Coronavirus : sa virulence va-t-elle exploser au printemps ?Istock
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L’OMS commence à monter le ton face à l’évolution de l’épidémie du Coronavirus SARS-CoV 2. Après avoir dit qu'une "longue liste" de pays ne faisait pas le nécessaire pour combattre la maladie COVID 19, l’organisation mondiale de la santé met en garde contre le “faux-espoir” de voir le virus disparaître cet été.

Coronavirus : il ne faut pas tabler sur une disparition prochaine

Le Dr Mike Ryan, le directeur général du programme d'urgence sanitaire de l'OMS, a prévenu "Nous devons supposer que le virus continuera à avoir la capacité de se propager" malgré les changements de saisons et des températures. Lors de ce point organisé au siège genevois de l’agence, il a ajouté “C’est un faux espoir de dire : oui, il disparaîtra comme la grippe”.

Il a conclu "nous espérons que oui. Ce serait une aubaine. Mais nous ne pouvons pas faire cette hypothèse. Il n’y a aucune preuve".

En effet, il est important de se rappeler que ce coronavirus est nouveau… son comportement est totalement inconnu. Ainsi, pour les experts, il serait dangereux que les autorités et les populations calquent la lutte contre le coronavirus sur les modèles d’autres maladies.

Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC, agence américaine de prévention de santé) reconnaît "À l'heure actuelle, on ne sait pas si la propagation du COVID-19 diminuera lorsque le temps se réchauffera. Il y a encore beaucoup à apprendre sur la contagion, la gravité et d'autres caractéristiques associées au COVID-19. Des études sont en cours".

Un parcours similaire aux virus de l’hiver remis en question

En février dernier, le président Donald Trump assurait sur Twitter que le combat contre le Coronavirus sera un succès "surtout quand les températures commencera à se réchauffer et que le virus deviendra plus faible". Et il n’est pas le seul à associer la force des virus aux températures. Grippe, gastro-entérite, bronchiolite… les maladies sont, en effet, légion pendant les mois froids de novembre à mars. “Il y a plusieurs facteurs qui expliquent que les germes sont plus nombreux l’hiver. Par exemple, la grippe qui est un virus respiratoire, est sensible à l’humidité”, explique la généraliste Anne-Christine Della Valle.

Le virus de la grippe survit plus longtemps dans l’air lorsque les températures sont basses. Cela lui permet d’avoir plus de chance de contaminer des gens après avoir été expulsé du corps du malade par une toux.

Par ailleurs, l’air sec de l’hiver lui est également plus favorable. Les gouttelettes rejetées lorsque le patient tousse, sont plus petites que dans un environnement humide. Elles peuvent ainsi rester en suspension plus longtemps. Nous avons alors plus de risques de respirer les germes et d’être contaminés.

“Un autre facteur est avancé pour expliquer la virulence des épidémies des virus comme la grippe et la gastro-entérite l’hiver, c’est le confinement des personnes. À cette saison, les basses températures nous conduisent à rester chez nous ou dans des espaces clos. Cela favorise les contaminations”, explique la médecin.

Le Dr Anne-Christine Della Valle poursuit "Le coronavirus SARS-CoV 2 se propage par les mêmes moyens (contact humain, microgouttelette) et la maladie a un comportement proche de la grippe. On espère donc qu’il suivra un parcours similaire et perdra de sa vigueur au printemps. Mais c’est la première fois qu’on est confronté à ce virus, donc on ne sait pas".

Le SARS CoV 2 aurait bien une météo préférée

Une étude, menée par l’Université du Maryland (USA), l’université des sciences médicales de Chiraz (Iran) et celle de Shahid Beheshti (Téhéran), remarque des similitudes climatiques importantes dans les zones les plus touchées par la COVID-19. Le coronavirus SARS CoV-2 s’est principalement propagé dans des lieux où la température oscillait entre 5 et 11 degrés et l'humidité entre 47 et 79%.

L’équipe dont le travail publié le 10 mars n’a pas encore été vérifié par des pairs, remarque que le virus semble avoir “plus de mal à se propager entre les personnes dans des climats tropicaux plus chauds”.

Le Dr Christian Bréchot, président du Global Virus Network (organisation qui a soutenu ce travail de modélisation), précise "Sur la base de l'analyse, et en supposant que le virus ne continue pas de muter, nous nous attendons à ce que la COVID-19 diminue considérablement dans les zones touchées (au-dessus du 30e parallèle nord) dans les mois à venir. Cependant, le virus pourrait survivre à de faibles niveaux dans les régions tropicales et recommencer à se propager à la fin de l'automne et en hiver dans les régions tempérées au cours de l'année à venir. Nous continuerons à surveiller son évolution de près et à fournir des mises à jour en temps réel en fonction des développements et des informations".

Toutefois, l’équipe rappelle que s’appuyer uniquement sur leurs prédictions pourrait être dangereux : "Bien que les corrélations actuelles entre latitude et température semblent importantes, une causalité directe n'a pas été prouvée, et les prédictions à court terme sont spéculatives et doivent être prises avec une extrême précaution”.

L’avenir du virus : d’autres hypothèses envisagées

Si les températures semblent jouer un rôle, d'autres hypothèses sont avancées sur l'évolution de l'épidémie grâce aux connaissances accumulées sur les autres coronavirus.

Pour certains experts, le SARS COV-2 pourrait devenir endémique comme les 4 coronavirus responsables du rhume. C’est-à-dire qu’il ne disparaitra jamais totalement d'une région… à moins de trouver un vaccin.

D’autres tablent, en revanche, sur un parcours similaire à celui du SRAS qui a sévi dans le monde de novembre 2002 à mai 2003. Ils ont, en effet, beaucoup en commun. Appartenant à la grande famille des coronavirus, ils infectaient tous les deux - en premier lieu - des chauves-souris. Par ailleurs, ces germes venus de Chine partagent environ 80% de leur ADN. L’épidémie du SRAS avait pu être endiguée par des mesures d’isolement et de quarantaine. Certains spécialistes estiment ainsi que la mise en place d’arrangements similaires permettrait l’éradication du SARS CoV-2.

Le monde scientifique tente de comprendre le nouveau coronavirus depuis plusieurs semaines. Mais il est encore bien difficile de savoir qu’elle sera son évolution. Face à cette incertitude, il est impératif de suivre les consignes et recommandations des autorités.

Infographie sur les bons gestes à adopter face au Coronavirus SARS CoV-2

Infographie sur les bons gestes à adopter face au Coronavirus SARS CoV-2© Service de presse

Sources

Temperature and Latitude Analysis to Predict Potential Spread and Seasonality for COVID-19, SSRN, 10 mars 2020

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