baisse de performance sous privation de sommeil, avec plus de persévération (répétition d'idées ou stratégies inefficaces). L’étude conclut qu’une seule nuit sans sommeil altère la pensée créative, contrairement à la pensée convergente (logique, analytique), qui est moins affectée à court terme.
Réduction des capacités de décision

Dr Pierre Philip nous indique que les troubles du sommeil entraînent une altération non seulement de la mémoire, mais aussi du jugement. Des chercheurs de l’Université de l’État de Washington, cités par la National Public Radio (NPR) aux États-Unis, ont mené une étude révélant qu’au-delà d’un certain niveau de privation de sommeil, les individus ne parviennent plus à s’adapter à des consignes ou contextes qui changent.
Le sommeil - Fondation pour la Recherche sur le Cerveau
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Le sommeil et les conséquences du manque de sommeil : définitions et généralités | Cairn.info.
Sleep Loss and “Divergent” Thinking Ability | SLEEP | Oxford Academic
Short On Sleep? You Could Be A Disaster Waiting To Happen : Shots - Health News : NPR
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