"La consommation de poisson constitue la principale source d’exposition alimentaire de l’Homme au méthylmercure", alerte l’ANSM.
Une étude révélée en 2013, avait démontré que la déforestation dans le monde aurait impliqué un déversement de 260 tonnes de mercures dans les lacs et les rivières. Les quantités de mercure présentes dans les 100 premiers mètres de profondeur des océans ont même doublé en 100 ans. Ce composé chimique est considéré par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) comme l’un des 10 produits extrêmement préoccupants pour la santé publique.
"Si j’avais tendance à recommander les poissons sauvages dans l’alimentation pour leur teneur en oméga 3, je conseille désormais aux patients d’être prudents : ces derniers, contrairement aux poissons d’élevage, ont plus de risques d’être intoxiqués au mercure", nous détaille Alexandra Retion, diététicienne nutritionniste.
Mercure dans le poisson : quels sont les risques ?
À haute dose, le méthylmercure s'avère toxique pour le système nerveux central de l’Homme, en particulier durant son développement in utero et au cours de la petite enfance. Cette substance peut ainsi provoquer des troubles comportementaux légers ou des retards de développement.
"En consommer en trop grande quantité peut être nocif pour les reins et le système digestif", ajoute Alexandra Retion.
En effet, selon l'OMS, le mercure peut avoir des effets nocifs sur le système nerveux, les organes digestifs, les poumons et les reins. Quant aux sels de mercures, ils sont considérés comme corrosifs pour la peau, les yeux et peuvent être toxiques pour les reins en cas d’ingestion.
Mercure : ne supprimez pas complètement le poisson pour autant
Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'Université de la Saskatchewan (Canada) a toutefois démontré que la forme chimique du mercure trouvée dans le cerveau des personnes qui ont consommé beaucoup de poisson au cours de leur vie est complètement différente de la forme du mercure trouvée dans le cerveau des personnes qui ont été empoisonnés.
"Concrètement, une grande exposition au mercure entraînant un empoisonnement est extrêmement différente comparée à une faible exposition dans le cadre d'un régime alimentaire incluant du poisson contenant naturellement de faibles niveaux de mercure, ont expliqué des chercheurs au sein de l'ACS Chimie Neuroscience. Les études qui utilisent l'exposition aiguë au mercure comme indicateur des effets sur la santé de la consommation de poisson contenant naturellement de faibles niveaux de mercure sont tout simplement trompeuses".
Les chercheurs ont comparé des échantillons de cerveau de deux personnes de domiciliées aux Seychelles qui consommaient du poisson régulièrement au cours de leur vie, avec des échantillons du cerveau de deux personnes décédées des suites d'un empoisonnement accidentel au mercure. L'un était un chercheur décédé 10 mois après un contact cutané direct avec du diméthylmercure.
"Il n'y avait pas de conséquences neuropathologiques apparentes chez les Seychellois et aucun des deux n'avait connu de déficits neurologiques pouvant être liés à l'exposition au mercure", rapportent les chercheurs.
Les chercheurs recommandent malgré tout de limiter les poissons connus pour contenir des niveaux élevés de mercure. Quels sont-ils ? Medisite les passe en revue en images.
L’espadon
"Le niveau de contamination des poissons varie selon les espèces. Il a tendance à être plus élevé chez celles qui se situent en haut de la chaîne alimentation [les grands prédateurs, ndlr]", explique l'ANSM. L'espadon fait donc partie des poissons connus pour contenir du mercure.
Le flétan
Parmi les poissons les plus contaminés au mercure, on retrouve aussi le flétan.
"La réponse se trouve dans la chaîne alimentaire, nous explique Alexandra Retion. Les grands prédateurs vont manger d’autres poissons plus petits. Ils multiplient ainsi les risques d’ingérer des poissons contaminés au mercure. Ils ont donc tous les risques d’être intoxiqués".
Le bar (loup)
Parmi les grands prédateurs, on cite également le bar.
Le thon
Si le thon est un poisson gras particulièrement riche en oméga-3, il est aussi susceptible de contenir du mercure. Il ne doit donc pas être consommé en excès.
"Si j’avais tendance à recommander les poissons sauvages dans l’alimentation pour leur teneur en oméga 3, je conseille désormais aux patients d’être prudents : ces derniers, contrairement aux poissons d’élevage, ont plus de risques d’être intoxiqués au mercure", souligne Alexandra Retion.
La lotte
La lotte fait aussi partie des poissons contaminés au mercure.
La raie
Les experts appellent aussi à être prudent lorsque vous consommez de la raie.
Merci à Alexandra Retion, diététicienne nutritionniste
Consommation de poissons et exposition au méthylmercure, Manger du poisson : pourquoi ? comment ?, Ansm, 27 février 2019
https://dx.doi.org/10.1021/acschemneuro.2c00166
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.
Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.