La grippe n’a épargné personne au sein de cette famille domiciliée au Colorado (USA). Deux des quatre enfants du foyer étaient touchés par cette pathologie saisonnière. Leur médecin généraliste a donc prescrit du Tamiflu® à la famille. Ce médicament antiviral se délivre oralement et est indiqué chez les adultes et les enfants présentant des symptômes grippaux. Le Tamiflu® est également prescrit de manière préventive à des personnes fragiles (enfants, femmes enceintes) lorsqu’ils ont été en contact avec des patients ayant déjà contracté la maladie.
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8e vague : les nouveaux symptômes de covid les plus courantsUn troisième enfant dans cette famille, âgé de 4 ans, pas encore diagnostiqué, présentait lui aussi de la fièvre. Pourtant la mère de famille préfère se passer de la prescription de son médecin après avoir consulté la page Facebook "Arrêter la vaccination obligatoire", un groupe anti-vaccin.
Ce groupe, réunissant plus de 170 000 internautes, est l’un des plus grands forums de désinformation sur la santé.
Photo : virions grippaux quittant leur cellule hôte, grossis 100 000 fois
Crédit photo: Cynthia Goldsmith, 2005 - CC - Licence : domaine public
Le groupe anti-vaccin a suggéré le lait maternel, le thym et le sureau pour soigner l’enfant
Le média américain, NBC News, a eu accès aux nombreux messages échangés entre la maman du petit garçon et les administrateurs et membres du groupe "Arrêter la vaccination obligatoire".
La mère de famille avait consulté les membres de ce groupe en notifiant qu’elle avait refusé d’administrer le Tamiflu® prescrit par le médecin. Aucun des 45 commentaires sous son post Facebook ne lui a suggéré le recours aux soins médicaux. Ce sont les "remèdes naturels" qui ont été évoqués.
La maman a expliqué qu’elle traitait ses quatre enfants avec de l’huile de menthe poivrée, de la vitamine C et de la lavande, sans aucun résultat concluant. Les membres du groupe anti-vaccin lui ont ensuite conseillé le lait maternel, le thym et le sureau (dont aucun n’est un traitement recommandé pour la grippe). "Parfait, je vais essayer ça", avait répondu la mère de famille.
Désormais, ces messages ne sont plus accessibles et ont été supprimés de la page Facebook "Arrêter la vaccination obligatoire".
L’enfant est décédé quatre jours plus tard
Les conseils délivrés sur la page Facebook anti-vaccins étaient prévisibles. Le groupe "Arrêter la vaccination obligatoire" est considéré comme l’un des plus grands forums de désinformation sur la santé. Les membres répandent des théories du complot, selon lesquelles les épidémies sont des "canulars" perpétrés par le gouvernement. Ils estiment que les vaccins sont à blâmer et ont fait comprendre à des parents d’enfants décédés que ces mesures de prévention étaient en cause.
Malheureusement, en suivant leurs conseils, la mère du jeune patient de 4 ans ne sera pas parvenue à sauver son enfant. Ce dernier a finalement été hospitalisé et est décédé quatre jours plus tard, selon la collecte de dons GoFundMe, lancé en son nom par la famille.
Les groupes Facebook, "un foyer de désinformation"
"C'est une tragédie et nos pensées vont à sa famille et à ses proches. Nous ne voulons pas de désinformation sur les vaccins sur Facebook, c'est pourquoi nous travaillons dur pour la réduire partout sur la plate-forme, y compris dans les groupes privés", a déclaré un porte-parole de Facebook dans un communiqué.
De son côté, une chercheuse de l’Université du Texas (Austin), qui a étudié les répercussions des réseaux sociaux et du mouvement anti-vaccination depuis 2015, estime que "les groupes Facebook sont un foyer de désinformation". Cette dernière a rapporté avoir consulté des publications similaires, dans lesquelles des mamans d’enfants atteint de rougeole ou de cancer se sont vues recevoir des conseils douteux.
"Ces communautés sont devenues un refuge pour les parents et les femmes, pour se connecter avec les autres et demander de l'aide" a partagé la chercheuse. Lorsque ces groupes recommandent des conseils potentiellement dangereux sur le plan médical, cela peut avoir des conséquences très graves".
Grippe saisonnière : quelles sont les personnes à risque ?
Selon les chiffres recueillis fin 2018 par Santé Publique France, entre 788 000 et 4,6 millions de personnes consultent pour syndrome grippal chaque année lors des épidémies. Il y aurait 2 à 6 millions de cas de grippe en France tous les ans. Des victimes qui seraient moins nombreuses si la vaccination était davantage pratiquée dans notre pays.
Photo : Grippe saisonnière, les bons gestes
©Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Pourquoi se faire vacciner ?
La vaccination contre la grippe saisonnière permet de réduire le risque d’être contaminé par la maladie, mais aussi le risque de développer des complications, comme les infections bactériennes, décompensation de l’asthme, aggravation d’une maladie chronique, etc...
La vaccination des femmes enceintes protège également leur bébé pendant leurs premiers mois. Les souches de virus de la grippe en circulation changent d’une année sur l’autre et la durée de protection du vaccin ne dépasse pas les six mois environ. Voilà pourquoi les autorités de santé rappellent la nécéssité de se faire vacciner tous les ans.
Grippe saisonnière : qui doit se faire vacciner ?
Certaines personnes sont particulièrement exposées à des complications si elles contractent le virus. Ces dernières devraient se faire vacciner en priorité. C'est le cas :
- Des personnes âgées de plus de 65 ans ;
- des adultes et enfants souffrant d’asthme et broncho-pneumopathie chronique obstructive ;
- des patients atteints de maladies chroniques ayant le statut d’affection longue durée (ALD) ;
- des personnes infectées par le VIH ;
- des femmes enceintes ;
- des professionnels de santé, en contacts réguliers avec les sujets à risque de grippe grave.
On Facebook, anti-vaxxers urged a mom not to give her son Tamiflu. He later died, NBC News, 6 février 2020
Vaccination contre la grippe saisonnière : coup d’envoi le 15 octobre de la campagne 2019-2020, Ameli.fr, 13 septembre 2019
Grippe saisonnière, Ministère de la Santé, 28 octobre 2019
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