Variole et variole du singe : quelle est la différence entre les deux maladies ?

L’épidémie de la variole du singe poursuit son expansion. Cette maladie qui sévit habituellement en Afrique du Centre et de l’Ouest, touche 75 pays. Selon l’OMS, 16 016 cas ont été confirmés entre le 1er janvier et le 22 juillet 2022. En France, on comptait 1837 personnes atteintes de cette infection au 26 juillet 2022.

En raison de sa proximité de nom, la flambée des cas de contamination au virus Monkeypox a fait penser à beaucoup à la variole, maladie disparue à la fin des années 1970 grâce à la vaccination. Mais sont-elles vraiment semblables ?

Variole et varioles du singe : des manifestations différentes

La variole et la variole du singe ont certaines similitudes au-delà de leur nom, car elles appartiennent à la même famille de virus : les Orthopoxvirus.

"Cependant, si le virus de la variole et celui de la variole du singe partagent une histoire commune, ils se sont séparés évolutivement il y a 5000 ans" préviennent 3 scientifiques de l’INSERM, Nicolas Pulik, Erica Telford et Eric D’Ortenzio, dans un article paru dans The Conversation en juin dernier.

Variole : une fièvre très forte et des lésions qui laissent des cicatrices

Si les maladies ont des modes de transmission similaires : des contacts rapprochés et prolongés avec un malade, les sécrétions, les vésicules et les objets contaminés (surfaces, vêtements, draps, etc), les manifestations cliniques sont différentes.

La variole - qui aurait tué entre 300 et 500 millions de personnes au XXe - avait une période d’incubation entre 7 et 19 jours avec une moyenne de 10 à 14 jours. Venaient ensuite des symptômes peu spécifiques :

• une forte fièvre (plus de 40°C) ;
• des maux de tête ;
• des courbatures ;
• la fatigue ;
• des maux de ventre ;
• des vomissements.

Les lésions survenaient entre 1 et 3 jours après ces signes avant-coureurs. Elles passaient progressivement de petits boutons à pustules.

“Après 8 ou 9 jours, une croûte se formait, laissant souvent (dans 65 à 80 % des cas) une importante cicatrice lorsqu’elle se détachait. Au-delà de ces séquelles très disgracieuses, la maladie pouvait se traduire par la cécité chez environ 1 % des patients, ou par les malformations osseuses ou articulaires chez les enfants (dans environ 2 % des cas)”, ajoutent les scientifiques français.

Variole du singe : beaucoup moins létale

Selon Santé Publique France, l’incubation de la variole du singe peut aller de 5 à 21 jours. La fièvre est aussi l’un des premiers symptômes. Toutefois, elle est moins forte que chez sa cousine. Les médecins rapportent également :

• des maux de têtes ;
• des ganglions ;
• des douleurs musculaires ;
• de la fatigue.

La phase d’éruption cutanée apparaît ensuite. "Dans le cas de la variole du singe, on constate cependant d’importantes différences, que ce soit dans la distribution des éruptions, moins étendues (mais également douloureuses et générant les mêmes cicatrices) ou dans l'intensité des symptômes, moins importante. Ces derniers durent en moyenne de 2 à 4 semaines, puis régressent spontanément", précisent les 3 scientifiques dans leur article.

La maladie est par ailleurs beaucoup moins dangereuse que l’infection disparue. On estime que la létalité de la souche d'Afrique de l'Ouest du Monkeypox - responsable de l’épidémie actuelle - est de 1%. Celle de la variole était d’environ 30%.

“Une différence majeure entre variole et variole du singe réside également dans les populations touchées par les épidémies. Alors que la variole se propageait dans la population générale, il semblerait que la variole du singe touche principalement les familles vivant proches des forêts tropicales dans les pays où elle est endémique. En outre, ce virus se transmet moins facilement, et jusqu'alors principalement de l'animal à l'homme”, précisent les scientifiques de l’INSERM.