memory loss due to dementia vector of a senior man losing parts of head as symbol of decreased brain functionImage d'illustrationIstock
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C’est au sein du Centre Hospitalier Universitaire de Nantes que 30 patients atteints de la maladie d’Alzheimer au stade précoce participent à un nouveau traitement à base d'anticorps anti-amyloïde, une molécule qui freine l’accumulation de dépôts amyloïdes, ce qui est censé ralentir l’évolution de la maladie. Son nom : le Lecanemab. Des résultats très prometteurs ont été obtenus.

Certains de ces anticorps, administrés par perfusion, ont déjà reçu une autorisation de mise sur le marché aux États-Unis. "L’Europe et la France sont en attente de l’avis de l’Agence européenne du médicament pour une autorisation de mise sur le marché dans l’Hexagone", indique, dans un communiqué de presse de septembre 2023, le Dr Claire Boutoleau-Bretonnière, neurologue et responsable du Centre Mémoire Ressources et Recherches du CHU de Nantes.

"Le traitement réduit de 25 à 30 % le déclin cognitif chez les personnes atteintes de la maladie"

Pour comprendre comment fonctionne ce traitement, il faut revenir aux fondamentaux de cette pathologie dégénérative. "Pour faire simple, la maladie d’Alzheimer, en l’état actuel de nos connaissances, ce sont des protéines mal conformées, dont une appelée amyloïde, qui s’agrègent et forment des petits amas dans le cerveau. Le médicament dont il est question est un anticorps monoclonal anti-amyloïde, injecté tous les 15 jours par perfusion. L’anticorps a pour mission d’attraper l’amyloïde dans le cerveau ou dans le sang, afin de l’extraire et d’empêcher que la plaque amyloïde, autrement dit la maladie, progresse dans le cerveau", explique le Dr Claire Boutoleau-Bretonnière lors d’une interview avec le média Ouest-France en novembre 2023.

Et les résultats sont très positifs. Selon l’experte, le traitement réduit de 25 à 30 % le déclin cognitif chez les personnes atteintes de la maladie. "Ça a fonctionné dans le sens où maman n’a pas récupéré la mémoire qu’elle avait perdue, mais elle n’évolue plus. Depuis quelques années, elle se maintient. Elle est beaucoup plus sereine parce qu’elle le sent elle aussi. Elle croit réellement à ce protocole et ça lui donne de l'espoir", raconte à la Fondation pour la Recherche Médicale Brigitte, fille de Marie-Paule Blanchard, souffrant de la maladie d’Alzheimer depuis sept ans, que nous avons interviewée la semaine passée.

Des résultats connus aux États-Unis

Ces résultats encourageants étaient déjà connus. Ils ont d'ailleurs été au centre de nombreuses communications lors du congrès du Clinical Trial on Alzheimer Disease à Boston en juillet 2023, puis à la réunion des Unités de Soins d’Évaluation et de Prise en charge Alzheimer en décembre 2023, qui réunit toutes les équipes françaises centrées sur le soin des patients atteints de cette pathologie.

Si aujourd’hui nous ne disposons pas encore de données définitives, le suivi des patients admis en phase 3 de l’essai clinique, comme Marie-Paule, incite à penser que l’effet est bénéfique avec le temps. "Ceci répondrait bien à l’hypothèse de ce que les scientifiques appellent la "cascade amyloïde" : la suppression de sa source tarissant peu à peu les effets induits par l’accumulation de la pathologie. Ainsi, certains neurones ou synapses, fragiles mais non encore détruits, pourraient retrouver une activité normale", précise la Fondation Recherche Alzheimer sur son site.

Un espoir pour toutes les personnes touchées par cette pathologie dégénérative

Pour Marie-Paule, ce protocole a changé son quotidien. "Depuis que j’ai commencé les perfusions, je me sens beaucoup mieux et j’ai beaucoup moins de pertes de mémoire. Je perds moins les choses. Je suis plus gaie, je chante des anciennes chansons", sourit-elle. Jardinage, mots fléchés et croisés, tout est bon pour faire travailler sa mémoire.

Un espoir pour tous les Français souffrant de cette maladie actuellement sans traitement curatif, pour qui la seule solution est le placement en institution. Pour sa fille Brigitte, c’est sans appel : "Sans ce protocole, aujourd’hui, maman serait où ? Elle serait sûrement placée en foyer. Je pense que l’on doit tout à cette recherche et à l’équipe médicale de l’hôpital de Nantes".

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