Quel rôle peut jouer le son d’avoine ?
Revenons-y pour suivre les sucres au moment où, mêlés au bol alimentaire, ils parviennent dans l’intestin grêle. Ils se trouvent là dans un long canal dont la paroi sépare le monde extérieur du sanctuaire intérieur, le sang. Si vous y réfléchissez, tout ce que vous avez mangé et qui s’apprête à passer en vous fut vivant, que ce soit du végétal ou de l’animal. Or, la fonction ultime de cette paroi est de ne laisser passer que des substances suffisamment décomposées en chaînons de base pour avoir perdu toute trace de leur appartenance à une autre espèce de vie. Si deux chaînons restaient liés entre eux, ils ne pourraient passer sauf à déclencher une réaction allergique ou un choc.
Vous comprendrez facilement que ce travail vital de démantèlement prend du temps et que ce temps dépend de la taille, de la complexité des molécules de sucre et de la résistance de leurs liens. Cela va de quelques chaînons peu liés pour les sucres simples des pains blancs à une multitude et bien soudés pour les sucres complexes des lentilles.
Ce détour, qui n’en est pas un si vous êtes dans le canal du pré-diabète, va vous permettre de mieux comprendre le rôle du son d’avoine sur la glycémie. Celui-ci, sous sa forme de filet gélifié, est constitué d’une succession de barrières et d’obstacles fibreux qui ralentit la progression et la pénétration des sucres dans le sang. Véritable police des frontières, il leur impose de passer en file plutôt qu’en bandes et les prive ainsi d’une partie de leur pouvoir de nuisance.
Imaginez, chez un "pré-diabétique", le devenir d’une cuiller à soupe de miel étalé sur une tartine de pain blanc consommée à jeun, deux sucres parmi les plus rapides et les plus pénétrants de la création. Leur entrée se fait par effraction dans le sang. Ils y déclenchent une réaction tout aussi violente du pancréas qui sera obligé de fouetter ses cellules pour secréter dans l’urgence la dose d’insuline nécessaire pour éviter un pic toxique de la glycémie.
Mais si la tartine miellée est consommée avec trois cuillers à soupe de son d’avoine, la pénétration sera canalisée et ralentie, ce qui épargnera à un pancréas déjà fatigué cette réactivité violente dont la répétition conduit à l’épuisement.
Si vous êtes dans la zone du pré-diabète, une glycémie comprise entre 1 à 1,26 g/litre, adoptez le son d’avoine, c’est une bénédiction pour votre pancréas qui n’aura plus à déclencher de plan "Orsec tri-quotidien" sans parler des éventuels grignotages sucrés.
Mais attention ! Le son n’a pas vocation à remplacer un régime pauvre en mauvais sucres et encore moins à se substituer aux médications du diabète, MAIS à se protéger dans cet espace d’indécision où seuls le régime et l’activité physique sont prescrits. Et dans ce sas d’attente, mon avis est que le son d’avoine est souverain.
La bonne dose est de trois cuillers à soupe par jour en début de repas, une le matin ou le midi et deux le soir si votre dîner est plus conséquent que votre déjeuner. Pour l’instant, consommez-le dans un laitage ou dans du lait, la place me manque pour vous décrire des préparations plus gastronomiques comme des crêpes, des galettes, des blinis, du pain, des fonds de pizzas ! Patience...
J’avais l’intention de traiter ici ensemble sucres et cholestérol mais la place me manque, je suis trop bavard. Le cholestérol attendra notre prochain rendez-vous dans quinze jours.
"Evaluator", par le Docteur Pierre Dukan. Le premier évaluateur alimentaire de poche, 1140 aliments testés, 4800 conseils. Éditions Le Cherche midi, 96 pages, 4,75 euros.
Docteur Pierre Dukan
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