- 1 - Prolapsus utérin : la descente de l’utérus dans le petit bassin
- 2 - "Que l’utérus sorte, c’est très rare"
- 3 - Non, une femme sur deux ne connaîtra pas un prolapsus utérin entre 50 et 79 ans
- 4 - On peut retrouver le vagin dans la vulve
- 5 - Plus fréquente que l'hystérocèle : la rectocèle
- 6 - Une rééducation du périnée seule ne guérit pas
Sa vidéo, repérée par la version américaine du HuffPost, est devenue virale sur TikTok : une jeune femme appelée Lenii a affolé les femmes présentes sur ce réseau social en parlant d'un problème de santé gynécologique tabou. “Votre utérus tombera quand vous serez plus âgée et il faudra le replacer dans votre corps”, avertit Lenii en riant nerveusement.
Prolapsus utérin : la descente de l’utérus dans le petit bassin
Cette utilisatrice de TikTok fait ici référence au prolapsus utérin. Ce trouble définit la descente de l’utérus dans le petit bassin. Il peut s’associer à la descente du vagin, de la vessie, du rectum…
Un prolapsus utérin survient lorsque les moyens de fixation de l’utérus - les muscles releveurs du périnée et les ligaments - font défaut. Cet événement est favorisé par des grossesses répétées, un accouchement trop rapide ou s’étant accompagné de déchirures du périnée ou la naissance d’un gros enfant, en particulier après un forceps.
Pour mieux comprendre ce phénomène, la gynécologue Odile Bagot, autrice de Vagin & cie : on vous dit tout ! (Mango Éditions, 2019), fait pour Medisite un petit rappel anatomique. "Il faut bien distinguer le petit bassin et le périnée. Le petit bassin, on ne le voit pas, c'est la partie de l'abdomen sous le nombril. Ce petit bassin a un fond limité par le périnée. Le périnée est quant à lui une sorte de hamac musculaire qui va en avant de la symphyse pubienne, à l'arrière au coccyx."
La gynécologue poursuit : "Notre périnée est traversé devant par l'urètre, au milieu par le vagin et derrière par le rectum. La paroi entre la vessie et le vagin, c'est une seule paroi. Entre le vagin et le rectum, c'est également une seule paroi. L'utérus est au fond du vagin. Ce qu'on en perçoit quand on touche, c’est son col. Avec l'âge, la ménopause et la perte d’oestrogène, tous les tissus du petit bassin, soit les parois, vagin / vessie, la paroi vagin / rectum et les tissus qui retiennent l'utérus vers le haut dont les ligaments sacro-utérins, vont se distendre, d'autant plus quand on a du surpoids et qu'on a eu de nombreux accouchements avec de gros bébés."
"Que l’utérus sorte, c’est très rare"
La vidéo de Lenii, qui a cumulé plus de 9 millions de vues, a généré de nombreux commentaires de femmes ayant connu un prolapsus utérin. Et pour cause : d'après la Haute autorité de santé (HAS), entre 30% et 50% des femmes de tous âges pourraient être concernées par cette maladie génitale. D'après l'article du HuffPost cité plus haut par ailleurs, ce trouble touche une femme sur deux âgée de 50 à 79 ans.
Des chiffres qu'Odile Bagot tempère, craignant que de nombreuses femmes s'inquiètent à tort. "Que l’utérus sorte, c’est très rare. Ce qui arrive parfois, c’est qu'on commence à sentir une boule entre les lèvres, un peu dure : c'est le col de l'utérus. C'est rare aussi, parce qu’on a deux choses qui se combinent souvent : un utérus un peu descendu avec le col qui s'allonge - ça s'appelle un allongement hypertrophique du col - et le col qui affleure lors d’efforts de poussée, comme à la selle. Certaines femmes sont obligées de remonter le col, mais c'est rare", assure la médecin.
Non, une femme sur deux ne connaîtra pas un prolapsus utérin entre 50 et 79 ans
Elle développe : "Ce qui est beaucoup, beaucoup plus fréquent et qu'on appelle la cystocèle, c'est quand la paroi entre la vessie et le vagin se distend et commence à faire une espèce de sac vers le bas : c’est ça qu’on va ressentir à l'extérieur. Si on écarte les lèvres et qu’on pose un miroir, on peut voir cette partie un peu fripée : c'est la peau du vagin et de la vessie qui apparaît. C'est très fréquent."
Surtout, la docteure Odile Bagot le répète : non, une femme sur deux ne connaîtra pas un prolapsus utérin entre 50 et 79 ans ! "Tous les utérus vont descendre un peu, mais 99% des femmes ne s'en rendront pas compte. Peut-être que 1 à un ou 2% des femmes vont avoir l'utérus qui affleure au niveau de la vulve."
On peut retrouver le vagin dans la vulve
Il faut aussi différencier prolapsus utérin et allongement du col. "L e col, on va le sortir. Quand on opère une patiente, on peut se limiter à une amputation du col. Parce que le col, s’il commence à se faire 3 à 4 cm, le vagin en faisant une petite dizaine, s'il descend un peu, on va le retrouver à la vulve. C'est une opération très simple. Si ça ne suffit pas, soit l'utérus vient par voie basse et il suffit de tirer dessus, soit on peut être amené à faire une hystérectomie par voie basse si la femme est âgée."
En ce qui concerne le prolapsus utérin, “Les symptômes les plus fréquents sont une pression, une sensation de lourdeur dans le vagin, et l’impression que quelque chose est en train de sortir”, résume dans le HuffPost l’infirmière urgentiste américaine Jen Hamilton, membre de l’Association of Women’s Health, Obstetric and Neonatal Nurses.
Plus fréquente que l'hystérocèle : la rectocèle
Sous la vidéo TikTok de Lenii, les commentaires affluent. Morceaux choisis : “Eh ouais ! Je me fais opérer la semaine prochaine à cause d’un prolapsus utérin.Trois mots, les filles : exercices du périnée”, “C’est ce qui m’est arrivé”, “Hystérectomie”, peut-on lire, entre autres.
Pour mieux comprendre les expériences de ces patientes, il est essentiel, encore une fois, de faire un point anatomique, explique Odile Bagot. La médecin explique ainsi que le terme de prolapsus utérin peut être utilisé abusivement et que celui de "descente d'organe" est vaste et peut couvrir :
- la descente du rectum (rectocèle)
- la descente de l'utérus (hystérocèle)
- la descente du fond du vagin (colpocèle )
Une rééducation du périnée seule ne guérit pas
Dans tous les cas, une intervention chirurgicale est nécessaire. "Une fois que l'organe est descendu, il redescendra toujours. Une fois que les ligaments sont distendus, ils sont distendus, c’est comme l’élastique d’une culotte !" met en garde la docteure Bagot.
La médecin met aussi l'accent sur l'importance de la rééducation, même si elle ne "guérit" pas au sens propre du terme : "Une rééducation du périnée ne remonte pas l’organe. En revanche, si on a un périnée plus tonique, la petite descente du vagin et de la vessie ne pourra pas traverser au niveau de l’anus parce qu’il sera bien tonique et fermé. Les organes resteront donc restera au-dessus. Mais ça n’empêche pas les tissus de se distendre à cause de l'âge, et la rééducation n'a jamais, jamais fait remonter l'utérus, c’est impossible."
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