Parkinson : pourquoi les femmes sont mieux protégées contre la maladieIstock
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La maladie de Parkinson est la pathologie chronique neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d’Alzheimer. Cause majeure de handicap chez les personnes âgées, Parkinson est à l’origine de 26 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année, selon l’assurance maladie. Une prévalence qui devrait grimper ces prochaines années à la faveur du vieillissement de la population.

Cette maladie du système nerveux se caractérise par la destruction progressive d’un type spécifique de neurones, les neurones à dopamine, dans une zone cérébrale appelée substance noire (locus niger), dans le système nerveux central, le centre de contrôle du corps.

La dopamine est une molécule (un neurotransmetteur) garante de la bonne transmission des informations entre les neurones. Face à la disparition progressive des neurones dopaminergiques (producteurs de dopamine) la dopamine chute, ce qui perturbe le fonctionnement du système nerveux, avec des répercussions importantes sur la qualité de vie du patient, en proie à une perte de contrôle dans les mouvements involontaires et automatiques (marche, tenir debout, perte d’équilibre, lenteur du mouvement). La maladie entraîne aussi des difficultés à réaliser des actes simples du quotidien comme celui de parler, écrire, mais aussi à des troubles de la fonction cognitive.

Parkinson : des inégalités de genre face à la maladie

La prévalence de la maladie de Parkinson montre une différence marquée selon le sexe. Les hommes sont plus souvent diagnostiqués que les femmes. Les hommes sont ainsi 1,5 fois plus touchés que les femmes.

La piste de la génétique

Comment expliquer ce phénomène ? Les raisons de cet écart entre hommes et femmes restent encore mal comprises et font l’objet d’investigations scientifiques. Plusieurs pistes ont déjà été évoquées, en premier lieu la génétique. Les femmes disposeraient de gènes qui les protègent davantage contre la perte de neurones dopaminergiques par rapport aux hommes, et l’absence du chromosome Y pourrait être impliqué dans ce mécanisme protecteur, selon France Parkinson.

La piste du système immunitaire

Des facteurs épigénétiques pourraient également participer à cette différence de vulnérabilité face à la maladie. L’impact de l’environnement et de l’hygiène de vie, et les différences d’exposition hommes-femmes à certains facteurs environnementaux (pollution, tabac, alcool, alimentation), constitue un autre champ de recherche.

Une nouvelle étude apporte une nouvelle pièce manquante à ce puzzle, à même de résoudre la question autour de cette différence homme-femme.

Les chercheurs de l’Université d'Aarhus (Danemark) suggèrent que ces inégalités de sexe face au risque de développer Parkinson seraient liées à des différences dans le système de protection de l’organisme.

"Nous pensons que les différences entre les sexes observées dans le risque de développer la maladie de Parkinson, plus élevé chez les hommes, ainsi que les disparités dans la présentation de la maladie entre les sexes pourraient être dues à des différences dans la réponse immunitaire", explique le professeur Marina Romero-Ramos, auteure de l’étude dans un communiqué de l’Université d’Aarhus.

Une protéine neuroprotectrice

Dans leur recherche, parue dans la revue npj Parkinson's Disease, les chercheurs détaillent leur découverte. Ils expliquent avoir mis en lumière une protéine impliquée dans la réponse immunitaire au cours du processus neurodégénératif lié à la maladie. Cette protéine appelée CD163 jouerait un rôle de bouclier protecteur dans la défense de l’organisme contre les dégâts liés à la maladie.

"Notre étude suggère que CD163 est impliqué dans le mécanisme contrôlant l'entrée des lymphocytes (des globules blancs qui interviennent dans la défense immunitaire) dans le cerveau pendant la neurodégénérescence", affirme la chercheuse Marina Romero-Ramos.

Et si les femmes semblent mieux armées face au risque de développer la maladie, ce serait grâce à cette protéine dont l’effet neuroprotecteur serait plus marqué chez les femmes.

Un nouveau terrain de recherche pour ralentir la neurodégénérescence

Selon les chercheurs, l'expression accrue de CD163 chez les patients pourrait être un mécanisme compensatoire destiné à protéger les neurones, en particulier chez les femmes.

Cette découverte pourrait inciter les chercheurs à explorer davantage la piste du système immunitaire, en incitant à se concentrer sur l’impact de celui-ci sur les différences entre les sexes dans la maladie de Parkinson.

A terme, ces travaux pourraient faire avancer la recherche sur les traitements neuroprotecteurs, destinés à freiner la perte des neurones à dopamine.

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