Le nombre de décès liés à la sur-consommation d’opiacés a bondi au cours des dernières années. Selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il aurait augmenté de 20 % entre 2011 et 2016, dans les pays membres.
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Tramadol : un antidouleur mis sous haute surveillanceLes Etats-Uni s sont en tête, avec 131 décès par an et par million d’habitants enregistrés en 2016 - contre 74 en 2011. Suivis de près par le Canada, qui compte 118 morts par million d’habitants en 2018, soit environ 5000 décès par an. Arrivent ensuite la Suède, la Norvège, l’Irlande, l’Angleterre et le Pays de Galles.
Et la sur-consommation d’opiacés tend à se répandre dans d’autres pays de l’OCDE. La France est, pour l'instant, un peu moins touchée, avec "seulement" 201 décès par an, un taux stable depuis 2011. Les opiacés restent toutefois la première cause de mortalité par overdose dans l'hexagone.
La hausse des prescriptions d’opiacés et leur arrivée sur le marché des drogues illicites est en cause
En cause ? La hausse du nombre de prescription s médicales de fentanyl et de ses analogues. Ces opioïdes de synthèse sont utilisés comme médicament analgésique, afin de soulager la douleur. Et rien qu’aux Etats-Unis, 240 millions d’ordonnances pour des opioïdes ont été délivrées en 2015. L’industrie pharmaceutique aurait eu une grande influence sur ces prescriptions, par le biais de campagnes marketing minimisant l’effet problématique des opiacés.
Un autre facteur clé dans ces décès est l’arrivée des opiacés sur le marché des drogues illicites. Ces derniers peuvent, en effet, entraîner une sensation d’euphorie et une forte dépendance. L'héroïne est l’opioïde illicite le plus répandu dans le monde. Et au cours des dernières années, le fentanyl et ses analogues ont rejoint le marché du trafic de drogues.
Le rapport de l’OCDE présente la crise des opioïdes comme un problème de santé publique complexe, qui nécessite une approche globale, du secteur de la santé aux services sociaux, en passant par la législation. Il préconise également de mieux informer le corps médical et les patients sur les risques de ces médicaments, sans pour autant pallier à une prise en charge efficace de la douleur.
Les personnes les plus vulnérables sont les plus touchées
Mais cette crise n’est pas seulement sanitaire : elle présente des dimensions sociales et économiques. Le chômage, les problèmes de logement, l’exclusion et la stigmatisation la favorisent. “Ce sont les plus vulnérables qui sont les plus touchés par l’épidémie d’opioïdes”, déplore Gabriela Ramos, Directrice du Cabinet de l’OCDE.
Aux Etats-Unis, leur utilisation augmente chez les femmes enceintes en milieu modeste, et les personnes atteintes de troubles psychiques consommeraient deux fois plus d’opiacés. La population carcérale est aussi vulnérable, puisque 30 % des détenus européens seraient dépendants aux opioïdes.
“Les gouvernements doivent prendre des mesures radicales pour stopper l’hémorragie et remédier aux terribles conséquences sociales, psychologiques et économiques de la dépendance aux opioïdes, par des traitements et des solutions sanitaires plus efficaces. Mais la politique la plus efficace reste la prévention”, conclut Gabriela Ramos.
Addressing Problematic Opioid Use in OECD Countries, OCDE, 16 mai 2019.
Des mesures urgentes sont nécessaires pour s’attaquer à la crise des opioïdes, Communiqué de presse de l'OCDE, 16 mai 2019.
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