En mars 2024, le slogan de la campagne des Journées nationales de l’audition (JNA) donnait le ton : “Acouphènes : ce silence assourdissant !”.
“On estime que 15 millions de Français sont touchés, dont plus de 4 millions pour lesquels les acouphènes sont insupportables, et le coût pour les malades est élevé, note le Pr Jean-Luc Puel, chercheur en neurosciences à l’Inserm et président des JNA. C’est la double peine !”.
L'association qui a fait des acouphènes la thématique de sa campagne annuelle, alerte en effet dans une grande enquête (enquête PESA, menée conjointement avec France Acouphènes) sur les coûts santé (non remboursés, donc) supportés par les acouphéniques. Et les sommes engagées par celles et ceux qui entendent ces bourdonnements, sifflements et autres sons à longueur de journée ont de quoi interroger. “Notre enquête montre que tout compris, le coût total liés aux acouphènes en France dépasse les 10 milliards”, précise le Pr Puel. Mais à quoi correspondent ces coûts ? Ils sont en réalité variés.
Des coûts corrélés à une prise en charge lente
Trop d’acouphéniques supportent sans consulter. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : il faut en moyenne 5 ans pour prendre conscience que l’on est dérangé par les acouphènes, 7 ans avant de se décider à aller consulter et 9 ans pour bénéficier d'une prise en charge que l’on estime satisfaisante.
Entre temps ? C’est l’explosion des frais pour essayer de gérer seul les désagréments. Entre médecines alternatives, médicaments en vente libre et consultation chez différents spécialistes, comme nous le détaillerons dans le diaporama qui suit.
Un impact sur le vie professionnelle réel et difficile à quantifier
Sur les deux ans qu’ont duré l’enquête, 16% des sondés ont déclaré avoir dû poser au moins un jour d’arrêt maladie à cause des acouphènes, quand un peu plus de 10% avouent avoir dû changer de poste ou demander un réaménagement.
Ils sont en revanche seulement 19 % à avoir obtenu une RQTH (reconnaissance de travailleur handicapé), RQTH que l’on peut demander uniquement en cas de surdité et/ou troubles anxio-dépressifs associés (les acouphènes ne sont pas reconnus comme handicap).
Au total, 1 acouphénique sur 5 estime que la perte de revenus du travail liée aux acouphènes (jour d’arrêt non pris en charge par l’Assurance maladie, promotion non obtenue, clients perdus pour les indépendants…) représente 2000 € sur les deux dernières années.
1079,85 euros
Le reste à charge moyen par patient par an est évalué à 1 079,85 euros. Le reste à charge médian se situe à 400 euros. Il comprend toutes les dépenses générées par les acouphènes.
840,75 euros
C’est le coût total du parcours de soin par an par patient pour les consultations et les examens, dont 296,75 € pris en charge par la sécurité sociale.
1512,75 euros
C’est le coût des équipements par an et par patient appareillé, dont 382,15 € pris en charge par la sécurité sociale. Les aides auditives recommandées sont souvent plus perfectionnées (pour masquer les acouphènes) et ne rentrent pas dans le cadre du 100% Santé.
849 euros
Près d’un acouphénique sur deux a dépensé plus de 800 euros dans ces méthodes alternatives (sophrologie, TCC, gouttière…) : certaines peuvent aider, mais comme il n’y a aucune étude clinique pour appuyer leur efficacité, elles ne sont pas remboursées.
832 euros
Ce sont les frais de transports supportés par un peu moins de 20 % des acouphéniques (pour se rendre en consultation, lieux de soin, etc.)
326,40 euros
Cette dépense correspond aux achats de compléments alimentaires, pour 19% des répondants.
226.60 euros
C’est ce qu’ont dépensé 20% des acouphéniques interrogés en achats en pharmacie (hors compléments alimentaires).
Interview du Pr Jean-Luc Puel, chercheur en neurosciences à l’Inserm et président des JNA
etude-PESA-couts-des-acouphenes-2024.pdf (journee-audition.org)
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