Certains plats à base de poisson cru, comme le "Koi Pla", un plat traditionnel thaïlandais, seraient responsables du développement du cancer du foie chez la population. Un risque méconnu mais pourtant mortel développé par un parasite.
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Plat à base de poisson cru, de jus de citron et d’épices, le "Koi Pla" peut être porteur d’un parasite qui provoque un cancer du foie, le cholangiocarcinome. Selon BMC Cancer, il s’agit d’un cancer extrêmement agressif dont la connaissance reste encore limitée. On peut retrouver ce parasite dans les eaux du bassin du Mékong, et il peut rester plusieurs années dans le foie de l’individu sans que l’on ne le remarque.
La région du Mékong de l’Asie du Sud-Est, en particulier le nord-est de la Thaïlande, a la plus forte incide de cholangiocarcinome dans le monde : 135,4 pour 100 000 chez les hommes et 43,0 pour 100 000 chez les femmes dans la province de Khon Kaen.
Les scientifiques du BMC cancer expliquent que le cholangiocarcinome correspond à un cancer des voies biliaires. La bile est un liquide visqueux jaunâtre produit par le foie, d'où la possibilité du développement de la maladie.
Selon Hepatoweb*, "le cholangiocarcinome représente 3 % de l’ensemble des cancers digestifs. Il est la deuxième tumeur primitive du foie derrière le carcinome hépato cellulaire. Le pic d’âge des patients avec cette maladie est la soixante-dixième année et il y a une légère prépondérance des hommes. Aux Etats-Unis, l’incidence rapportée est de 1 à 2 cas par 100 000 soit 3 500 nouveaux cas par an." Il y aurait également une augmentation "significative de l’incidence du cholangiocarcinome intra-hépatique. Cette augmentation semble majeure en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, en Australie. Un peu moins significative en France, en Italie, en Japon [...]. Cette augmentation ne semble pas retrouvée pour le cholangiocarcinome extra-hépatique dont l’incidence semble stable ou en très légère diminution"
* Aspects cliniques récents du cholangiocarcinome, Professeur Didier SAMUEL, Centre Hépato Biliaire - Hôpital Paul Brousse
Thaïlande : faire prendre conscience du risque
Le Dr Narong Khuntikeo, médecin de l’université de Khon Khaen, affirme : "C'est un grave problème sanitaire ici... Cela affecte des familles, mais aussi le développement socioéconomique […].Mais personne n'en a conscience, alors les gens meurent en silence, comme les feuilles mortes tombent des arbres".
Avec des scientifiques, il se déplace dans la région de l’Issan afin de prévenir la population contre la consommation de ce plat traditionnel. Il raconte pourtant que ce n’est pas facile de faire changer les habitudes alimentaires des habitants : certains ne veulent pas cuire le plat pour ne pas altérer le goût, d’autres expriment le fait selon lequel il faut se plier à son destin, et que si celui-ci a décidé qu'ils développeraient un cancer du foie, alors ils ne peuvent pas faire autrement.
En 2015, un programme de dépistage et de soin, baptisé CASCAP (Cholangiocarcinoma Screening and Care Program), a vu le jour à l’Université de Khon Kaen, ville étudiante de l’Issan (Thaïlande) afin que la population prenne conscience du risque de ce poisson cru, et plus généralement de la tumeur. Le dépistage consiste à déterminer, par un examen d’au moins une fois par a n, s’il existe une voie biliaire et/ou une pathologie du foie, afin de faire un diagnostic précoce. BMC Cancer estime qu’environ 25 000 patients atteints seront inclus pendant la période de recrutement de 5 ans. Ils seront traités selon les soins cliniques et suivis pour qu’un traitement chirurgical efficace puisse être formulé.
Au moment de la préparation du rapport, 85 927 individus ont été inscrits pour le dépistage, dont 55% ont déjà subi un dépistage par ultrasons. 2661 cas de cholangiocarcinome ont été inscrits. Parmi les participants au dépistage, 77,5% n’avaient pas un niveau d’étude supérieur à l’école primaire. La plupart des patients sont observés lorsque le cancer est déjà bien développé, ce qui conduit à une forte mortalité : moins de 10% de la population peut y survivre plus de 5 ans.
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