Lumbago : les astuces d’un kiné pour le soulagerAdobe Stock
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Le lumbago, ou lombalgie aiguë, est une douleur intense dans le bas du dos, due à une contracture musculaire et/ou à un dérangement vertébral. Celle-ci peut irradier jusqu’à la nuque ou dans les membres inférieurs, et s’accompagne souvent d’une sensation de blocage dans la zone lombaire. En général, elle survient après un mouvement brusque, le port de charges lourdes ou un effort inadapté.

Lumbago : soulager la douleur en priorité

“En cas de lombalgie aiguë, dans un premier temps, il est important de soulager la douleur. Cela afin d’éviter qu’elle ne génère des compensations et une réaction inflammatoire trop importante”, nous explique Pascal Grillon, kinésithérapeute et ostéopathe, fondateur et PDG de la société Cryopôle.

À la maison, vous pouvez appliquer de la chaleur (par exemple, une bouillotte) sur la zone endolorie, afin de détendre les muscles contractés. “Néanmoins, un froid extrême est encore plus efficace que la chaleur pour décontracter un muscle, dès lors que la température est inférieure à - 67,5 °C”, précise l’expert. C’est le principe de la neurocryothérapie.

Neurocryothérapie : décontracter les muscles grâce au froid

Ce procédé, testé aux urgences de Grenoble, permet d’anesthésier la zone grâce au froid et détend le muscle par une action neuro-végétative. “On crée une vasoconstriction sur le moment, qui est immédiatement suivie d’une vasodilatation très intense”, décrypte le kinésithérapeute. “En moins de 1min30, on passe d’une douleur évaluée à 7 ou 8 sur une échelle de un à dix, à une douleur de 1 ou 2 ; pendant un laps de temps suffisant pour faire travailler la personne et agir sur les causes du traumatisme”.

S’il existe encore peu de centres spécialisés dans la neurocryothérapie en France, environ 7000 kinésithérapeutes français sont déjà équipés d’un outil local (qui prend la forme d’un petit pistolet), afin d’utiliser l’action du froid lors des traitements. S’il n’y en a pas à proximité de chez vous, pas de panique : d’autres techniques peuvent permettre d’atténuer la douleur.

Le massage pour détendre les muscles endoloris

Comme évoqué plus haut, il est possible d’appliquer une bouillotte chaude sur le bas du dos afin de calmer le lumbago. Vous pouvez également prendre un anti-inflammatoire, en respectant scrupuleusement la posologie indiquée sur l’emballage et sous réserve de ne pas présenter de contre-indication à l’usage de ces médicaments.

N’hésitez pas, également, à vous installer dans une position qui soulage, par exemple, allongé en chien de fusil sur le côté. “Pendant la crise, il vaut mieux s’immobiliser pour ne pas générer de mouvement qui pourrait aggraver la lombalgie”, indique Pascal Grillon. Enfin, vous pouvez demander à votre conjoint de masser en douceur la zone endolorie ou, mieux, vous rendre chez un kinésithérapeute qui pourra procéder lui-même au massage.

D’ailleurs, on le sait peu, mais “dans le cadre de certaines pathologies aiguës, comme le lumbago ou l’entorse de cheville, il est possible d’aller chez le kiné sans passer par son médecin traitant. La consultation sera prise en charge par la Sécurité sociale même si vous n’avez pas d’ordonnance”, explique le spécialiste. “Cela fait partie des solutions mises en place pour désengorger les urgences”.

Des étirements pour regagner en mobilité

Une fois que la douleur est atténuée, il faut gérer la problématique posturale - autrement dit, traiter la cause du lumbago - grâce à la thérapie manuelle. “Le praticien regarde en premier lieu s’il y a un désordre biomécanique : bassin ou lombaire qui a bougé, disque pincé… Puis, il conseillera des mouvements et des étirements pour retrouver une posture normale”, explique Pascal Grillon, kinésithérapeute-ostéopathe. Plus cette prise en charge est rapide, plus elle est efficace et durable.

Si le passage chez un professionnel de santé est donc indispensable pour trouver et traiter l’origine du problème, il est aussi possible d’agir à la maison, en attendant le rendez-vous. “Vous pouvez commencer tranquillement à faire des mouvements d’étirement et d’assouplissement, afin de retrouver la mobilité dont vous avez été privé par la douleur et la réaction musculaire”, détaille le spécialiste.

Deux postures qui soulagent les douleurs lombaires

L’un des mouvements préconisés par l’expert consiste à se positionner à genoux sur le sol, les fesses posées sur les talons, et à descendre la tête vers le sol. Les paumes des mains sont à plat par terre, de part et d’autre de la tête et vont chercher le plus loin possible vers l’avant, pour étirer le dos. En yoga, cette position s’appelle la posture de l’enfant.

“Vous pouvez également mobiliser le bassin, en faisant des antéversions et des rétroversions”, ajoute le kiné-ostéo. Pour cela, placez-vous à quatre pattes, le dos plat, les mains et les genoux écartés de la largeur du bassin. Sur l’expiration, poussez sur vos bras en rentrant le ventre et en arrondissant le dos. Sur l’inspiration, revenez à la position initiale. Sur une nouvelle expiration, creusez le dos en sortant les fesses. Cela correspond à la posture du chat, en yoga.

“Pour assouplir et mobiliser le dos en cas de lumbago, on préconise un travail au sol, assis ou allongé, à effectuer lorsque la douleur s’est déjà un peu calmée”, résume Pascal Grillon. “Mais attention, ne réalisez surtout pas de rotation en gardant les pieds fixes au sol, et ne créez pas de torsion, au risque de vous faire encore plus mal”.

Comment prévenir le lumbago ?

Bien évidemment, le meilleur remède reste encore la prévention. “Et celle-ci passe par l’exercice physique, la posturologie et l’ergonomie”, décrypte le kinésithérapeute-ostopathe Pascal Grillon.

“Pour éviter d’avoir mal au dos, il faut être en bonne forme physique et, surtout, suffisamment musclé au niveau des abdominaux pour bien tenir son dos”. C’est pourquoi l’expert ne recommande absolument pas le port d’une ceinture lombaire ou de vêtements de contention visant à redresser le dos artificiellement. “De tels objets sont contre-productifs, puisqu’ils entraînent progressivement une fonte musculaire. Au fil du temps, on risque donc d’être de plus en plus sujet au lumbago”.

Ergonomie : adapter son environnement de travail

L’ergonomie consiste, par ailleurs, à adapter son environnement de travail pour éviter les troubles musculo-squelettiques. Par exemple, pour un travail de bureau, la chaise, le clavier et l’écran d’ordinateur doivent être positionnés de sorte que :

  • la tête soit droite et maintenue au-dessus des épaules ;
  • le regard se porte légèrement vers le bas, sans incliner le cou ;
  • les coudes soient fléchis à 90 °, les épaules détendues et les avant-bras posés sur les accoudoirs, à l’horizontale ;
  • le bas du dos est soutenu par le dossier du fauteuil ou un coussin, qui favorise sa courbure naturelle.

Posturologie : améliorer sa gestuelle quotidienne

Enfin, la posturologie est un domaine très important dans la prévention du mal de dos, “mais qui n’est pas encore assez développé aujourd’hui”, regrette le praticien. Elle consiste à travailler sur la gestuelle du patient, lui apprendre à bien se positionner et se tenir. “Ce travail commence généralement par un bilan postural, chez un posturologue”. Le patient marche sur des tapis, avec des capteurs connectés à un logiciel, qui permet de déterminer la cause du mal de dos parmi les trois suivantes :

  • un mauvais positionnement de ses appuis ;
  • un mauvais positionnement des mâchoires ;
  • un mauvais positionnement des yeux.

"Une fois la cause du problème établie, le travail de rééducation peut commencer, en faisant appel, au besoin, à des confrères - un podologue ou un orthoptiste, par exemple", conclut le kinésithérapeute.

Sources

Merci à Pascal Grillon, kinésithérapeute et ostéopathe, fondateur et PDG de la société Cryopôle. 

La lombalgie, un enjeu de santé publique, Ameli.fr, 29 décembre 2020. 

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