- 1 - Des problèmes de mémorisation
- 2 - La perte de repères spatio-temporels
- 3 - Des difficultés à trouver ses mots
- 4 - Une baisse d’enthousiasme
- 5 - L’oubli de certaines connaissances
- 6 - Des difficultés à "reconnaître"
- 7 - Tristesse et repli sur soi
- 8 - Des moments de stress inexpliqués
- 9 - Une perte d’appétit
- 10 - Des difficultés à écrire
- 11 - Des idées délirantes
- 12 - Des symptômes variables
- 13 - A qui s’adresser ?
- 14 - Alzheimer léger, modéré ou sévère ?
- 15 - Alzheimer : comment être sûr du diagnostic ?
- 16 - Alzheimer : un diagnostic trop tardif
Des problèmes de mémorisation
"La mémoire dite "à court terme" (qui stocke temporairement les informations) est souvent perturbée très tôt dans la maladie d’Alzheimer. C’est un signe assez caractéristique", explique Luc Buée, directeur de recherche à l’Inserm spécialiste de la maladie. Repères : Une personne bien portante peut, en moyenne, retenir 5 à 9 informations différentes au niveau de sa mémoire à court terme. Une personne atteinte en retient 2 ou 3… voire 0. Quand s’inquiéter ? Si la personne répète plusieurs fois "Quel jour sommes-nous ?", "Quelle heure est-il ?" ou encore "Que faisons-nous aujourd’hui ?"… Et cela, alors qu’on lui a déjà répondu quelques minutes plus tôt. Même chose, si elle oublie ce qu’elle a fait la veille ou qu’elle égare des objets à peine rangés.
La perte de repères spatio-temporels
Autres signes caractéristiques de la maladie d’Alzheimer : les troubles de la mémoire dite "épisodique" ou "autobiographique" qui permet de se souvenir des évènements dans leur contexte temporel et dans l’espace. Repères : Il peut arriver à tout le monde d’oublier pendant un bref moment l’année ou le lieu d’un évènement (mariage, naissance…) ou encore l’endroit où on se rend. C’est un phénomène normal souvent lié à un manque d’attention… Quand s’inquiéter ? "Quand la personne ne sait plus à quelle date elle s’est mariée et qu’elle ne sait pas replacer cet évènement dans son contexte. Par exemple, si c’était au mois de mai 1968", explique Luc Buée, directeur de recherche à l’Inserm spécialiste de la maladie.
Des difficultés à trouver ses mots
Quand les lésions de la maladie d’Alzheimer atteignent les parties postérieures du cerveau, elles peuvent perturber le fonctionnement du langage. On parle alors d’aphasie. Repères : Il nous est tous arrivé de chercher un terme, surtout avec les années. Mais la maladie d’Alzheimer "n’a rien à voir avec la difficulté à trouver ses mots liée au vieillissement naturel. Dans ce cas, la personne finit par trouver le terme qu’elle voulait ou emploie un synonyme". Quand s’inquiéter ? Quand une personne emploie un mot pour un autre, un mot similaire (crayon pour stylo), qu’elle simplifie sa syntaxe. "Les personnes malades disent souvent "J’ai pris un truc pour remplacer ce machin" parce qu’elles n’arrivent plus à trouver leurs mots", explique Luc Buée, directeur de recherche à l’Inserm.
Une baisse d’enthousiasme
Dans 80% des cas, la maladie d’Alzheimer donne lieu à une perte de motivation générale. Ce symptôme fréquent appelé "apathie" témoigne de l’atteinte du lobe frontal du cerveau, la région impliquée dans le comportement social et l’organisation des activités. Repères : Attention à ne pas confondre baisse d’enthousiasme passagère ou même dépression profonde, et véritable apathie. Qui dit manque de tonus ne dit pas forcément maladie d’Alzheimer (heureusement). Quand s’inquiéter ? Quand la personne est passive, qu’elle n’a plus envie de sortir, de voir du monde, qu’elle ne prend plus de plaisir aux activités qu’elle pratiquait auparavant… et que cette attitude s’ajoute à d’autres signes (pertes de mémoire…).
L’oubli de certaines connaissances
La maladie d’Alzheimer peut perturber la mémoire dite "sémantique". En clair, celle qui stocke les mots, les concepts, les connaissances. Repères : "La mémoire sémantique est très bien préservée avec l’âge, ce qui fait que son atteinte est souvent un argument en faveur d’une maladie d’Alzheimer", explique Luc Buée, directeur de recherche à l’Inserm spécialiste de la maladie. Quand s’inquiéter ? Quand une personne ne sait plus combien il y a de jours dans une semaine, ne sait pas les citer, ne se souvient pas du nom des capitales de pays qu’elle a apprise ou encore qu’elle ne sait plus en quelle année elle a travaillé dans telle société…A noter : Malgré la maladie d’Alzheimer, la mémoire sémantique peut être longtemps conservée.
Des difficultés à "reconnaître"
La maladie d’Alzheimer peut donner lieu à des difficultés de "reconnaissance" visuelle (personnes ou objets familiers), auditive (incapacité d’identifier des sons) ou tactile (impossibilité de reconnaître des objets au toucher). La maladie peut aussi entraîner une "prosoagnosie" (incapacité d’identifier un visage connu) et/ou une "anosognosie" (ne pas reconnaître sa maladie). Repères : On ne parle pas ici de la difficulté momentanée à reconnaître une personne que l’on a déjà vu, ou de confondre, parce qu’on était absorbé ailleurs, deux paires de lunettes… Quand s’inquiéter ? Quand la personne à qui on demande d’aller chercher du sucre revient avec du sel, quand elle ne reconnaît plus des lieux familiers, quand elle ne se rend pas compte de ses trous de mémoire…
Tristesse et repli sur soi
"Les troubles dépressifs font partie des symptômes les plus observés en association aux troubles de la mémoire chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer", explique Luc Buée, directeur de recherche à l’Inserm, spécialiste de la maladie. Repères : Il peut arriver à tout le monde d’être triste et maussade. Chez une personne atteinte d’Alzheimer "l’existence d’une vraie dépression est rare et, le plus souvent, les idées dépressives demeurent limitées et transitoires", précise Jacques Selmès, ancien Interne des hôpitaux de Paris et le Dr Christian Derouesné, neurologue. Quand s’inquiéter ? Quand la personne est régulièrement fatiguée et/ou triste, qu’elle dit qu’elle n’est plus bonne à rien, qu’elle est ralentie dans ses pensées et ses mouvements…
Des moments de stress inexpliqués
Chez environ 42% de personnes atteintes, la maladie d’Alzheimer donne lieu à de l’anxiété (en plus des troubles de mémoire). Repères : Attention, le stress est un phénomène naturel et normal. C’est un signe du bon fonctionnement de l’organisme. Quand s’inquiéter ? Quand la personne manifeste des craintes pour l’avenir, qu’elle se dit incapable d’exécuter une activité qu’elle faisait régulièrement (conduire, cuisiner…). Cela peut parfois aller jusqu’à la crise d’angoisse (sensation d’étouffement, accélération du rythme cardiaque). A noter : L’intensité des troubles de l’humeur, comme l’anxiété, observés lors de la maladie d’Alzheimer est variable d’une personne à l’autre. L’anxiété peut ne jamais apparaître ou très tardivement.
Une perte d’appétit
Avec le temps, la maladie d’Alzheimer peut donner lieu à une perte d’appétit et à des troubles du sommeil. Ces signes sont en fait le résultat de la perte d’intérêt, de reconnaissance et l’inaction liée à la maladie. Repères : Une perte d’appétit n’est pas inquiétante si elle est passagère. Quand s’inquiéter ? Quand la personne n’a plus envie de manger voire ne mange plus. Quand elle somnole toute la journée, qu’elle a des insomnies la nuit ou encore des difficultés à s’endormir.
Des difficultés à écrire
La maladie d’Alzheimer peut se traduire par l’oubli des gestes (on parle d’apraxie). Ce sont en fait les compétences acquises dès l’enfance qui disparaissent petit à petit. Repères : Dans le cadre de nos activités quotidiennes, il peut nous arriver à tous d’être distraits et de mal boutonner notre vêtement, de l’enfiler à l’envers ou d’oublier les légumes en train de cuire sur la cuisinière. Il n’y a pas de quoi paniquer… Quand s’inquiéter ? Quand la personne a des difficultés à écrire, à utiliser ses couverts, à se laver, à s’habiller, à cuisiner… A noter : La détérioration de ces capacités est différente selon les personnes. Certaines seront rapidement en grande difficulté dans leur quotidien, alors que pour d’autres il restera toujours un minimum de compétence.
Des idées délirantes
Environ 20% des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer souffrent d’idées délirantes qui s’accompagnent d’une conviction absolue. Ces idées délirantes peuvent même être associées, au stade avancé de la maladie, à des hallucinations (le plus souvent visuelles). Quand s’inquiéter ? Quand la personne dit voir des personnes, des animaux, ou a l’impression qu’une ombre vient de passer à côté d’elle. Quand elle accumule les phrases du type : "Je sais que mon mari me trompe", "Je sais que tu veux te débarrasser de moi", "Quand ma fille vient chez moi, elle me vole mes petites cuillères"… A noter : Ces troubles appelés "psychotiques" apparaissent au cours de la maladie.
Des symptômes variables
"Les symptômes de la maladie d’Alzheimer sont très variables d’une personne à l’autre", explique Luc Buée, directeur de recherche à l’Inserm, spécialiste de la maladie. Leur ordre d’apparition et leur progression dépendent en effet de la localisation des lésions dans le cerveau. C’est ainsi que certains malades ont très rapidement des troubles du langage importants, tandis d’autres n’en n’ont que très peu ou tardivement. De même, si les troubles de la mémoire sont l’élément le plus caractéristique de la maladie, dans 10 % des cas, ils ne sont pas au premier plan.
A qui s’adresser ?
Plus la maladie est identifiée tôt, mieux elle est comprise par le malade et ses proches. A qui s’adresser ? Tout d’abord au médecin généraliste. Il connaît bien le malade et peut aider à trouver un spécialiste, souvent un neurologue, mais aussi en complément un gériatre (spécialistes des patients âgés), un psychiatre (spécialiste de la maladie mentale comme la dépression, l’anxiété), un neuropsychologue (spécialiste des tests explorant les fonctions cognitives) ou encore un psychologue clinicien (spécialiste de la psychothérapie). Pour un dépistage, on peut aussi s’adresser à une consultation mémoire. - Plus d’infos sur les aides et les droits en cas de maladie d’Alzheimer. - Plus d’infos sur les consultations mémoire
Alzheimer léger, modéré ou sévère ?
La maladie d’Alzheimer se développe en trois phases : - La phase "légère" (2 à 4 ans) : la personne conserve son autonomie et souffre de troubles de la mémoire modérés (oublis des noms…). - La phase "modérée" (2 à 6 ans) : Les troubles de la mémoire s’aggravent. Les activités quotidiennes (se laver, s’habiller…) deviennent plus difficiles. - La phase "sévère" : "Le patient perd la capacité de comprendre ou d’utiliser le langage et risque de répéter la fin des phrases sans comprendre le sens des mots. Il peut avoir des difficultés à marcher, s’asseoir, se nourrir…", explique le Dr Michèle Micas, gérontologue et psychiatre. L’évolution est imprévisible. L’état peut être stationnaire pendant des mois, voire des années.
Alzheimer : comment être sûr du diagnostic ?
Seuls des examens médicaux permettent de confirmer le diagnostic de la maladie d’Alzheimer : - L’examen neuropsychologique : Il définit l’importance et le type des troubles de la mémoire (test d’apprentissage de liste de mots), et vérifie le fonctionnement des autres fonctions cognitives (langage, exécution des gestes...). - L’examen neurologique : Il recherche les signes et réactions indiquant un trouble neurologique et permet d’écarter d’autres types de démences (tests de réflexe…). - L’imagerie cérébrale (scanner ou IRM) : "Il permet de voir s’il y a atrophie de l’hippocampe du cerveau, le siège de la mémoire, un signe caractéristique de la maladie d’Alzheimer", explique Luc Buée, directeur de recherche à l’Inserm spécialiste de la maladie.
Alzheimer : un diagnostic trop tardif
Parce que les lésions cérébrales de la maladie d’Alzheimer se développent insidieusement et très progressivement, on estime qu’aujourd’hui seule la moitié des patients touchés sont identifiés. Le diagnostic est fait en moyenne après 2,5 à 3 ans d’évolution et même plus tard chez les patients de moins de 65 ans pour lesquels la maladie est rarement soupçonnée. L’Inserm rappelle que selon une enquête européenne, le délai moyen s’écoulant entre les premiers symptômes et le diagnostic était de 24 mois en France, soit le délai le plus long après la Grande-Bretagne. Or, plus la maladie est diagnostiquée tardivement, plus elle est difficilement vécue et prise en charge. Si vous avez des doutes, n’hésitez pas à aller consulter votre médecin.
- Inserm - Association France Alzheimer - La maladie d’Alzheimer pour les Nuls, Jacques Selmès et le Pr Christian Dérouesné, Editions First, 2009 - Alzheimer, Dr Michèle Micas, ed.Josette Lyon, 2008
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