En France, 54 % des hommes et 44 % des femmes sont considérés en surpoids, avec un indice de masse corporelle supérieur ou égal à 25. Pour autant, cela signifie-t-il que la moitié de la population est en mauvaise santé, ou condamnée à développer rapidement de graves maladies ? Au contraire, peut-on être un peu enrobé, mais conserver une santé de fer ? Nous avons posé la question à Alexandra Retion, diététicienne-nutritionniste.
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D’après la spécialiste, plus que les kilos en trop, “c’est plutôt les causes qui mènent au surpoids qui pourraient être mauvaises”. À savoir, la sédentarité et le déséquilibre alimentaire. “Certaines personnes sont en surpoids, mais ont une alimentation équilibrée et pratiquent une activité physique régulière. Il est donc tout à fait possible qu’elles soient en bonne santé”.
Comme la nutritionniste le rappelle, le surpoids peut avoir d’autres origines, notamment hormonales. En outre, “l’IMC n’est qu’un indicateur parmi d’autres”, le prendre pour seul critère ne peut donc pas suffire. “Une personne qui fait énormément de musculation peut ainsi être considérée comme obèse si l’on ne regarde que l’IMC, alors qu’elle n’a aucun excès de graisse”. Et pour cause : le muscle pèse plus lourd que le gras !
Malbouffe et sédentarité : plus dangereuses que le surpoids !
Dans le cas d’un excès de tissu adipeux, là encore, il ne faut pas généraliser. “On peut être gros sans jamais développer de maladie cardiovasculaire”, indique Alexandra Retion. Même s’il faut rappeler que le surpoids et l’obésité prédisposent à la survenue de certaines maladies, comme l’hypertension, l’hypercholestérolémie, l’angine de poitrine, l’infarctus du myocarde, l’AVC ou encore l’artérite des membres inférieurs.
Autrement dit, une personne obèse ou en surpoids a plus de risque de développer ces pathologies, même si elles n’y seront pas nécessairement confrontées. Notez qu’une personne qui mange mal, mais qui reste mince parce qu’elle a un bon métabolisme, est tout aussi à risque !
“Ces maladies sont favorisées par une mauvaise alimentation et par la sédentarité”, détaille la diététicienne. “Quand vous avez un déséquilibre alimentaire, vous apportez à votre corps des aliments vides de nutriments et c’est mauvais pour la santé, que vous soyez gros ou non”.
Dénutrition : “pour être en bonne santé, il faut avoir une masse musculaire suffisante”
Enfin, la spécialiste met en garde contre les régimes drastiques qui permettent de perdre du poids rapidement… Mais peuvent finalement s’avérer plus mauvais pour la santé que quelques kilos en trop. “Plus on va affamer une personne en lui faisant faire un régime drastique, plus on a un risque de dénutrition”. Contrairement aux idées reçues, ce terme ne concerne pas que les personnes ultra-maigres.
“Les personnes obèses ont généralement plus de gras que celles dont l’IMC est considéré comme normal. Mais lorsqu’on suit un régime inadapté, ce n’est pas tant de la graisse que l’on perd, que du muscle. C’est ce qu’on appelle la dénutrition. Or, pour être en bonne santé, il faut avoir une masse musculaire suffisante”, conclut Alexandra Retion.
Dans notre société moderne, marquée par la “diet culture” (culture du régime), nombreuses sont les personnes qui se cachent sous l’argument de la santé, pour avancer des propos grossophobes. À moins d’être médecin, nul n’est vraiment légitime pour juger le corps d’une personne, et affirmer qu’elle doit ou non perdre du poids.
Merci à Alexandra Retion, diététicienne-nutritionniste à Paris.
Surpoids et obésité de l'adulte : définition, causes et risques, Ameli.fr, 27 novembre 2019.
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