Mayonnaise, pain, chocolat… De nombreux produits du quotidien sont transformés. Cela signifie qu’ils contiennent des additifs alimentaires. L’un d’entre eux est l’émulsifiant. Mais de quoi s'agit-il ? "Les émulsifiants sont des additifs alimentaires utilisés pour aider à mélanger deux substances qui normalement se séparent lorsqu'elles sont combinées", explique le Conseil de l’Information sur l’Alimentation en Europe (EUFIC).
Ainsi, ce produit chimique va permettre d’obtenir de la mayonnaise, en empêchant l’huile et le vinaigre de se séparer. L’EUFIC cite également l’exemple du chocolat qui, grâce aux émulsifiants peut : "être moulé et façonné sous différentes formes". Pourtant, ce produit très utilisé chez les industriels, ne serait pas bon du tout pour la santé, et surtout pour le cœur. Une récente étude menée par plusieurs centre de recherches français tels que l’Inserm, l’INRAE ou encore l’Université Sorbonne-Paris, vient d’alerter sur son utilisation. Les résultats ont été publiés le 7 septembre dans la revue BMJ (British Medical Journal).
Une étude menée sur plus de 90 000 français sans antécédents de maladie cardiaque
Pour cette étude, les chercheurs ont analysé près de 95 442 adultes français (âge moyen 43 ans ; 79% de femmes), sans antécédents de maladie cardiovasculaire. Les volontaires faisaient tous partie de la recherche NutriNet-Santé, qui s’est déroulée entre 2009 et 2021.
Pendant les deux premières années, les participants ont dû détailler en ligne leur consommation alimentaire sur au moins trois jours. Cela pouvait aller jusqu’à 21 jours pour certains. "Chaque aliment ou boisson consommé a ensuite été croisé avec des bases de données afin d’identifier la présence et la dose des additifs alimentaires, dont les émulsifiants. Des dosages en laboratoire ont également été effectués pour fournir des données quantitatives", détaille l’Inserm.
D’un autre côté, les bénévoles ont aussi été invités à signaler tout événement cardiovasculaire majeur (crise cardiaque ou encore accident vasculaire cérébral). Pour vérifier les déclarations des volontaires, un comité d’experts a analysé leurs dossiers médicaux. Les décès liés aux maladies cardiovasculaires ont également été enregistrés à l’aide du registre national français des décès. De nombreux facteurs connus pour favoriser les maladies cardiovasculaires ont été pris en compte : l’âge, le sexe, le poids (IMC), le niveau d’éducation, les antécédents familiaux, le tabagisme, l’alimentation et le niveau d’activité physique.
Alcool, fromage, pain… Ils augmentent le risque de maladie coronarienne
"Après un suivi moyen de 7 ans, les scientifiques ont constaté que des apports plus élevés en celluloses totales (additifs alimentaires correspondant aux codes E460[1] à E468) étaient associés à des risques plus élevés de maladies cardiovasculaires. En particulier, cette association était spécifiquement observée pour les apports en E460 (cellulose microcristalline, cellulose en poudre) et E466 (carboxyméthylcellulose)", confie l’Inserm. Ces additifs se retrouvent notamment dans les biscuits industriels, les crèmes desserts ou encore les sauces bolognaises industrielles.
De même, des apports plus élevés en monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E471 et E472) ont été associés à des risques plus élevés pour toutes les pathologies étudiées dans l’étude. Parmi ces émulsifiants, l’ester lactique des monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E472b) était associé à des risques plus élevés de maladies cardiovasculaires et de maladies cérébrovasculaires. De son côté, l’ester citrique des monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E472c) était liés à des taux plus élevés de maladies cardiovasculaires et de maladies coronariennes (pathologies qui touchent les artères). Cet additif sert à donner la texture au pain, aux confitures ou encore aux boissons alcoolisées.
Des résultats qui doivent alerter les autorités sanitaires
Une consommation élevée de phosphate trisodique (E339) était également associée à un risque accru de maladies coronariennes. Cet additif est utilisé dans l’alimentation infantile, les produits laitiers ou encore certains fromages. "Si ces résultats doivent être reproduits dans d’autres études à travers le monde, ils apportent de nouvelles connaissances clés au débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs", concluent les chercheurs.
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