Beaucoup l’ignorent, pourtant, votre nez peut être fort révélateur de votre état de santé. Selon qu’il coule, qu’il soit bouché, qu’il saigne ou encore qu’il gratte, il peut orienter le médecin dans son diagnostic. En outre, il s’agit d’un organe très utile, et même essentiel à plusieurs niveaux.
Sentir, respirer… À quoi sert le nez ?
Première fonction et pas des moindres : la respiration. “Le nez est constitué d’os et de cartilage, explique le Dr Nguyen. Les fosses nasales sont séparées par la cloison nasale. Ces structures s’appellent des cornets : ce sont comme des porte-manteaux qui vont servir à filtrer l’air”.
Le conditionnement des 10 à 15 000 litres d’air que l’on inspire chaque jour est indispensable puisque cela "va l’humidifier, le réchauffer. Car si l’on peut respirer sans nez et simplement par la bouche, le fait que l’air ne soit pas filtré par le nez va favoriser l’apparition de maladies”.
Le nez filtre les germes et les corps étrangers
En effet, ce processus permet "d’éliminer les allergènes et les infections. La muqueuse de la fosse nasale est composée de cils, qui vont piéger la poussière, et d’anticorps IgA [immunoglobulines A], qui vont susciter une réaction de protection immunitaire. C’est pour cela que, quand on respire, des croûtes se forment et, quand on se mouche, elles s’en vont. Cela correspond à la poussière qui est filtrée".
Autre fonction, qui constitue l’un de nos cinq sens : l’odorat. "Au niveau de la partie supérieure du nez (appelée plaque olfactive), il y a des récepteurs olfactifs. Les odeurs viennent aussi bien par le nez que par la bouche, en remontant." Enfin, le nez est également utile à la phonation. "C’est une sorte de caisse de résonance. C’est pour cela que quand notre nez est bouché par exemple, on a l’impression que la voix sort du nez”.
L’hygiène nasale : à ne pas nez-gliger !
Si le lavage de nez est particulièrement pratiqué chez les bébés et en cas d’infection, une étude Ipsos publiée en 2015 révèle qu’il est complètement négligé en dehors de ces contextes : "Le nettoyage du nez dans un pur souci d’hygiène est loin d’être systématisé, 8 Français sur 10 n’ayant tout simplement pas recours à cette pratique en dehors d’éventuels troubles nasaux”.
Pourtant, une bonne hygiène nasale ne permet pas seulement de traiter les infections : elle les prévient également. Ainsi, le lavage de nez quotidien est préconisé : "Il faut se laver le nez tous les matins et tous les soirs, affirme le Dr Nguyen. Cela permet de chasser les poussières de la journée et les allergènes, surtout que l’on vit tous dans des zones plus ou moins polluées”.
Et pour cela, pas besoin d’acheter des produits spécifiques : "On peut tout simplement se faire son sérum physiologique soi-même, avec de l’eau et du gros sel. L’eau pure n’est pas recommandée, car elle va assécher et irriter la muqueuse nasale. Or, les cellules de cette muqueuse évoluent dans un milieu salé. Il est donc important de se laver le nez avec de l’eau qui soit à peu près aussi salée que le liquide intracellulaire, et toujours à flux abondant. Puis, il faut se moucher”. Tout simplement.
Nez bouché : sûrement une rhinite allergique, rarement un polype
Le nez bouché est un symptôme qui survient fréquemment en cas de rhume ou de rhinite allergique. Une sinusite peut aussi être en cause. Cette congestion est causée par une inflammation de la muqueuse nasale, qui empêche le mucus de s’écouler correctement. Pour poser le diagnostic, le médecin va observer les autres signes qui accompagnent le nez bouché.
Plus rarement, cette sensation est causée par la présence de polypes dans la cavité nasale, et peut donc révéler une pathologie tumorale. Dans ce cas, l’obstruction est souvent unilatérale, et s’accompagne de saignement et/ou de douleur.
Nez qui coule : une allergie ou une sinusite, selon la couleur des sécrétions
C’est peu ragoûtant, mais c’est important : faites attention à la couleur de votre morve, qui peut vous indiquer de quelle pathologie vous souffrez. "Si ça coule clair, ça peut être évocateur d’une rhinite allergique, explique le Dr Nguyen. Si ça coule jaune ou marron, ce sera plutôt une sinusite". A noter que cette inflammation des sinus, due la plupart du temps à un virus, "est douloureuse au niveau du visage et des sinus", c’est-à-dire tout autour du nez, au-dessus des sourcils et en haut des joues.
Les traitements : En cas de sinusite virale, le traitement servira simplement à soulager les symptômes et consistera en la prise d’antalgiques. En cas de sinusite bactérienne, des antibiotiques sont prescrits. "Mais si elle devient chronique, l’opération chirurgicale est nécessaire." Elle permettra ainsi de débarrasser le patient de l’infection en drainant les sinus.
Nez sec : la pollution et certains médicaments peuvent en être la cause
Parce qu’elle irrite les muqueuses, la pollution peut être à l’origine d’une sécheresse nasale. Plus surprenant, cette dernière peut également être un effet secondaire de plusieurs médicaments, notamment "certains hypertenseurs, certains psychotropes et certains vasoconstricteurs", précise le Dr Nguyen. Par ailleurs, "la radiothérapie ou une chirurgie" peuvent provoquer cette sensation de nez sec. Enfin, la rhinite allergique peut encore une fois être la cause de ce symptôme désagréable. En effet, "cette maladie peut provoquer plein de signes", ce qui peut la rendre difficile à identifier.
Les traitements : "Si vous vivez dans une zone particulièrement polluée, pensez à vous laver le nez tous les jours à l’aide d’une solution saline. Si les médicaments sont en cause, consultez votre médecin pour qu’il arrête ou modifie la prescription."
Nez qui saigne : un signe d’hypertension le plus souvent
L’épistaxis (hémorragie nasale) est fréquente et peut révéler des problèmes plus ou moins graves selon les cas. "Chez l’adulte, c’est souvent un signe d’hypertension, affirme le Dr Nguyen. Mais certains médicaments comme l’aspirine ou les anticoagulants peuvent également en être à l’origine."
Autre cause possible : "les taches vasculaires, que l’on observe souvent chez l’enfant. Cela désigne un petit vaisseau qui éclate. Des plaies peuvent également apparaître quand l’enfant se gratte le nez."
Plus grave, un saignement de nez peut évoquer une fracture du nez mais également, plus rarement, une tumeur qui peut être à l’origine d’un cancer des fosses nasales et des sinus paranasaux.
Les traitements : "En cas de taches vasculaires, le traitement consiste en la cautérisation [utilisation de la chaleur pour obturer des vaisseaux sanguins] du vaisseau responsable du saignement. En cas de fracture ou de tumeur, la chirurgie est nécessaire."
Notez également qu’un "patient opéré doit se laver le nez sept à huit fois par jour pendant la période de cicatrisation post-opératoire. En effet, il faut que la muqueuse retrouve son équilibre, donc la baigner dans l’eau tout le temps."
Odorat diminué : une infection virale ou une polypose
L’odorat est d’autant plus important qu’il est associé au goût : quoi de plus frustrant que de ne pas sentir ce que l’on mange ? Mais pas de panique, cela résulte dans la grande majorité des cas d’une infection virale, type grippe ou rhinite : "la rhinite virale va faire gonfler les muqueuses, ce qui fait que l’on ne va plus sentir les odeurs, explique le Dr Nguyen. Tout revient dans l’ordre en quelques jours."
"Mais un odorat diminué est également typique d’une polypose, notamment la polypose naso-sinusienne." Cette maladie inflammatoire chronique des sinus entraîne le développement de polypes sur la muqueuse nasale. Leur formation résulte de la prolifération de cette muqueuse.
Les traitements : "En cas d’infection virale, on privilégie les lavages de nez et on attend que ça passe. Si ça se surinfecte, des antibiotiques sont nécessaires."
En cas de polypose naso-sinusienne, bien que bénins, les polypes devront être retirés chirurgicalement s’ils sont trop gênants.
Dans le contexte actuel, une perte d’odorat peut aussi être un symptôme de Covid-19. Dans ce cas, guettez l’apparition d’autres signes caractéristiques, tels que la toux, la fièvre, les maux de tête, les courbatures ou encore la fatigue.
Nez qui gratte : une allergie à coup sûr
Pas de doute : "cela évoque une étiologie allergique, assure le Dr Nguyen. Ces démangeaisons, que l’on appelle également prurit nasal en terme médical, s’accompagne souvent de rhinorrhée claire et d’éternuements en salve". Au médecin allergologue de trouver l’allergène qui est à l’origine de ce symptôme pour le moins gênant, sachant que les acariens, les pollens et les chats sont les principaux coupables.
Nez qui pique : une atteinte iatrogène ou infectieuse
"Un nez qui pique, cela peut évoquer une atteinte iatrogène et/ou infectieuse", indique le Dr Nguyen. Un trouble ou une maladie se dit iatrogène lorsqu’il ou elle est provoqué/e par un acte médical ou un traitement médicamenteux. Ainsi, "un gaz inhalé, des vapeurs, une fumée ou de l’oxyde" peuvent occasionner des picotements au nez. Dans le cas d’une atteinte infectieuse, la grippe peut en être la cause.
"Rhinite allergique - Vers une amélioration des traitements". Inserm. Mis à jour le 12 mars 2016.
"Comprendre la déviation de la cloison nasale". Ameli.fr. 30 juin 2017.
"Hygiène nasale : nez-ttoyez tout ça !". Ipsos. 5 février 2015.
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