Alimentation : peut-on se fier au Nutri-Score pour mieux manger ? Adobe Stock
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Qu’est ce que le Nutri-Score ?

En un coup d'œil, ce logo aux cinq couleurs peut vous aider à décoder les valeurs nutritionnelles d’un aliment. Lancé en 2017, le Nutri-Score a en effet pour but d’informer sur la qualité nutritionnelle d’un produit. Autrement dit, il permet d'obtenir une synthèse des informations nutritionnelles d’un aliment, sans avoir à décrypter le tableau de sa composition, souvent obscur. “Il score les aliments en fonction du taux de ‘bonnes’ ou ‘mauvaises’ graisses, de sucre, de sel ou encore de la quantité de fibres”, explique Sophie Janvier, nutritionniste à Paris. “À partir de ces informations, une note, plus ou moins favorable allant de A à E, va être attribuée à l’aliment.”

Grâce à cet outil, il est donc “plus facile” de comparer des produits du même rayon, de marques différentes ou consommés à la même occasion. “C’est relativement utile pour ne pas avoir à regarder le petit carré ‘valeur nutritionnelle’ qui n’est pas toujours facile à comprendre si on est pas informé”, complète la nutritionniste. Néanmoins, le Nutri-Score reste optionnel. “Les industriels choisissent ou non de l’apposer sur leurs produits”, indique Sophie Janvier.

Nutri-Score : faut-il toujours manger des aliments notés A ou B ?

Selon l'Observatoire de l'alimentation et Santé publique France, plus d'un Français sur deux aurait changé ses habitudes de consommation depuis la création du Nutri-Score. Par ailleurs, cet outil a été adopté par six autres pays européens : l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, le Luxembourg, le Pays-Bas et la Suisse. Pourtant, selon Sophie Janvier, il ne faut pas nécessairement se tourner vers des aliments notés A ou B. “Le Nutri-Score ne prend pas en compte de quelle manière un aliment est fabriqué, et plus particulièrement le degré de transformation des ingrédients qui composent cet aliment”, éclaire-t-elle. “Or, par exemple, il y a une différence entre le blé et la maltodextrine. Faite à partir de blé, la maltodextrine aura perdu toutes ses fibres et sera pauvre nutritionnellement.” Or, on peut retrouver des aliments notés A ou B qui contiennent de la maltodextrine et bien d’autres ingrédients qui ont subi des transformations industrielles. “Ils peuvent aussi inclure des additifs”, note Sophie Janvier.

Le Nutri-score est-il fiable ?

Pour ce qui est de la fiabilité de ce Nutri-Score, “j’ai tendance à dire que c’est mieux que rien, car cela éclaire sur la qualité nutritionnelle du produit”, témoigne la nutritionniste. Mais cet avis n’est pas celui des détracteurs du logo, qui explique qu’il faut d’abord prendre en considération la manière dont a été fabriqué le produit. “Il faudrait essayer d’améliorer le Nutri-Score pour qu’il prenne en compte la question des ingrédients ultra transformés et des additifs”, indique Sophie Janvier. “Par exemple, les sucres naturels et ajoutés ne devraient pas être sur le même plan, parce qu’ils n’ont pas le même effet métabolique. À quantité égale, une figue séchée a plus de sucre qu’un soda, mais c’est du sucre naturel. Mais finalement, la figue sera bien plus favorable pour la santé que le soda”.

“Le Nutri-Score a tendance à considérer que dès qu’un aliment contient des acides gras saturés, la note doit baisser”

Dans le même esprit, considérés trop gras par le Nutri-Score, certains produits du terroir comme le fromage, n’obtiennent pas une bonne note. “Ils contiennent des matières grasses dites ‘saturées’, généralement considérées comme de mauvaises graisses", explique Sophie Janvier. "Mais en même temps, il s’agit là d’un certain type d’acides gras d’origine laitière, dont les études scientifiques montrent qu'ils ne sont pas vraiment problématiques pour la santé si on n'en abuse pas”. En plus, “les fromages contiennent des probiotiques naturels, c’est-à-dire des bonnes bactéries favorables à la santé intestinale, et ça, le NutriScore ne le prend pas en compte”.

Finalement, “le Nutri-Score a tendance à considérer que dès qu’un aliment contient des acides gras saturés, la note doit baisser”, indique-t-elle. “Or, il est difficile de comparer un aliment qui contient naturellement ces graisses et un produit auquel on aura volontairement ajouté des matières grasses de mauvaise qualité, comme l’huile de palme ou, pire, les matières grasses hydrogénées ou partiellement hydrogénées, d’origine industrielle”. Par ailleurs, pour la nutritionniste, le fait que le meilleur score attribué à une huile d’olive ou de colza soit C reste problématique. “Cela a sa justification, car c’est gras et calorique, mais c’est tout de même ce qu’il y a de mieux en matière d’acides gras.”

Régime : comment mieux choisir son alimentation ?

Idéalement, privilégiez au maximum les aliments bruts, sans emballage. Toutefois, il y a des exceptions. “Les légumes surgelés nature sont certes emballés, mais ils restent des aliments bruts qui bénéficient d’ailleurs d’un Nutri-Score A”, fait remarquer la nutritionniste. Autre bon réflexe, faire attention à la liste des ingrédients. “S’il y a dans la liste des mots que vous ne comprenez pas ou que vous n’avez pas dans notre placard, vigilance. Cela signifie que vous êtes vraisemblablement face à un produit ultra-transformé”, avertie Sophie Janvier.

Par ailleurs, il semble que des révisions soient en préparation. “On parle d’apposer un carré noir, en plus du Nutri-Score, qui permettrait d’indiquer si le produit est ultra transformé. Mais cela risque de ne pas être assez, car selon la nutritionniste, le degré de transformation est le critère le plus important. En effet, de nombreuses études épidémiologiques ont montré que le premier facteur de risque en alimentation, toutes maladies chroniques confondues, était le côté industriel des aliments. “C’est ce qu’on appelle l’effet matrice”, indique la nutritionniste. Après avoir subi des transformations industrielles, l'aliment perd en quelque sorte "sa structure", ce qui appauvrit sa qualité nutritionnelle. Pour Sophie Janvier, il faut garder en tête qu'il faut "manger le plus vrai possible, des aliments simples, bruts, que l'on peut cuisiner." Par ailleurs, "il ne faut pas oublier que l’équilibre alimentaire ne se joue pas sur un aliment ni même une journée", rassure-t-elle.

Sources

Merci à Sophie Janvier, nutritionniste

https://www.francetvinfo.fr/sante/alimentation/video-le-nutri-score-est-il-vraiment-un-outil-fiable_5131846.html

https://www.mangerbouger.fr/manger-mieux/s-informer-sur-les-produits-qu-on-achete/choisir-ses-produits-avec-le-nutri-score/nutri-score-les-reponses-a-vos-questions

mots-clés : alimentation
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