Avec près de 60 000 nouveaux cas diagnostiqués en 2017, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme, mais aussi le plus meurtrier. Une nouvelle étude, présentée lors de la NCRI Cancer Conference 2019, apporte un vent d’espoir dans la lutte contre cette maladie. Le cancer du sein pourrait être détecté jusqu'à cinq ans avant l'apparition des signes cliniques, grâce à un test sanguin.

Ce test sanguin détecte la présence d’anticorps contre les tumeurs

Les cellules cancéreuses produisent des antigènes, protéines qui conduisent l’organisme à fabriquer des anticorps pour les combattre. Des chercheurs de l’Université de Nottingham, au Royaume-Uni, ont découvert que ces antigènes (TAAs) étaient de bons indicateurs du cancer.

Ils ont donc défini trois groupes de TAAs connus pour être associés au cancer du sein, et ont conçu un test sanguin permettant de détecter la présence d’éventuels anticorps destinés à les neutraliser. Si le sang des patients contient ces auto-anticorps, c’est qu’ils ont probablement une tumeur cancéreuse.

Identifier ces auto-anticorps permet de détecter le cancer

Pour élaborer ce test, les chercheurs - membres du Centre of Excellence for Autoimmunity in Cancer - ont prélevé des échantillons de sang chez 90 patientes atteintes d’un cancer du sein, au moment de leur diagnostic. Ils les ont comparés à des échantillons prélevés chez 90 femmes n’ayant pas de cancer, constituant le groupe témoin.

Grâce à une technologie de dépistage, ils ont pu rapidement détecter la présence d’anticorps contre 40 TAAs associés au cancer du sein, et 27 TAAs dont on ne connaissait pas le lien avec la maladie, dans ces échantillons de sang.

“Les résultats de notre étude ont montré que le cancer du sein induit des auto-anticorps dirigés contre des groupes d’antigènes spécifiques à la tumeur”, explique Daniyah Alfattani, doctorante qui a présenté cette étude lors de la conférence. “Nous avons pu détecter le cancer avec une précision raisonnable, en identifiant ces auto-anticorps dans le sang [des patientes]”.

Plus il y a d’antigènes, plus le test est précis

Dans les groupes contenant davantage d’antigènes, la précision du test était encore meilleure. Les chercheurs ont, en effet, déterminé trois groupes différents contenant cinq, sept et neuf TAAs. Dans le premier, le cancer du sein a pu être diagnostiqué dans 29 % des échantillons, contre 37 % dans le panel contenant neuf antigènes.

“Nous devons développer et valider davantage ce test” souligne Daniyah Alfattani. “Cependant, ces résultats sont encourageants et montrent qu’il est possible de détecter un signe précoce de cancer du sein. Dès que nous aurons augmenté la précision du test, nous pourrons améliorer la détection précoce de la maladie grâce à une simple prise de sang”.

Ce test sanguin pourrait être utilisé dans les hôpitaux d’ici quatre à cinq ans

À l’heure actuelle, les scientifiques continuent leurs recherches sur un groupe de 800 patients et un panel de neuf antigènes, de manière à rendre le test plus précis.

“Un test sanguin pour le dépistage précoce du cancer du sein serait rentable, et donc particulièrement utile dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires. Ce serait également une méthode plus facile à mettre en œuvre que les techniques actuelles, comme la mammographie”, indique la chercheuse.

Les universitaires estiment qu’avec un programme de développement entièrement financé, le test pourrait être disponible pour un usage clinique d’ici quatre à cinq ans.

Sources

Simple blood test for early detection of breast cancer, EurekAlert, 2 novembre 2019. 

mots-clés : dépistage, anticorps
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