
Chaque année en France, le diabète continue sa progression. Selon la Fédération française des diabétiques, cette maladie métabolique touche plus de 4 millions de personnes à travers l’Hexagone. Résultat : des complications en hausse. « Les complications les plus courantes sont d'ordre podologique (plaies aux pieds et amputation), ainsi que cardio- et neurovasculaires (accident vasculaire cérébral et infarctus du myocarde), avec des hospitalisations en augmentation », précise Santé publique France sur son site. L'autosurveillance de la glycémie est donc indispensable et sert principalement à contrôler et à prévenir les déséquilibres, ainsi qu’à adapter le traitement.
Dans des conditions normales, l’organisme produit constamment des hormones pour augmenter ou faire baisser le taux de sucre dans le sang en fonction de ce que l’on mange. « Chez une personne non diabétique, le pancréas produit de l'insuline en fonction des variations de la glycémie. Il existe ainsi un système de sécurité qui évite à la glycémie de descendre trop bas. Mais pour une personne diabétique, ce système de sécurité doit être ajusté en permanence, quel que soit son traitement », explique la Fédération française des diabétiques sur son site.
Cette surveillance s’effectue de deux manières. En laboratoire, la glycémie à jeun se réalise tous les mois. Quant à l'hémoglobine glyquée (Hba1c), qui symbolise le reflet du taux de sucre dans le sang, elle nécessite un contrôle tous les trois mois. La glycémie capillaire est, quant à elle, journalière. Elle nécessite un lecteur de glycémie pour contrôler plusieurs fois par jour le taux de sucre grâce à une goutte de sang. « Elle est indispensable dans le diabète de type 1, nécessaire dans le diabète de type 2 insulinotraité et variable pour les diabétiques de type 2 non insulinotraités », souligne la fédération.
Norme glycemie a jeun et après repas
Selon la Haute Autorité de santé (HAS), il y a des normes à connaître selon le type de diabète et si la personne est à jeun ou non :
Taux normal de sucre dans le sang
- Pour le diabète de type 1 : il faut effectuer quatre tests par jour. Les objectifs glycémiques sont fixés entre 70 et 120 mg/dl avant le repas et < 160 mg/dl en postprandial.
- Pour le diabète de type 2 : les valeurs glycémiques sont fixés entre 70 et 120 mg/dl avant les repas et 180 mg/dl en postprandial. Selon le type de traitement, la fréquence est variable.
- Pour le diabète gestationnel (femmes enceintes): les objectifs sont stricts : à jeun < 0,95 g/l et < 1,20 g/l en postprandial.
« Il est conseillé d’effectuer des contrôles supplémentaires avant de conduire, avant et après des efforts physiques intenses ou imprévus, dans des circonstances de repas ou d’activités inhabituelles, en cas de suspicion de malaise hypoglycémique, en cas d’infection », ajoute la fédération sur son site.
Mesurer sa glycémie capillaire
Les infirmiers libéraux sont souvent aux premières loges pour surveiller quotidiennement la glycémie de leurs patients. Yves-Gouiffes Yan, infirmier remplaçant à Boulogne-Billancourt, revient sur la démarche à suivre :
- Se laver les mains avec de l’eau et du savon.
- Introduire la bandelette dans le lecteur de glycémie. L’appareil s’allumera automatiquement.
- Il existe différents types d’aiguilles pour se piquer le bout du doigt. Celles à usage unique, comme leur nom l’indique, se jettent à chaque utilisation. L’autopiqueur réutilisable dispose de plusieurs aiguilles à l'intérieur du dispositif. Il faut changer d’aiguille à chaque surveillance.
- Éviter d'utiliser les doigts de la pince (pouce et index). Pour les autres, il est important de varier afin d’éviter l’insensibilité des doigts.
- Piquer le doigt sur la face extérieure et éviter la pulpe.
- Appuyer sur le doigt pour faire sortir la goutte de sang.
- Laisser tomber la goutte sur la bandelette, attendre quelques secondes, et le résultat s’affiche.
Nouveau dispositif pour contrôler le glucose
Pour éviter ce geste désagréable, les laboratoires ont mis en place des systèmes de capteurs sans nécessité de se piquer pour évaluer le dosage de la glycémie. « Le dispositif Freestyle Libre est un système d'autosurveillance de la glycémie. Le capteur se pose sur le bras durant 14 jours. Il suffit ensuite de passer le lecteur devant pour mesurer le taux. C’est un peu comme une sorte de scan », explique Yves-Gouiffes Yan. Ce capteur est aujourd’hui remboursé par l’Assurance maladie.
Les résultats sont ensuite notés dans un carnet de surveillance à présenter au médecin traitant lors du suivi de contrôle du diabète. C’est un outil indispensable pour adapter le traitement et éviter les complications parfois graves de cette maladie. « Mon rôle en tant qu’infirmier est de rendre autonome le plus vite possible le patient sur le contrôle de sa glycémie. Cela permet qu’il prenne les devants sur sa pathologie pour l’aider à l’accepter », explique le professionnel de santé.
Hygiène de vie stricte
Pour éviter la diminution et l'augmentation de la glycémie au cours de la journée, il est important d’avoir une hygiène de vie stricte. « Les repas doivent être équilibrés, le plus réguliers possible, répartir équitablement les glucides entre les trois repas principaux et éviter le grignotage », précise Yves-Gouiffes Yan. L’activité physique régulière doit aussi faire partie de la routine de vie pour éviter les effets délétères d'une variation glycémique.
Interview avec Yves-Gouiffès Yan, infirmier libéral à Boulogne-Billancourt
https://www.federationdesdiabetiques.org/information/complications-diabete
https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2024/le-diabete-en-france-continue-de-progresser