Une personne sur cinq a souffert ou souffrira un jour de dépression, selon l’Inserm. Celle-ci peut survenir à tout âge, et dans toutes les catégories de la population. Il semble toutefois qu’elle se manifeste plus fréquemment à certaines périodes charnières de la vie : l’adolescence, la grossesse, l’apparition d’une maladie chronique grave, le deuil et l’avancée en âge.
Dans le dernier cas, la dépression peut être difficile à repérer, en raison de la diminution de l’activité physique (ou mentale) qui se dessine au fil des ans. “Pourtant, le fait d’être triste ou pessimiste ne doit pas être considéré comme normal lorsque l’on est âgé”, rappelle le ministère de la Santé dans son guide d’information La dépression : en savoir plus pour en sortir. “Le traitement est aussi nécessaire et efficace à cette période de la vie que plus tôt". Il est donc important de se faire soigner.
En outre, certains éléments déclencheurs peuvent l’état dépressif après la cinquantaine, sans que vous vous en rendiez compte. Nous vous les listons ci-après, en images.
Dépression : comment le diagnostic est-il posé ?
La dépression est une maladie mentale qui repose sur un diagnostic clinique. Se sentir triste, déprimé ou même avoir des idées noires ne signifie donc pas forcément que l’on en souffre. Le patient doit présenter au moins quatre des symptômes suivant, pour que l’on puisse parler d’un épisode dépressif caractérisé.
- Humeur dépressive, tristesse intense ;
- perte d’intérêt, abattement ;
- perte d’énergie, fatigabilité accrue ;
- incapacité à éprouver du plaisir ;
- baisse de l’attention et de la concentration ;
- ralentissement intellectuel ;
- diminution de l’estime de soi et de la confiance en soi ;
- sentiment de culpabilité et d’inutilité ;
- sentiment d’abandon et de solitude ;
- pessimisme à l’égard du futur ;
- troubles du sommeil ;
- anxiété ;
- perte d’appétit ;
- baisse ou disparition du désir sexuel ;
- manifestations physiques (maux de tête, désordre digestif, interruption des règles…) ;
- idées et comportement suicidaires.
Pour évoquer un état dépressif, ces symptômes doivent être présents durant une période minimum de deux semaines, représenter un véritable changement par rapport au fonctionnement antérieur et induire une détresse significative chez le patient. Un épisode dépressif peut durer de quelques semaines à quelques mois, voire plusieurs années. “En fonction du nombre et de l’intensité des symptômes, la dépression sera plus ou moins sévère, la vie quotidienne plus ou moins perturbée”, précise le ministère de la Santé dans son guide.
Dépression : on peut en guérir !
Heureusement, la guérison totale et durable est possible, avec une prise en charge adaptée. Multidisciplinaire, celle-ci repose sur la psychothérapie, la prise de médicaments antidépresseurs si le médecin l’estime nécessaire, et le soutien des proches. Des actions de soin complémentaires peuvent aussi aider à en sortir, comme la pratique d’une activité physique régulière, l’adoption d’un régime alimentaire équilibré et la vigilance vis-à-vis de l’alcool et des substances addictives.
Plus la prise en charge est précoce, plus les chances d’un rétablissement rapide sont élevées. Par ailleurs, être capable de déterminer les facteurs de risque de la dépression permet d’agir en amont, pour éviter de sombrer dans l’état dépressif ou de faire une rechute. Or, certains d’entre eux deviennent plus fréquents en prenant de l’âge, et sont pourtant insoupçonnés. Medisite vous les liste.
Le surmenage
Vers 40 ou 50 ans, il est fréquent de se sentir coincé entre différentes exigences : s’occuper de ses enfants, de ses parents vieillissants, prendre soin de son couple, réussir au travail, etc. Une charge physique et mentale qui peut conduire à l’épuisement et au développement d’un sentiment de culpabilité et de profonde tristesse. Un problème encore plus présent chez les femmes. La solution ? Prenez du temps pour vous. Faites de l’exercice, reposez-vous, mangez sainement, passez du temps avec vos amis… et n’hésitez pas à demander de l’aide.
Un manque de vitamine B12
Vous vous sentez léthargique ou déprimé ? Cela peut être dû à une carence en vitamine B12. Soit parce que vous ne consommez pas suffisamment d’aliments qui en contiennent (viande, poisson, fruits de mer, œufs, laitages…), soit à cause d’un problème d’acidité gastrique, qui empêche la libération de cette vitamine lorsque les aliments sont digérés. La solution ? Demandez à votre médecin une ordonnance pour un dosage sanguin, afin de vérifier votre taux de B12. S’il est bas, il vous conseillera probablement de modifier votre régime alimentaire ou de prendre une supplémentation orale.
Une baisse de libido
À mesure que les hommes vieillissent, leur organisme produit moins de testostérone - une hormone qui joue un rôle important dans le désir sexuel. De faibles niveaux de testostérone peuvent entraîner une dysfonction érectile, une perte d’intérêt pour le sexe et même une dépression. Chez les femmes, c’est le taux d’œstrogènes qui diminue en période de ménopause et préménopause, ce qui peut entraîner une sécheresse vaginale rendant les rapports douloureux. Une baisse de libido peut donc en découler. La solution ? Demander une prise de sang à votre médecin, pour vérifier si vous souffrez d’un dérèglement hormonal et discuter avec lui des remèdes possibles, telles que le traitement hormonal de substitution.
Des troubles de la thyroïde
La dépression peut être le symptôme d’une hypothyroïdie ou d’une hyperthyroïdie. Dans le premier cas, elle s’accompagne souvent d’une constipation et d’une fatigue. La solution ? Repérer d’autres symptômes éventuels d’un trouble de la thyroïde (fatigue, variation de poids, palpitations cardiaques, constipation…) et consulter son médecin traitant.
La préménopause et la ménopause
Les fluctuations hormonales, les bouffées de chaleur et les changements liées à cette période de transition importante dans la vie d’une femme sont susceptibles de faire chuter votre humeur et favorisent les troubles dépressifs. La solution ? Des techniques d’auto-apaisement, comme le yoga ou la respiration profonde, peuvent vous aider à traverser cette période plus sereinement. Faire de l’exercice, pratiquer une activité créative ou encore voir vos amis sont aussi de bonnes idées. En cas de dépression sévère, un suivi psychologique est indispensable.
Des douleurs chroniques
Vivre avec une maladie qui provoque des douleurs chroniques, comme la polyarthrite rhumatoïde, l’arthrose ou la fibromyalgie, multiplie par trois le risque de dépression. Un vrai cercle vicieux, étant donné que la dépression est susceptible d’amplifier la douleur. La solution ? Faire de l’exercice, méditer ou encore écouter de la musique peut aider, en complément de la prise en charge médicale.
Le syndrome du nid vide
Vos enfants ont quitté la maison et cette dernière vous semble désespérément vide et silencieuse ? Vous pouvez être sujet à ce que l’on appelle le syndrome du nid vide, une forme de dépression qui se traduit par un sentiment d’abandon, d’ennui et d’angoisse à l’idée que vos enfants volent désormais de leurs propres ailes. La solution ? Essayer d’envisager le départ de vos enfants comme une opportunité pour vous adonner à de nouvelles activités, raviver la flamme avec votre conjoint, voir vos amis… Donnez-vous le temps de vous adapter et, si votre humeur ne s’améliore pas, parlez-en à votre médecin.
Une maladie chronique, comme le diabète
La dépression est une complication courante de nombreuses maladies chroniques, comme le diabète de type 2. Or, ce sentiment d’abattement et d’apathie peut vous empêcher de prendre soin de votre santé correctement (par exemple : vous êtes trop léthargique pour contrôler régulièrement votre glycémie). La solution ? Si vous êtes déprimé depuis plus de deux semaines, consultez votre médecin. Une psychothérapie, parfois couplée à la prise d’antidépresseurs, peut vous aider à aller mieux.
L’alcoolisme
Au fil du temps, le petit verre de vin occasionnel s’est transformé en vin de table et les apéritifs sont devenus de plus en plus fréquents. En particulier lorsque vous traversez des périodes de stress. Or, une consommation excessive d’alcool peut déclencher une dépression. Un cercle vicieux s’ensuit alors, puisque le mal-être ressenti peut vous inciter à boire davantage… ce qui ne fera qu’aggraver davantage votre dépression. La solution ? Une psychothérapie, couplée à un traitement médicamenteux, peut aider à traiter la dépendance à l’alcool et la dépression.
La solitude
Si le lien social peut aider à prévenir ou à soulager la dépression, le manque de lien social, à l’inverse, la favorise. En outre, certains types de liens sociaux semblent meilleurs que d’autres, au regard de la science. Une étude menée auprès de personnes vivant dans une communauté de retraités a révélé que ceux qui restaient en contact avec d’autres amis, vivant ailleurs, souffraient moins de dépression que ceux qui ne pouvaient compter que sur le soutien de leur communauté. La solution ? Maintenez du lien avec votre famille et vos amis, en passant du temps avec eux, mais aussi en communiquant par téléphone ou par le biais d’Internet.
Les troubles du sommeil
Les insomnies et autres troubles du sommeil peuvent se faire plus fréquents avec l’âge. Or, le manque de sommeil peut entraîner, à la longue, un état dépressif - tout comme, à l’inverse, la déprime et l’anxiété perturbent la qualité de vos nuits. La solution ? Parlez-en à votre médecin, qui vous aidera à soigner vos troubles du sommeil. Adaptez également votre hygiène de vie : pratiquer une activité physique quotidienne, couchez-vous et levez-vous à des heures régulières, dînez tôt et léger, évitez les excitants comme la caféine, l’alcool et la nicotine.
La retraite
Le passage à la retraite est une transition importante et peut être mal vécu, en particulier si cette retraite est anticipée et contrainte - en raison d’un problème de santé ou d’une restructuration de votre entreprise, par exemple. Des facteurs tels que l’insécurité financière ou le manque de lien social contribuent à rendre cette période difficile à vivre. La solution ? Profitez de ce nouveau temps libre pour vous adonner à de activités qui vous plaisent et acquérir de nouvelles compétences. Prenez des cours, faites de l’exercice, allez au musée, regardez des films étrangers…
La prise de médicaments
Plusieurs médicaments, comme les antihypertenseurs ou certains antibiotiques, antiarythmiques, stéroïdes, traitements contre l’acné… peuvent être associés à une dépression ou à des modifications de l’humeur. La solution ? Vérifiez avec votre médecin si votre état dépressif pourrait être un effet indésirable de votre traitement et demandez-lui s’il est possible de remplacer ce dernier. En revanche, n’interrompez jamais votre traitement sans avis médical.
Un début de démence
Vous vous sentez parfois confus et oubliez de plus en plus de choses ? Il peut s’agit d’un signe précoce de déclin cognitif, voire de démence. Or, la dépression est plus fréquente chez les personnes atteintes de démence, telle que la maladie d’Alzheimer. La solution ? Si vous ne savez pas ce qui cause vos symptômes, consultez votre médecin. Un traitement adapté peut ralentir l’évolution de la maladie.
Le deuil
Au fil des années, vous êtes de plus en plus susceptibles d’être confrontés à la perte d’un être cher : parent, conjoint, ami… Mais, dans certains cas, un chagrin profond et durable peut se transformer en dépression. La solution ? Accordez-vous le droit de pleurer et d’exprimer votre peine, en parlant à vos proches, à un groupe de soutien ou encore à un thérapeute. Ce dernier pourra vous aider à surmonter votre peine et à faire votre deuil.
Slideshow: Sneaky Depression Triggers as You Age, WebMD.com, 5 août 2020.
La dépression, en savoir plus pour en sortir, ministère des Solidarités et de la Santé : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/guide-8.pdf
Épisode dépressif caractérisé de l’adulte : prise en charge en soins de premier recours, HAS, octobre 2017 : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2017-10/depression_adulte_fiche_de_synthese_diagnostic.pdf
Dépression, Inserm : https://www.inserm.fr/dossier/depression/
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