Médicaments : leur usage est de plus en plus détournéIstock

Perte de poids, gain de fesse, de nombreuses personnes prennent des risques pour bénéficier des effets secondaires de certains médicaments. Les agences sanitaires s’inquiètent de cet usage détourné. Le dernier en date, délivré auparavant en vente libre, est aujourd’hui vendu sous ordonnance pour contrôler son utilisation.

Depuis environ un an, l’Ozempic, un nouveau traitement délivré pour traiter le diabète de type 2 est devenu une vraie star sur les réseaux sociaux pour ses effets amincissants. Les vidéos des influenceurs sont devenues virales en quelques semaines. Conséquences, le traitement est aujourd’hui difficile à trouver pour les patients qui respectent l’indication thérapeutique.

"Avoir pris 9 kg en seulement un mois, merci Periactine !"

En novembre dernier, l’agence nationale de sécurité du médicament (l’ANSM) déclarait ainsi qu’en France, " parmi les patients utilisant Ozempic, 1,4 % étaient considérés en mésusage. Pour Trulicity, un autre anti-diabétique, la part de mésusage s’élevait à 0,3 %. Ces taux s’appuient uniquement sur les chiffres de remboursement et ne reflètent probablement pas toute l’ampleur de la situation". Pour combattre ce phénomène, l’ANSM a mis sur pied un comité scientifique temporaire pour surveiller le risque de pénurie qu’il engendre.

Depuis quelques jours, un autre traitement fait parler de lui : la periactine. "Avoir pris 9 kg en seulement un mois, merci Periactine !", annonce une jeune femme sur TikTok à ses 31 000 abonnés. Ce médicament indiqué pour lutter contre les allergies, était jusqu’à maintenant délivré en vente libre. L'influenceuse s’est servi de son statut pour promouvoir ce traitement accessible dans toutes les pharmacies et sur internet.

L’ANSM a décidé de durcir l’accès à ce traitement. À partir du 10 juillet prochain, il sera vendu sur ordonnance pour "limiter l’usage détourné pour une prise de poids à des fins esthétiques", indique ce mercredi l’ANSM.

"Le but c’est de dessiner, une taille marquée pour créer l’illusion d’une silhouette en sablier similaire à celle de la célèbre Kim Kardashian", mettait, par exemple, en avant dans ses contenus, l’influenceuse Poupette Kenza qui conseillait la prise de ce médicament pour “ prendre trois kilos en moins d’un mois.”

D’autres médicaments ont connu des usages qui ne respectent pas l’autorisation de mise sur le marché. Cette fois-ci, les réseaux sociaux ne sont pas les coupables. C’est le cas des œstrogènes. Ils seraient parfois utilisés plutôt pour augmenter la taille de la poitrine plutôt que pour l’effet contraceptif. “ Les gynécologues savent que les demandes de prescription ne sont pas toujours motivées par un besoin de contraception”, indiquent les auteurs de 60 millions de consommateurs.

"À notre époque où la fascination pour la silhouette idéale est majeure et empêche parfois de se soigner correctement, la prise de poids associée à un traitement est un sujet qui doit être discuté entre le médecin et son patient. Elle ne peut être acceptée que lorsque le traitement a un effet majeur sur la maladie ", déclare le Dr Jean-Pierre Thierry, médecin en santé publique et conseiller médical de France Assos Santé à 60 millions de consommateurs.

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