"Le cadmium, substance omniprésente dans notre environnement, peut entraîner des risques pour la santé de l’Homme, exposé principalement via l’alimentation", alerte l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail) dans un nouveau communiqué.
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D'après un rapport de l'Anses publié le 27 juillet 2020, "les algues destinées à l’alimentation présentent, pour près d’un quart des échantillons analysés, des concentrations en cadmium supérieures à la teneur maximale de 0,5 milligramme par kilogramme fixée par le Conseil supérieur d’hygiène public de France (CSHPF)".
Or, les Français sont de plus en plus friands d'algues (notamment grâce à la popularisation de la cuisine japonaise et des makis, ndlr), alors qu'elles ont tendance à se charger en éléments métalliques, comme le cadmium.
Pour cette raison, l’Agence recommande de fixer la concentration maximale en cadmium dans les algues alimentaires à un seuil "aussi bas que possible".
Il apparaît aussi indispensable "de maîtriser l’apport en cadmium par les activités agricoles, et en particulier lors de l’épandage de matières fertilisantes dont les engrais minéraux phosphatés", poursuit l’Agence. En effet, certaines populations sont surexposées au cadmium par l’alimentation.
Malheureusement, le cadmium est un élément trace métallique très répandu dans l’environnement à l’état naturel en raison de l ’activité humaine, notamment agricole et industrielle. "Il pénètre facilement dans les végétaux par leurs racines et entre ainsi dans la chaîne alimentaire", prévient l’Anses.
Reconnu cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction, le cadmium peut affecter le système rénal et osseux chez l’Homme dans le cadre d’une exposition prolongée, notamment par voie orale via l’alimentation et l’eau de boisson.
Quels sont les autres aliments les plus contaminés ?
La source principale d’exposition au cadmium ? L’alimentation et le tabac. En 2011, l’Anses avait déjà mis en évidence le niveau de cadmium auquel est exposée la population et les risques sanitaires que cela implique. L’Agence avait recommandé d’agir à la source, en particulier au niveau des matières fertilisantes en partie à l’origine de l’augmentation de la concentration en cadmium dans les sols et, de surcroît, de sa teneur dans les aliments.
De son côté, le Centre Léon Bérard, Centre de lutte contre le cancer, confirme que les aliments constituent la principale source d’exposition au cadmium pour la population générale. "La population française est principalement exposée par voie orale par l’alimentation mais aussi par l’eau de boisson, partage le Centre Léon Bérard. Les aliments qui contribuent le plus à l’exposition au cadmium sont les pains et produits de panification sèche, les pommes de terre et dérivés, les légumes, les mollusques et crustacés [aliments les plus contaminés, ndlr]".
En outre, le centre de lutte contre le cancer mentionne aussi les végétaux à feuillage vert comme les salades, choux et épinards, ainsi que les céréales (blé) et le riz.
Enfin, les fumeurs sont aussi exposés à cette toxine par voie respiratoire. En effet, une cigarette contient aussi du cadmium. "L’exposition se fait sous forme de fines particules d’oxyde de cadmium, qui peuvent se déposer au niveau des alvéoles pulmonaires", ajoute le Centre.
Des risques de cancers et d’ostéoporose
Au terme de ses expertises, l’Anses a retenu le risque d’ostéoporose ou de fractures osseuses comme des conséquences du cadmium sur la santé humaine.
Une exposition prolongée au cadmium chez l’Homme peut aussi induire une atteinte rénale, des effets sur l’appareil respiratoire, des troubles de la reproduction ainsi qu’un risque accru de cancer. "Il est aussi suspecté d’entrainer des effets sur le foie, le sang et le système immunitaire", renchérit le Centre Léon Bérard.
L’exposition par inhalation au cadmium (les fumeurs) est susceptible de provoquer des cancers pulmonaires par l’inhalation de poussières ou de fumées de cadmium.
En outre, l’exposition au cadmium par voie orale (via l’alimentation) peut induire l’apparition d’autres cancers. "Une analyse réalisée en 2013 suggère une association entre la consommation de cadmium d'origine alimentaire et le risque de cancer dans les pays occidentaux, en particulier certains cancers hormonodépendants tels que la prostate, le sein et les cancers de l'endomètre", rapporte encore le Centre.
Cadmium : le niveau à ne pas dépasser selon l’Anses
Dans ses travaux d’expertise, l’Anses a évalué le cycle de contamination en cadmium en lien avec les matières fertilisantes et propose de nouveaux seuils afin d’éviter la survenue d’effets sanitaires et de mieux protéger les consommateurs. À ce jour, l’Anses propose une Valeur Toxicologique de Référence (VTR), ou Dose Journalière Tolérable par voie orale fixée à 0,35 microgramme de cadmium par kilogramme de poids corporel par jour.
"Pour un adulte de 60 ans, une concentration de 0,5 microgramme de cadmium est concentration critique, en supposant que l’ingestion soit la seule source d’exposition au cadmium", explique l’Anses.
D’autre part, l’Agence recommande que l’apport en cadmium par les matières fertilisantes (engrais industriel ou déchets utilisés pour fertiliser le fumier) n’excède pas un flux de 2 grammes de cadmium par hectare et par an.
"Ces seuils apparaissent indispensables pour réduire l’accumulation du cadmium dans les sols. L’application de ces seuils permettrait d’accroître la protection des populations exposées au cadmium par l’alimentation", conclut l’Anses.
L’Anses fait des recommandations pour limiter l’exposition au cadmium via la consommation des algues alimentaires, Anses, 27 juillet 2020.
Exposition au cadmium : l’Anses propose des valeurs limites pour mieux protéger les consommateurs et les travailleurs, Anses, 26 septembre 2019
Cadmium et ses composés, Centre Léon Bérard, Centre de lutte contre le cancer
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