- 1 - La sleeve consiste à couper 2/3e de l’estomac
- 2 - 50% de risques de regrossir après s’il n’y a pas de suivi
- 3 - Des risques de fistules et de reflux
- 4 - On mange moins sans avoir faim
- 5 - Des résultats "phénoménaux" mais pas pour l’esthétisme
- 6 - Une opération suivie de nausées
- 7 - Une opération sous conditions
- 8 - Des différences avec l’anneau gastrique et le bypass
La sleeve consiste à couper 2/3e de l’estomac
Découverte par hasard au milieu des années 2000, la sleeve est la dernière des opérations chirurgicales permettant la perte de poids chez des personnes obèses.
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Sleeve : à partir de quel IMC ?Son principe : la sleeve est une technique restrictive et "hormonale" qui consiste à couper les deux tiers de l’estomac, le réuisant à un tube vertical. La partie retirée est celle qui contient les cellules qui sécrètent l’hormone stimulant l’appétit (ghréline). L’estomac est réduit à un tube vertical, les aliments passent rapidement dans l’intestin.
L’intervention est réalisée sous coelioscopie (autrement appelée "laparoscopie"). Dans certains cas mais c’est moins fréquent, elle peut être faite par laparotomie.
50% de risques de regrossir après s’il n’y a pas de suivi
Sachez-le : on peut regrossir après une sleeve. "La chirurgie n’est pas LE traitement de l’obésité, c’est important d’avoir conscience de cela, insiste le Dr Nicolas Veyrie, chirurgien digestif et de l'obésité. Elle ne doit pas être mise en opposition avec un suivi médical, psychologique et nutritionnel. Mais au contraire faire partie intégrante d’un accompagnement multidisciplinaire*. Il faut être suivi avant, pendant et après l’opération. Il n’y a rien de miracle."
Un avis que partage le Dr Jean-Yves Le Goff, chirurgien digestif laparoscopique et de l'obésité p our qui "le suivi pré et post-opératoire est aussi important que la chirurgie". Il souligne à ce titre qu’actuellement "40 à 50% des personnes regrossissent dans les 2 à 3 ans suivant une sleeve ou un bypass".
Pourquoi ? "Les gens qui conservent leurs anciennes habitudes peuvent à terme créer une dilatation de l’estomac" explique le Dr Veyrie. Et à la longue regrossir. D’où l’intérêt du suivi pour reprendre des habitudes et un rapport à la nourriture normales.
"La chirurgie n’est pas faite pour être réversible car l'obésité est une maladie que l'on a à vie. C’est un outil fort et radical" rappelle le Dr Veyrie. Ce que rejette le Dr Le Goff : "Je suis pour une intervention réversible donc contre le fait de retirer les 4/5e d’un estomac qui est sain, comme c’est le cas dans la sleeve. Il faut être le plus conservateur possible."
Ce dernier est à l’origine d’une nouvelle technique de chirurgie bariatrique dont il devrait prochainement donner les détails.
Des risques de fistules et de reflux
La sleeve n’est pas dénuée de risques. Il vaut mieux les connaître avant, comme pour tout acte chirurgical. Pour le Dr Nicolas Veyrie, il y a trois grandes complications, qui surviennent généralement dans les 2 à 3 premiers jours suivant l’opération :
- la plus fréquente et la plus redoutée : la fistule, c'est-à-dire une mauvaise cicatrisation et une fuite. Or, comme il y a des bactéries dans le contenu gastrique, cela peut entraîner un abcès ou une péritonite (infection généralisée de l'abdomen).
- l’hémorragie : l’estomac est l’un des organes le plus vascularisé de l’organisme.
- une complication médicale : la phlébite ou l’embolie pulmonaire.
Mais aussi :
- des risques de carences à cause d’un défaut d’absorption de certaines vitamines. "Elles sont moins importantes que pour le bypass mais il faut le savoir" précise le Dr Jean-Yves Le Goff.
- les reflux : "On enregistre 70% de reflux à 5 ans avec la sleeve, il faut parfois ré-opérer les gens pour leur poser un bypass" poursuit le Dr Le Goff.
- la mortalité : 0,5% des cas (toutes équipes confondues en France) dans les 30 premiers jours.
On mange moins sans avoir faim
Avoir recours à une sleeve modifie le comportement alimentaire. "Les gens mangent peu en quantité mais il y a un effet endocrinien qui fait qu’ils ont moins la sensation de faim donc pas ou peu de frustration" explique le Dr Veyrie. En cause : la partie retirée de l’estomac lors de la sleeve est celle qui fabrique la ghréline, une hormone qui joue un rôle dans la régulation de la satiété.
De plus "ils mangent quasiment de tout et ont autant de plaisir à manger qu’avant puisque ce plaisir vient de la sensation de satiété, pas dans la quantité".
Des résultats "phénoménaux" mais pas pour l’esthétisme
La sleeve permet de perdre entre 20 et 30% de son poids initial (ou 60 à 70% d'excès de poids). "Les résultats sont phénoménaux mais on ne la réalise pas pour l’esthétisme" insiste le Dr Nicolas Veyrie. "Elle est faite pour soigner les gens et améliorer leur confort de vie."
A savoir : il n’y a pas de vitaminothérapie suite à une sleeve, contrairement au bypass. Lors d’une sleeve, on doit prendre des vitamines pendant un certain laps de temps après l’opération mais pas à vie comme avec le bypass. Il est par ailleurs nécessaire qu'un médecin-nutritionniste assure un suivi de ces vitamines, par des prises de sang, et ce de façon itérative.
Une opération suivie de nausées
En moyenne, il faut compter 4 jours d’hospitalisation pour une sleeve. "Le plus dur ce sont les deux jours suivant l’opération, non pas à cause des douleurs, parce que l’opération est peu douloureuse en soi mais parce qu’il y a pas mal de nausées" prévient le Dr Veyrie.
Au bloc, la durée de l’intervention moyenne est d’1h-1h30.
Une opération sous conditions
En France, le recours à la sleeve nécessite une demande d’entente préalable à la Sécurité sociale pour être pris en charge. Cette entente préalable précise que l’IMC doit être supérieur ou égal à 35, et associé à une ou plusieurs comorbidités liés à l’obésité (diabète…), ou supérieur ou égal d'emblée à 40, pour avoir recours à l'opération.
Ces conditions sont identiques pour l’anneau gastrique et le bypass.
A savoir : la Haute autorité de santé (HAS) a listé plusieurs critères de qualité pour l’évaluation et l’amélioration des pratiques de chirurgie de l’obésité.
Des différences avec l’anneau gastrique et le bypass
L’anneau gastrique : la pose d’un anneau gastrique (gastroplastie par anneau ajustable) resserre la partie supérieure de l’estomac, donc diminue le volume de l’estomac et ralentit le passage des aliments. La digestion des aliments n’est pas perturbé et le sentiment de satiété augmenté.
Perte de poids : 40 à 60% de l’excès de poids (HAS).
Le bypass : Le bypass consiste à court-circuiter un 1,20 à 1,50 mètre d’intestin grêle en créant un raccordement plus court avec une petite poche gastrique. Cela diminue la quantité d’aliments ingérés et leur absorption. C’est une technique moins pratiquée en France car elle requiert une technicité très importante.
Perte de poids : 70 à 75% de l’excès de poids (HAS)
Dans tous les cas, il ne faut pas oublier que la chirurgie, seule, n’est pas LA solution pour maigrir. Elle doit être associée à un processus global. "Le but étant d’avoir un traitement pérenne, sur le long terme et qui améliore le plus possible la qualité de vie des patients" conclut le Dr Veyrie.
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