Et si les formes graves du Covid-19 continuaient à affecter notre santé après la guérison ? C’est la conclusion d’une équipe de chercheurs américains, qui ont publié une étude dans la revue scientifique Cell le 18 août 2023. D’après eux, la contraction du virus SARS-CoV-2, lorsqu’il entraîne des formes graves du Covid-19, peut entraîner des altérations sur le long terme du système immunitaire inné.
Note : on appelle système immunitaire inné la réponse immunitaire immédiate, en opposition au système immunitaire adaptatif, une réponse qui apparaît plus tard mais qui est plus efficace.
Covid-19 : une explication à la persistance des symptômes ?
Selon cette étude, ces altérations sur le long terme du système immunitaire inné pourraient expliquer pourquoi certaines personnes souffrant de Covid long ont des inflammations de forte intensité dans tout le corps.
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont analysé les cellules immunitaires et les molécules présentes dans les échantillons sanguins de 38 personnes en train de guérir d’une forme grave du Covid-19 et d’autres maladies graves. En parallèle, ils ont constitué un groupe contrôle de 19 personnes en bonne santé. Les scientifiques ont ainsi découvert une nouvelle technique pour collecter et examiner des cellules souches hématopoïétiques très rares qui circulent dans le sang ; ils n’avaient donc pas besoin de les extraire de la moelle osseuse des participants.
Les auteurs de l’étude parue dans Cell ont identifié dans ces cellules souches des modifications à l’origine de l’activation ou de la désactivation de certains gènes. Ces modifications sont transmises aux cellules filles (les nouvelles cellules engendrées par une division), ce qui favorise la production de cellules immunitaires appelées monocytes.
Covid-19 : des changements inflammatoires un an après
Dans les monocytes des personnes en train de guérir d’une forme grave du Covid-19, ces modifications de l’expression des gènes leur fait pomper davantage de cytokines inflammatoires.
Les chercheurs ont observé ces changements même un an après l’infection initiale au Covid-19. Plus particulièrement, une cytokine inflammatoire appelée interleukine 6 pourrait jouer un rôle dans les changements de l’expression génétique. Cependant, du fait du faible nombre de volontaires, ils n’ont pas été en mesure d’établir une association directe entre les changements cellulaires et moléculaires et les répercussions sur la santé.
SARS-CoV-2 peut entraîner des modifications de l’expression génétique
Les scientifiques ont testé cette hypothèse sur des souris souffrant d’une maladie similaire au Covid-19 et sur des humains atteints du Covid-19. Certains des sujets ont reçu des anticorps au début de la maladie, ce qui a empêché l’interleukine 6 de se lier aux cellules. Pendant la guérison, les souris et les sujets humains avaient des niveaux de production de cytokines inflammatoires moins élevés que les sujets qui n’avaient pas reçu d’anticorps. De plus, chez les souris qui avaient reçu des anticorps, les poumons et le cerveau étaient moins endommagés.
Ces résultats suggèrent que le virus SARS-CoV-2 peut entraîner des modifications de l’expression génétique qui finissent par favoriser la production de cytokines inflammatoires, et l’une de ces cytokines pourrait expliquer le Covid long en induisant des changements dans les cellules souches, même après avoir guéri du Covid-19.
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