Pour Marie, la déprime de l’été a deux causes majeures : certains événements passés traumatisants et la pression sociale, accrue par la volonté de se montrer, omniprésente sur les réseaux sociaux. “J’ai perdu beaucoup de proches au mois de juillet, donc j'y associe l’été. Pour moi, c'est loin d'être quelque chose de léger. J'ai vécu un traumatisme, aussi, à cette période de l’année. J'ai l’impression que je me fous la pression pour être en forme mentalement.”
“Ma déprime estivale est purement conjoncturelle”
D'aussi loin qu’elle se souvienne, aucun été n’a jamais vraiment été agréable à vivre pour la trentenaire parisienne. “Je me rends compte que pendant l’année, je suis dans l'attente de ce moment-là, mais que ce ne sont jamais des périodes douces. J’ai souvent été beaucoup mieux moralement en novembre, alors que tout le monde s’accorde pour dire que c’est un mois pourri.” Mois de novembre pendant lequel elle n’hésite pas à s’asseoir en terrasse autour d’un café, enroulée dans un gros manteau.
Il y a deux ans, Marie est tombée gravement malade, en plein mois d’août. C’est aussi en août qu’elle s’est fait licencier. C’est, encore une fois, en août que son compagnon l’a quittée. “Ma déprime estivale est purement conjoncturelle, à la base. Car je fais partie des gens qui adorent la chaleur, qui adorent le soleil. J’ai vécu dans le Sud où il fait tout le temps beau et j'aime l’état léthargique de la chaleur”, confie la jeune femme.
“L’été, il y a toujours cette notion de performance”
Et puis il y a la pression sociale, celle qui nous oblige, en quelque sorte, à faire croire à notre entourage que nous profitons à fond de notre été, si possible au soleil. Comme l’explique le docteur en neurosciences et psychologue clinicien Albert Moukheiber : “Les vacances ne riment malheureusement pas avec oisiveté. Même si la pression n’est pas la même que le reste de l’année, il y a toujours cette notion de performance.” Résultat : des photos de plages, de petits déjeuners en terrasse et de voyages incroyables inondent nos réseaux dès l’arrivée des beaux jours.
“Mes parents, par exemple, se sacrifient toute l’année dans l'attente des deux semaines sous le cocotier à profiter. Mais on n'en profite pas : dans ma famille, les vacances ont toujours été une source énorme de conflit et de stress. Je pense que c'est parce qu’il y a une énorme pression pour que ça soit réussi et qu’on mettait toutes nos économies là-dedans. C’est une forme d'injonction à se détendre complètement contre-productive”, analyse Marie.
Profiter de l’instant présent
Aujourd’hui adulte, elle ne profite pas davantage de la saison estivale. D’une part parce qu’elle travaille, d’autre part parce qu’elle n’a pas les moyens de se payer un “break”. Alors elle se compare aux autres, beaucoup. “Ça commence par le corps. Moi, j’ai de l’acné partout, je ne me vois pas me mettre en maillot de bain sur la plage. Je me sens un peu nulle, en marge de la société, j’ai la sensation de ne pas être comme tout le monde, car apparemment, tout le monde se sent bien !”
Hier, Marie a revu un vieil ami de passage à Paris. Celui-ci lui a exposé, sourire aux lèvres, le plan de ses vacances. “Il s'organise un vrai été : il est allé en festival et il part en Grèce. Je me dis que j’ai une vie de merde.” Heureusement, elle arrive à se raisonner : Marie a toujours préféré voyager hors saison, et elle tente de profiter de l’instant présent. “On peut passer de très bons moments, vacances ou non. Même en novembre quand il pleut.”
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