Addiction : pourquoi certains hommes sont accros au sexeAdobe Stock

Une équipe de chercheurs de l’université d’Umeå (Suède) et de la faculté de médecine de l'Université de Chypre à Nicosie assure avoir fait une avancée sur la compréhension des troubles hypersexuels. Les hommes addictent au sexe semblent avoir un taux d’ocytocine plus élevé que ceux n’ayant pas de besoins démesurés.

L’ocytocine au cœur de la dépendance sexuelle

La dépendance sexuelle se caractérise par une perte de contrôle sur la libido. Les personnes qui en souffrent, ont des comportements sexuels excessifs et persistants liés à divers états d'humeur. Ils ne peuvent s’empêcher d’avoir des rapports intimes malgré un sentiment de honte et de culpabilité ou de possibles conséquences négatives comme des blessures génitales, des maladies.

Pour tenter de mieux comprendre ce trouble, les chercheurs ont analysé des échantillons de sang de 64 hommes atteints d’une addiction au sexe et de 38 participants ne connaissant pas ce problème. Ils ont découvert que les patients hypersexuels avaient des niveaux plus élevés d'ocytocine dans leur sang. Il s’agit d’une hormone produite par l'hypothalamus et sécrétée par l'hypophyse, baptisée également l’hormone de l’amour. Ce neuropeptide est connu pour jouer entre autres un rôle dans l’attachement, le rapprochement entre deux personnes et la sexualité.

Lors du second volet de l’étude, 30 participants atteints d’addiction au sexe ont suivi un programme de thérapie cognitivo-comportementale. Les chercheurs ont constaté une réduction significative de leur taux d'ocytocine après le traitement.

"L'ocytocine joue un rôle important dans la dépendance sexuelle et peut être une cible médicamenteuse potentielle pour un futur traitement pharmacologique", a assuré l'auteur principal de l'étude, le Pr Andreas Chatzittofis de la faculté de médecine de l'Université de Chypre à Nicosie et de l'Université d'Umeå.

Néanmoins, des recherches supplémentaires seront nécessaires pour établir une prise en charge efficace. Ces travaux, publiés dans la revue scientifique Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, laissent penser qu’un traitement médicamenteux réduisant le taux d’ocytocine ainsi qu’un suivi thérapeutique pourraient aider à réduire les comportements hypersexuels.

Comportement sexuel compulsif : un désordre mental reconnu en 2018

L’hypersexualité est-elle vraiment une pathologie ? La question reste en suspens. L’OMS a fait connaître son avis en 2018. L’organisation mondiale a classé les comportements sexuels compulsifs comme un “désordre mental” lors de sa révision de la classification internationale des maladies. Ces troubles sont “caractérisés par un échec persistant du contrôle des impulsions sexuelles intenses, répétitives ou des fortes envies aboutissant au comportement sexuel répétitif". Si cette dépendance semble plus fréquente chez les hommes, les femmes peuvent aussi en souffrir.

Les symptômes sont :

  • des activités sexuelles répétitives devenant un point central de la vie de la personne. Elle peut en négliger sa santé, ses intérêts, des activités et des responsabilités ;
  • des efforts infructueux pour réduire significativement le comportement sexuel répétitif ;
  • continuer à avoir des rapports sexuels malgré des conséquences négatives, ou en ne tirant que peu ou pas de satisfaction.

On parle d’addiction au sexe lorsque les impulsions ou les pulsions sexuelles intenses sont présentes sur une période de 6 mois ou plus. Par ailleurs, le comportement doit provoquer une détresse significative sur le plan personnel, familial, social, éducatif, professionnel, ou d'autres domaines importants de fonctionnement.

Sources

https://www.newswise.com/articles/men-with-sex-addiction-may-have-elevated-levels-of-the-love-hormone

https://academic.oup.com/jcem/advance-article/doi/10.1210/clinem/dgac015/6516736

mots-clés : sexe, Sexualité, homme
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