Grippe aviaire : le niveau d’alerte à son maximum en FranceIstock
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"La situation est inquiétante". C’est par ces termes forts et lourds de sens que Gilles Salvat, directeur général délégué recherche et référence à l'Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (Anses), a qualifié le contexte actuel lié à la grippe aviaire. Interrogé mardi 5 décembre au micro de France Inter, celui qui est également directeur du Laboratoire de Ploufragan-Plouzané de l'Anses, a exprimé sa crainte d’assister prochainement à une propagation du virus parmi les oiseaux d’élevage sur le territoire français.

Quatre foyers de grippe aviaire découverts en une semaine

Cette inquiétude fait suite à la découverte de plusieurs foyers de grippe aviaire en Bretagne et dans les Hauts-de-France. "On a, depuis à peu près trois semaines, des mortalités d'oiseaux sauvages qui descendent du Nord pour leur migration hivernale vers le Sud, donc qui passent au-dessus de notre territoire, a expliqué Gilles Salvat sur France Inter. On a déjà constaté plusieurs foyers de mortalité chez les oiseaux sauvages, notamment dans l'Est de la France, mais également en Bretagne sur des goélands. Et nous avons eu quatre foyers en une semaine, trois dans le Morbihan et un dans la Somme, sur des dindes qui ont contaminé des oiseaux domestiques, ce qui a conduit à l'abattage de ces oiseaux." A raison de 4 000 à 10 000 dindes dans chaque élevage, ce sont déjà des "dizaines de milliers d’oiseaux qui ont été abattus", au grand dam des éleveurs.

Grippe aviaire : un niveau d’alerte maximum

Mardi 5 décembre, dans le département du Lot-et-Garonne, à Vianne, une suspicion de foyer a été écartée de justesse après analyse, épargnant les 16 000 canards de l’abattage, selon le quotidien régional Sud-Ouest, dans son édition du 6 décembre.

La mise au jour de ces quatre foyers de contamination en France, qui s’inscrit dans une tendance similaire en Europe, a conduit le gouvernement français à relever à son maximum le niveau de risque épizootique vis-à-vis de l’influenza aviaire hautement pathogène, le passant du stade "modéré" (niveau intermédiaire) à "élevé" (niveau maximal).

Influenza aviaire : des mesures de prévention renforcées

Cette élévation du niveau d’alerte, prise par les pouvoirs publics, a été entérinée dans un arrêté paru le mardi 5 décembre au Journal officiel. "Cette décision, une semaine après une première élévation du niveau de risque, permet d’assurer une meilleure protection des élevages face à la menace représentée par la forte circulation du virus dans la faune sauvage migratrice", justifie le ministère de l’Agriculture, dans un communiqué.

Ce passage à un niveau d’alerte maximum est assorti du renforcement d’un certain nombre de mesures de prévention, détaillées par le ministère, notamment "la claustration ou protection par des filets des oiseaux détenus dans des établissements de moins de 50 volailles ou des oiseaux captifs (basses-cours, zoos)", le recours à des équipements obligatoires des véhicules transportant les palmipèdes " au moyen de bâches ou équivalents empêchant toute perte significative de plumes et duvets" ; ou encore "la mise à l’abri et la protection de l’alimentation et de l’abreuvement des oiseaux dans les établissements détenant plus de 50 volailles".

Grippe aviaire : une vitesse de propagation fulgurante

Malgré ce dispositif, les autorités sanitaires ne masquent pas leur préoccupation vis-à-vis du rythme de propagation du virus aviaire. Quatre foyers détectés en une semaine illustre bien à quel point cette maladie peut se répandre comme une traînée de poudre chez les oiseaux d’élevage. "On est dans une période où l’environnement des élevages est très contaminé", a confirmé Gilles Salvat à France Inter.

Interrogé sur les mesures déployées dans le but d’enrayer la circulation du virus, le spécialiste insiste sur la nécessite de réagir vite. Il explique en quoi la mise à l’abri est une mesure insuffisante. "Les quatre élevages de dinde qui ont été contaminés étaient des élevages où les animaux étaient en bâtiment, observe encore le spécialiste de l’anses. Donc il faut absolument renforcer les mesures de biosécurité, c'est-à-dire tout ce que l'éleveur fait pour éviter de faire rentrer le virus dans son élevage."

Des canards vaccinés et pour le moment préservés

Quid de la vaccination des oiseaux d’élevage ? Pour les dindes, celle-ci n’est pas à l’ordre du jour et n’est pas autorisée en France, à la différence des canards.

Depuis le 1er octobre 2023, les élevages commerciaux détenant plus de 250 canards font l’objet, quant à eux, d’une campagne de vaccination obligatoire. Une mesure inédite qui semble avoir porté ses fruits : les canards semblent pour le moment épargnés par cette résurgence de grippe aviaire.

Y aura-t-il du foie gras sur les tables de Noël ?

Malgré tout, l’incertitude plane : doit-on redouter une flambée épizootique de grippe aviaire ces prochaines semaines ?

L’hypothèse, si elle devient réalité, serait une bien mauvaise nouvelle à l’approche des Fêtes de fin d’année, où la consommation de foie gras, met festif traditionnel, bat son plein. Les premiers pénalisés seraient les producteurs d’oies et de canards, déjà secoués et encore traumatisés par les épisodes d’influenza aviaire du printemps 2021 et de l’hiver 2022. Ceux-ci s’étaient traduits par un abattage de millions d’oiseaux et un recul historique de la production (de plus de 30 %).

Toujours est-il que le foie gras devrait retrouver sa place sur les tables de Noël et du Nouvel An : selon l'interprofession du foie gras Cifog, la filière, encore convalescente, a repris des couleurs cette année. Elle annonce une production estimée à 9 800 tonnes en 2023, en hausse de 20% par rapport à 2022, selon les chiffres rendus publics par le Cifog en octobre dernier et repris par l’AFP. Néanmoins, les stigmates des épizooties sont encore présents, et le prix du foie gras en est un des signes visibles : celui-ci devrait être en augmentation de près de 5 % cette année dans les rayons des supermarchés, selon BFM TV.

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