Notre ventre abrite une communauté d’environ 500 millions de neurones. Considéré comme notre deuxième cerveau, ce ventre, ou plus exactement, le système nerveux entérique, forme un réseau complexe.
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Méthode O.N.A. : comment réduire votre stress en 3 étapes ?Logé le long de notre tube digestif, le système nerveux entérique (à ne pas confondre avec notre système nerveux central, formé de notre cerveau et de notre moelle épinière) est principalement chargé de digérer les aliments que nous mangeons, notamment en régulant les contractions des muscles intestinaux (on parle de péristaltisme intestinal). Oui, mais pas seulement. Il semblerait aussi qu’il digère aussi certaines de nos émotions comme le stress psychologique.
Les personnes qui souffrent de troubles digestifs (crampes et douleurs abdominales, constipation, diarrhée) sous l’effet du stress, sont les premières à en faire l’expérience.
Un dialogue permanent entre le cerveau et les intestins
Comment le stress peut-il perturber à tel point nos intestins ? C’est la question que s’est posée une équipe française de chercheurs de l’Inserm. Leur étude, publiée dans la revue Frontiers et relayée sur le site de l’Inserm, nous en apprend un peu plus sur la relation étroite entre notre cerveau et nos intestins.
L’axe intestin-cerveau reste auréolé de mystère et continue d’intriguer les scientifiques. On sait que le système nerveux entérique communique en permanence avec notre cerveau, le système nerveux central.
Quand il est harmonieux et fluide, ce dialogue permanent facilite les échanges et optimise le fonctionnement de l’organisme. Mais quand il est soumis à un accès d’émotion négative comme le stress, les échanges deviennent plus orageux et dérèglent la machine. C’est ainsi que le stress, transmis du cerveau au système nerveux entérique, peut provoquer des maux de ventre et d’autres troubles digestifs.
Le cortisol influence la contractilité intestinale
La nouvelle étude de l’Inserm révèle que le cortisol, cette hormone qui participe notamment à la gestion du stress, "agit directement sur la plasticité du système nerveux intestinal". C’est ce phénomène qui expliquerait les modifications de la contractilité des muscles intestinaux, à l’origine de troubles du transit.
Pour comprendre l’impact du stress sur le système digestif, les chercheurs ont placé des souris pendant une heure sur une plateforme flottant sur l’eau. Ils ont observé que la quantité de selles émises par ces souris était plus élevée que celle de leurs congénères en cage, non soumises à cette situation stressante.
En analysant des échantillons du système nerveux entérique prélevées sur les rongeurs des deux groupes, ils ont constaté que le prélèvement issu des souris stressées comportait davantage de neurones producteurs d’acétylcholine, connus pour faciliter la contraction intestinale.
"Afin de confirmer que les troubles digestifs des souris étaient liés à ces neurones, nous avons soumis des prélèvements de muscles coliques à des courants électriques, précise Kalyane Bach-Ngohou, chercheuse dans l’unité de recherche Système nerveux entérique dans les maladies digestives et du cerveau, sur le site de l’Inserm. La contractilité des échantillons issus de souris stressées était effectivement plus forte."
Soucieux de comprendre les mécanismes cellulaires en jeu, ils ont découvert que la corticostérone – un homologue du cortisol chez la souris – était impliquée dans ces phénomènes. Une mécanique complexe au niveau génétique serait à l’œuvre. Ce "processus est associé à une augmentation de la proportion de neurones qui synthétisent l’acétylcholine dans le système nerveux entérique" qui, pour schématiser, provoquerait "l’accélération du transit colique observée chez les animaux stressés", résume la chercheuse.
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnins.2023.1100473/full
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