En octobre les jours raccourcissent et la grisaille s'installe pour de longs mois. Si le blues de l'hiver est bien connu, pour certains, il s'agit d'un véritable épisode dépressif dû au changement de saison.
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Dans le langage courant, on l'appelle la dépression saisonnière. "C'est une dépression un peu particulière, car elle apparaît en automne ou en hiver et disparaît spontanément au printemps", note Eric Charles, psychiatre. Assez fréquente, la dépression saisonnière pourrait toucher 5 % à 10 % de la population française ; des personnes météo-sensibles qui présenteraient, selon notre expert, une fragilité de l'horloge biologique. "Quand l'automne arrive, la durée du jour diminue ce qui dérègle l'horloge interne et génère un décalage de notre rythme circadien (le cycle de veille et de sommeil d'un individu, ndlr), ce qui crée les symptômes de la dépression saisonnière", note Eric Charles.
Ces symptômes sont identiques à ceux d'une dépression 'classique' : la perte d'envie, l'apathie et une grande fatigabilité notamment. D'autres symptômes sont plus spécifiques : "on observe souvent une augmentation de l'appétit avec une prise de poids associée. On retrouve aussi une augmentation du temps de sommeil, les personnes qui souffrent d'une dépression saisonnière se réfugient dans leur lit". En outre, "cette dépression est très récidivante, c'est une de ses principales caractéristiques", souligne Eric Charles.
Alors qu'une dépression réactionnelle est déclenchée par une cause clairement identifiée, "la dépression saisonnière peut survenir d'une année sur l'autre sans aucun signe annonciateur. Elle est biologique et physiologique", précise le professionnel.
Plus on va vers le Nord, plus les chiffres de la dépression saisonnière grimpent, c'est pourquoi le sujet a été beaucoup plus étudié au Canada ou dans les pays scandinaves où la prévalence de la TAS est beaucoup plus élevée. "On observe des disparités même en France. On souffre davantage de dépressions saisonnières dans le nord du pays que dans le Sud", appuie Eric Charles.
Dépression saisonnière ou blues de l'hiver ?
La dépression saisonnière peut sembler anecdotique dans l'imaginaire collectif. Elle n'est parfois pas prise au sérieux : "T'as un coup de mou parce qu'il pleut", "les jours sont tellement courts, c'est déprimant", "ça ira mieux quand le soleil reviendra"...
"Les gens ont tendance à confondre la dépression saisonnière avec le blues de l'hiver que tout le monde peut ressentir. Il ne fait pas beau le matin, on est moins joyeux que s'il y a un grand soleil, c'est certain. C'est une forme de mal-être, mais qui n'est pas un épisode dépressif. Et comme beaucoup de gens souffrent de blues de l'hiver, on y assimile la dépression. Et on ne se rend pas compte que le trouble affectif saisonnier, est un véritable épisode dépressif !", insiste le psychiatre. Un épisode dépressif qui s'installe dans la durée de manière très intense. La dépression saisonnière est un trouble de l'humeur qui nécessite d'être pris en charge.
Comment traiter une dépression saisonnière ?
Le trouble affectif saisonnier disparaît spontanément avec le retour du soleil. Toutefois, être plongé dans un état dépressif six mois de l'année sur douze n'est évidemment pas envisageable. Contre la dépression saisonnière, la luminothérapie a fait ses preuves.
"C'est le traitement de première intention, c'est le plus efficace, c'est bien toléré, c'est facile d'utilisation. Il s'agit d'une forte intensité lumineuse, 10 000 lux (la mesure de l'intensité lumineuse, ndlr), beaucoup plus puissante que nos lampes à la maison, au bureau. Le traitement dure deux semaines. Il consiste à se tenir proche de la lampe, tous les jours, durant 30 minutes, à la même heure, entre 06 heures et 09 heures du matin. Les gens vont beaucoup mieux au bout de quelques jours seulement", précise Eric Charles. Dans de rares cas, un second traitement sera nécessaire au cours de l'hiver, mais pour la majorité des patients, cette cure de deux semaines de luminothérapie suffira pour affronter la grisaille.
Concrètement, que se passe-t-il dans le cerveau lors d'une cure de luminothérapie ? "L'information lumineuse est transmise par notre rétine au noyau suprachiasmique, la tour de contrôle de notre horloge biologique, situé dans l’hypothalamus. Cette information permet de décaler la libération par le cerveau de la mélatonine (appelée hormone du sommeil, ndlr), ce qui permet de resynchroniser notre horloge biologique. C'est ainsi que disparaissent les symptômes de la dépression", explique Eric Charles.
La luminothérapie avant l'apparition des symptômes est-elle conseillée ?
Vous êtes sujet à la dépression saisonnière et vous savez que, chaque année, votre moral va chuter en même temps que les feuilles mortes. Anticiper les symptômes et suivre des séances de luminothérapie en amont peut-il être efficace ? Peut-on être traité alors qu'on va bien ? "
On n'a pas prouvé l'efficacité prophylactique de la luminothérapie. Quand tout va bien, suivre une cure n'évite pas la survenue d'une dépression saisonnière. Je conseille d'attendre les tout premiers symptômes - la fatigue, un léger mal-être. Et dès ce moment-là par contre, on peut commencer la luminothérapie", affirme notre expert.
Si la première année, votre spécialiste peut vous laisser une lampe à disposition comme le fait Eric Charles avec ses patients, vous pouvez acquérir votre propre lampe pour les années suivantes. La dépression saisonnière étant une grande récidiviste, avoir son propre matériel et lancer la cure dès que vous sentez que vous vacillez peut éviter que des symptômes plus intenses ne s'installent. On peut désormais en trouver dans le commerce à moins d'une centaine d'euros, mais le dispositif n'est pas remboursé par la Sécurité sociale.
Merci au Dr Eric Charles psychiatre à Limoges
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