Qu'est-ce que la myociline, cet antibiotique courant qui restaure les neurones ? Istock

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Une équipe de neuroscientifiques du Tokyo Metropolitan Institute of Medical Science a publié fin octobre 2024 dans le Journal of Neuroinflammation le résultat de travaux qui ouvrent la voie à une nouvelle approche de restauration des lésions induites par le déclin cognitif. Les scientifiques ont en effet remarqué qu’un traitement antibiotique courant pouvait réparer les dommages sur une protéine particulière impliquée dans le déclin cognitif précoce chez la souris.

Une protéines altérée chez les souris porteuses de déclin cognitif

C’est une protéine particulière, la Rp58, qui a intéressé l'équipe japonaise. La Rp58 est en effet corrélée à des signes de déclin cognitif, et on suppose que c’est l’expression de cette protéine, moins efficace quand on vieillit qui peut (en partie tout du moins) être responsable des signes de vieillissement cognitif. “Chez les souris de type sauvage, la mémoire de localisation des objets était présente à un niveau similaire à 2 et 4-5 mois d'âge, et a été altérée à 12-18 mois”, expliquent ainsi les chercheurs.

En revanche, les souris “Rp58” présentaient des altérations de leurs facultés mémorielles dès l’âge de 4-5 mois. “Ces souris ont également présenté une accumulation plus précoce d'ADN et des dommages mitochondriaux (...) qui sont associés à une réparation défectueuse de l'ADN.”

Les conséquences de ces anomalies sont plurielles aussi bien sur la mémoire spatio-temporelle que sur la déficience intellectuelle. En agissant directement sur la Rp58, les scientifiques japonais espéraient ainsi pouvoir réparer les dommages aussi bien sur les cellules que sur l’ADN. C’est ce qu’ils ont réussi à faire.

Un simple antibiotique pour réparer une protéine impliquée dans le déclin cognitif

La minocycline est un antibiotique antibactérien de la famille des tétracyclines nous apprend le Vidal. Elle est commercialisée dans les médicaments Mynocine (indiqué dans le traitement de certaines infections à germes sensibles lorsque les autres antibiotiques par voie orale ne sont pas appropriés, indique la base de données publique des médicaments) et Parocline (gel dentaire prescrit notamment en cas de parodontite).

C’est cet antibiotique- somme toute banal - qui a testé sur les souris “Rp58” avec des résultats très encourageants ! Car ce médicaments “qui a des effets neuroprotecteurs et anti-inflammatoires, atténue les phénotypes liés à l'âge, notamment l'accumulation de dommages à l'ADN, l'augmentation de l'activation microgliale (qui cause les dysfonctionnement neuronaux, NDLR) et l'altération de la mémoire de localisation des objets”, détaillent les scientifiques japonais qui concluent que “la minocycline a un potentiel en tant qu'agent thérapeutique pour le traitement du dysfonctionnement cognitif associé à une mauvaise expression de la protéine Rp58”. De quoi ouvrir le champ des possibles pour de futurs nouveaux traitements.