La majorité des personnes atteintes par le coronavirus s'en sortent sans encombre après avoir subi quelques symptômes bénins. Mais malheureusement, des patients considérés comme guéris n'en ont toujours pas fini avec le virus... Certains d'entre eux développent une embolie pulmonaire, plusieurs jours après la guérison.
Covid-19 et embolie pulmonaire : une complication courante ?
Rappelons tout d'abord ce qu'est une embolie pulmonaire. C'est l'obstruction d'une ou plusieurs artères irriguant le poumon. Ce blocage est le plus souvent causé par un caillot sanguin (phlébite ou thrombose veineuse) qui voyage jusqu'aux poumons à partir d'une autre partie du corps, très souvent à partir des jambes.
Or, il s'avère que cette obstruction est l'une des complications courantes du Covid-19.
D'après une étude publiée le 6 mai dans les Annals of Internal Medicine, chez les patients atteints du Covid-19, il est fréquent que des caillots sanguins dans les veines profondes surviennent. Les médecins assistent ainsi à une hausse des maladies thromboemboliques veineuses chez les malades.
Une autre étude, menée par le Dr Franck Grillet au CHU de Besançon, a observé que sur une base de 100 patients atteints du coronavirus, 23 d'entre eux avaient une embolie pulmonaire aiguë.
Par ailleurs, les patients avec embolie pulmonaire étaient plus fréquemment admis aux soins intensifs que ceux sans embolie pulmonaire, puisqu'ils nécessitaient une ventilation mécanique.
Au final, cette étude montre que 23% des patients Covid-19 sont sujets à une embolie pulmonaire aigüe, le plus souvent associée à une ventilation mécanique invasive et au sexe masculin.
Au total, presque un patient sur cinq touché par le Covid-19 développe une embolie pulmonaire, c'est cinq fois plus que la normale (1 à 5 % pour les patients en réanimation habituellement).
Embolie pulmonaire : les jeunes, plus touchés ?
D'après le média "L'essentiel", les médecins s'inquiètent d'une augmentation des cas d'embolies pulmonaires chez des patients jeunes âgés de 20 à 30 ans.
Chose étonnante : certains d'entre eux ont contracté une forme légère de Covid-19, en ont guéri, et ont développé, par la suite, une embolie.
C'est notamment le cas de Cyril, un jeune homme de 20 ans originaire de la région parisienne, interviewé par le média.
30 jours après avoir contracté le coronavirus, il s'est réveillé avec "les poumons bloqués". Heureusement, il s'en est sorti, mais le jeune homme est toujours très diminué aujourd'hui.
Le professeur Paul Garner, spécialiste des maladies infectieuses à Liverpool, qui a lui-même vécu une convalescence longue, estime, que des cas similaires sont nombreux.
"Je ne sais pas si c’est viral ou post-viral, mais il est certain que le Covid-19 a des effets sur les poumons, le cœur et le système de coagulation qui peuvent nous tuer", révèle-t-il auprès du quotidien.
Il faudra attendre toutefois des études plus approfondies sur l'âge des sujets pour confirmer ces faits.
Comment déceler une embolie pulmonaire ?
Lorsqu'un patient souffre de problèmes respiratoires liés au Coronavirus, un scanner thoracique est prescrit afin d'observer le niveau d'infection des poumons.
L'angioscanner pulmonaire, est tout particulièrement utile : il permet de déceler avec des "produits de contraste" une embolie pulmonaire.
Le problème ? Les images montrent parfois "des poumons peu atteints, alors que l’état du patient nécessitait de la réanimation, une intubation, et débouchait parfois sur un décès", déplore le Pr Delabrousse, auteur de l'étude citée précédemment et publiée par une équipe du CHU de Besançon.
Des caillots qui peuvent se former dans les membres inférieurs
Or, comme une embolie trouve généralement sa source dans de gros caillots formés dans les jambes, ces travaux soutiennent que le Covid-19 provoque, en réalité, la formation d’une galaxie de minuscules caillots directement dans les petits vaisseaux des poumons. Le propre de notre article, c’est de dire qu’il faut injecter tout le monde avec du produit de contraste. Car dès lors qu’on repère une embolie pulmonaire, c’est traitable
, souligne le Pr Delabrousse.
Les facteurs de comorbité associés - diabète, obésité, hypertension, etc - expliquent en partie l'écart entre l'état des poumons - parfois peu atteints - et les décès assez rapides des malades. En attendant, de nombreux chercheurs tentent d’aller plus loin pour comprendre les mécanismes de l'embolie chez les patients Covid-19.
Quoi qu'il en soit, une meilleure détection des embolies pulmonaires permettrait un traitement optimal de ce problème vasculaire, et ferait potentiellement baisser le taux de mortalité global du coronavirus.
Embolie pulmonaire due au Coronavirus : quels traitements ?
Les personnes atteintes du Covid-19 et qui souffrent d'embolies pulmonaires peuvent être soignées.
Pour ce faire, elles doivent être détectées à temps et admises en réanimation.
Elles y reçoivent ensuite un traitement anticoagulant, qui comprend souvent de l'héparine ou des traitements anticoagulants oraux comme l'AVK ou l'AOD (en prenant en compte les risques d’instabilité et d'interactions médicamenteuses, ndlr), afin de fluidifier le sang et de permettre une meilleure oxygénation.
En cas de thrombose des membres inférieurs associée, une contention veineuse peut être envisagée.
Traitement anticoagulant : il ne suffit pas toujours à améliorer l'état du malade
Le but du traitement est de créer une hypocoagulabilité suffisante pour dissoudre le caillot, empêcher le développement d’autres thromboses et prévenir la migration d’embolies (ce qui arrive souvent chez les malades du Covid-19).
Sous l'effet du traitement anticoagulant, l'amélioration est rapide, souvent au bout de quelques heures (au maximum 48h).
Cependant, l'aggravation est possible au cours des premières heures imposant le recours à un acte chirurgical (embolectomie) ou au traitement thrombolytique.
Mais malgré ces différentes solutions, le décès reste très fréquent.
Il est également possible que le patient ne supporte pas le traitement anticoagulant. C'est le cas notamment de l'acteur Nick Cordero, atteint du Covid-19 en avril, qui a du se faire amputer suite à un problème de coagulation dans les jambes.
Guéris du Covid-19, des jeunes font des embolies, L'Essentiel, 23 mai 2020.
Deux études françaises confirment l'embolie pulmonaire souvent associée au COVID-19, Thema Radiologie, 27 avril 2020.
Embolie pulmonaire aiguë associée à une pneumonie au COVID-19 détectée par angiographie CT pulmonaire, Radiology, 23 avril 2020.
Covid-19 : ce que les autopsies nous apprennent sur les caillots sanguins et embolies pulmonaires, Le Monde, 11 mai 2020.
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