Jusqu’à maintenant, nous pensions que le coronavirus n’était pas arrivé sur le sol Français avant la fin du mois de janvier. Mais si nous nous étions trompés ? Selon une équipe de l’hôpital Jean Verdier (Seine-Saint-Denis), le premier cas de Covid-19 dans l’Hexagone pourrait remonter au 27 décembre dernier.
Covid-19 : le premier cas Français remonterait au 27 décembre 2019
Le premier cas officiellement répertorié de Covid-19 en France date du 24 janvier. Invité sur le plateau de BFMTV, dimanche 3 mai, le professeur Yves Cohen, chef du service réanimation des hôpitaux Avicenne à Bobigny, et Jean Verdier à Bondy, affirme que le virus circulait déjà sur notre territoire un mois plus tôt.
“Nous avons eu un cas positif au Covid-19, le 27 décembre dernier, quand il était hospitalisé chez nous à Jean-Verdier”, explique-t-il. Ce patient, hospitalisé pour une pneumonie fin décembre, pourrait bien être le patient zéro de l’épidémie sur notre territoire. Autrement dit, la première personne contaminée par le virus en France.
À l’époque, les soignants ne pensaient pas encore au coronavirus lorsqu’ils ont examiné le patient, pour la simple et bonne raison qu’il commençait seulement à faire parler de lui en Chine. Le diagnostic de Covid-19 a donc été posé rétrospectivement, après avoir conduit des tests sérologiques sur 24 patients atteints de pneumonie entre décembre et janvier.
Une analyse rétrospective des tests PCR de 24 patients
“On a repris toutes les PCR (polymerase chain reaction, ndlr) testées chez des patients atteints de pneumonie en décembre et janvier pour lesquels le diagnostic était négatif. Puisque les tests PCR, ce n’est pas nouveau, on ne les fait pas pour le Covid-19, mais pour la grippe et d’autres coronavirus. [...] Et sur les 24 patients, nous avons eu un cas positif au Covid-19, le 27 décembre, quand il était hospitalisé chez nous, à Jean Verdier”, a rapporté le Pr Cohen sur le plateau de BFMTV.
Le Dr Olivier Bouchaud, infectiologue au sein de l’hôpital Avicenne, confirme avoir eu connaissance de ces résultats. “Des prélèvements de PCR sur un patient montrent bien qu'il a développé un Covid. Nous avons bien eu un premier cas en France dès le 27 décembre. Ces prélèvements PCR dans les poumons avaient été gardés et on a pu les réanalyser”, rapporte-t-il au Parisien.
Des tests positifs au Covid-19, après une double vérification
Pour l’expliquer plus simplement, ce patient (et plusieurs autres) avait été testé pour la grippe saisonnière en décembre, lors de son hospitalisation. Le résultat était négatif. Quelques mois plus tard, le personnel hospitalier a eu l’idée de se replonger dans ces anciens prélèvements, en cherchant cette fois-ci des traces d’une possible infection au Covid-19. Qui s’est avérée positive.
“Ça matche, et on recontrôle la PCR deux fois, et ça matche toujours”, précise le Pr Cohen. À l’issue de cette double vérification, l’équipe de l’hôpital Jean Verdier n’a plus de doute : “ce patient avait le Covid-19, le 27 décembre 2019”. Leur découverte va être publiée la semaine prochaine, dans une revue scientifique.
Ce patient a pu être contaminé par sa femme
Aujourd’hui, l’homme en question est sorti de l’hôpital et en bonne santé. Mais lorsque l’hôpital Jean Verdier le contacte pour lui annoncer qu’il souffrait en fait du Covid-19 au mois de décembre, et non d’une simple pneumonie comme il le pensait, il tombe des nues. "Il était étonné, il ne comprenait pas comment il avait été contaminé”, indique le Professeur Yves Cohen.
Une enquête a donc été menée par le personnel hospitalier, pour tenter de déterminer la source de cette infection. "Nous avons appelé le patient. Il a été malade 15 jours et il a contaminé ses deux enfants, mais pas sa femme, qui travaille dans un supermarché, à l'étal des poissons”, explique le médecin réanimateur.
“On se demande si elle n'a pas été atteinte ainsi de manière asymptomatique”
Son équipe se demande d’abord si la contamination a pu avoir lieu avec d’éventuels poissons d’origine chinoise. Une hypothèse vite écartée, puisque la femme du patient “ne travaille que sur des produits français”. Mais peu à peu, les pièces du puzzle se reconstituent.
En creusant encore un peu, les médecins découvrent que cette dernière travaille près du stand de sushis, tenu par des personnes d’origine chinoise. “On se demande si elle n'a pas été atteinte ainsi de manière asymptomatique”, précise le Pr Cohen. Le patient n’ayant fait aucun voyage, il est donc très probable qu’il ait été infecté par sa femme. “On ne peut pas aller plus loin, mais je pense que c'est à une autre institution de faire les enquêtes”.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, le patient, sa femme et leurs enfants sont parfaitement rétablis.
Peut-on être sûrs qu’il s’agit du patient 0 ?
Si la femme du patient testé positif au Covid-19 le 27 décembre dernier est peut-être à l’origine de cette contamination, celle-ci ne peut toutefois pas être considérée comme le patient 0. D’une part, parce qu’elle n’a développé aucun symptôme - elle serait donc, au plus, un patient asymptomatique. D’autre part, car les soignants n’ont pas encore la preuve qu’elle ait elle-même été infectée par le virus, et qu'elle l'ait bien transmis à son mari.
Quant à l’homme hospitalisé, il pourrait bien être le patient 0… Jusqu’à preuve du contraire. Car s’il a pu contracter le virus sans voyager, c’est probablement parce qu’il y avait déjà d’autres cas à proximité de chez lui - voire ailleurs sur le territoire Français, comme l’explique le Professeur Cohen.
"Il est peut-être le patient zéro, mais peut-être qu'il y en a d'autres dans d'autres régions. Il faut retester toutes les PCR négatives pour les pneumonies. Le virus circulait probablement", assure le médecin.
Coronavirus: le professeur Cohen affirme qu'il y avait un cas de Covid-19 en France dès le 27 décembre, BFMTV, 3 mai 2020.
Coronavirus : un premier cas en France dès le 27 décembre, Le Parisien, 3 mai 2020.
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