Alzheimer : la graisse abdominale surexpose au déclin cognitif Istock
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Nous sommes nombreux à vouloir faire la peau au gras stocké au niveau du ventre, quand arrivent les beaux jours. Si les motivations sont souvent esthétiques, on oublie souvent les raisons santé qui peuvent justifier à déloger la graisse du ventre. Car la graisse qui s’accumule au niveau du ventre peut devenir véritablement problématique à partir du moment où elle devient trop envahissante.

Une petite précision s’impose avant d’aller plus loin : parmi les différentes graisses qui squattent notre organisme, c’est la graisse viscérale qui est sans conteste la plus pernicieuse.

Graisse viscérale et graisse sous-cutanée, même combat ?

Quésaco ? A la différence de la graisse sous-cutanée, superficielle et visible à l’œil nu, qui peut être à l’origine des poignées d’amour et du ventre bedonnant qui nous complexent, la graisse viscérale elle, est invisible. Ces tissus adipeux entourent les viscères comme le foie ou le pancréas, d’où ses appellations de graisse viscérale, de graisse abdominale ou intra-abdominale.

Sur un plan purement santé, il existe plusieurs raisons de faire la guerre à ce surplus de graisse viscérale, qui a pris ses quartiers à l’intérieur du ventre, avant de se focaliser sur les tablettes de chocolat (surnom donné au grand droit, le muscle superficiel qui forme les "des bretelles" de l’abdomen).

Graisse viscérale : son influence positive sur la santé

La littérature scientifique s’est largement penchée sur l’impact de cette graisse viscérale, donnant à voir une mécanique complexe, en demi-teinte.

Côté pile, un niveau sain de graisse viscérale sert à protéger les organes de l’abdomen. Elle jouerait un rôle positif de régulation du métabolisme, selon l’lnstitut national de la Science et de la Recherche Médicale (Inserm). Ce tissu adipeux "impacte notre santé en secrétant différentes substances qui lui permettent de communiquer avec nos autres organes : foie, muscles, cœur, vaisseaux...".

Le côté obscur de la graisse abdominale

Côté face, l’excès de graisse viscérale est associé à un risque accru de diabète et de maladies cardiovasculaires, d’hypertension artérielle, de stéatose hépatique, mais aussi de certains cancers, comme le cancer colorectal "indépendamment de l’Indice de masse corporelle" (IMC), précise encore l'Inserm.

Quand la bedaine affecte la mémoire et les facultés cognitives

La bedaine serait aussi néfaste pour la santé cérébrale. Plusieurs recherches ont montré un lien entre la graisse abdominale et une dégradation de la mémoire et des facultés cognitives en vieillissant.

Une nouvelle étude américaine enfonce le clou, mais en pointant cette fois-ci les dangers afférents à la graisse viscérale sur le cerveau, même à un âge moyen.

Les chercheurs de l’Université de Rutgers, dans le New Jersey, ont constaté que chez les hommes d'âge moyen, présentant un terrain à risque de maladie d'Alzheimer, des quantités plus élevées de graisse pancréatique affectaient la cognition. Ils montraient également des volumes cérébraux plus faibles.

Ces travaux, parus le 27 février dans la revue Obesity, suggèrent que la quantité et la localisation de la graisse abdominale d'une personne peut avoir une incidence sur la santé cérébrale et sur les facultés cognitives, si celle-ci a un risque élevé de maladie d'Alzheimer.

Il s’agit de la première étude à examiner le rôle potentiel de la graisse pancréatique dans le cerveau et sur la cognition, selon les chercheurs.

Surplus de graisse pancréatique : un impact sur la matière grise du cerveau

La graisse viscérale peut être déterminée en mesurant le tour de taille, à l’aide d’un mètre ruban. Selon l’Inserm, on parle d’obésité abdominale lorsque le tour de taille est supérieur à 100 cm chez l’homme et à 88 cm chez la femme (en dehors de la grossesse).

Pour les besoins de l’étude, l’équipe du Dr Schnaider Beeri ont recruté 204 adultes sains d'âge moyen, qui présentaient des antécédents familiaux de maladie d'Alzheimer. Les participants à l'étude étaient âgés d’environ 60 ans et 60 % du groupe était composé de femmes.

Les participants ont subi une imagerie par résonance magnétique (IRM) abdominale afin de mesurer leur graisse viscérale et sous-cutanée. Leurs facultés cognitives ont été évaluées ainsi que leurs volumes cérébraux.

Après analyse, il est apparu qu'une plus grande quantité de graisse abdominale chez les participants était associée à un volume total de matière grise plus faible dans le cerveau.

Graisse viscérale et déclin cérébral : un impact différent selon les sexes ?

"Nos résultats indiquent des corrélations plus fortes que les relations entre l'IMC et la cognition, ce qui suggère que les dépôts de graisse abdominale, plutôt que l'IMC, sont un facteur de risque pour un fonctionnement cognitif plus faible et un risque de démence plus élevé", a déclaré Sapir Golan Shekhtman, auteur de l'étude.

Autre fait intéressant : par rapport aux femmes, les hommes d'âge moyen à risque élevé de maladie d'Alzheimer, concernés par un surplus de graisse pancréatique, étaient plus affectés par cette altération de la cognition et la baisse des volumes cérébraux.

Les chercheurs se sont estimés surpris par ces différences observées entre les sexes, et peinent à les expliquer. "Nos résultats suggèrent fortement que la recherche sur le rôle des graisses dans le vieillissement du cerveau doit être effectuée dans le contexte des différences entre les sexes", a conclu le Dr Schnaider Beeri.

Sources

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/oby.24004

https://www.rutgers.edu/news/abdominal-fat-can-impact-brain-health-and-cognition-high-alzheimers-risk-individuals

https://www.medicalnewstoday.com/articles/abdominal-fat-cognitive-decline-alzheimers-risk

https://www.inserm.fr/c-est-quoi/pour-seviter-un-bide-cest-quoi-le-syndrome-metabolique/

https://www.inserm.fr/dossier/obesite/

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