L’hypertension artérielle multiplie par 6 le risque d'Alzheimer
maladie d’Alzheimer. Pourtant, une tension élevée "multiplie par six le risque de démence", explique le docteur Michèle Micas, gérontologue et psychiatre, dans son livre Alzheimer : prévention, causes et symptômes, au quotidien, conseils pratiques.
Si l’on sait qu’une hypertension artérielle non traitée constitue un facteur de risque de maladies cardiovasculaires, on a moins conscience de son association avec laPourquoi ? Car l’hypertension, liée à "l’augmentation de pression dans les vaisseaux sanguins qui irriguent le cerveau, est responsable d’une mauvaise irrigation [qui entraîne elle-même] des infarctus cérébraux. A terme, l’oxygénation du cerveau est de moins bonne qualité et le fonctionnement cérébral global est perturbé." On parle alors de démence vasculaire.
D’où l’importance de traiter l’hypertension artérielle afin, si ce n’est de la prévenir, de retarder l’apparition des premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer : "Si vous faites des complications vasculaires, vous risquez beaucoup plus de décompenser une maladie d’Alzheimer sous-jacente, précise le docteur François Sellal, neurologue. Ainsi, une étude prospective menée chez des nonnes a montré que, parmi les nonnes qui avaient les signes de la maladie d’Alzheimer à l’autopsie, le seul fait d’avoir subi un petit accident vasculaire (AVC) lacunaire multipliait d’un facteur 20 le risque de développer un tableau démentiel évident du vivant de la personne."
A noter que l’hypertension artérielle n’est pas la seule cause de complications vasculaires : le cholestérol, le diabète ou encore l’obésité sont autant de facteurs de risque à contrôler.
Un faible niveau d’études accélèrerait son apparition
Les résultats de plusieurs études épidémiologiques mettent en évidence un lien entre la maladie d’Alzheimer et le niveau d’études et la stimulation cognitive. "Ce seraient des facteurs protecteurs, précise le Dr Sellal : plus vous avez fait d’études et avez un haut niveau socio-intellectuel, moins vous risquez de développer la maladie d’Alzheimer."
Mais selon lui, l’effet n’est pas aussi radical que cela et nécessite d’être explicité : "Ce n’est pas tout à fait juste. En réalité, plus vous avez un haut niveau d’études, plus tard vous présenterez les symptômes de la maladie." Une étude menée par l’Inserm et publiée en 2014 a en effet conclu que "chez les personnes à haut niveau d’éducation, les premiers signes de déclin cognitif [sans pour autant qu’ils ne soient gênants] apparaissaient 15 à 16 ans avant le diagnostic de la démence, contre 7 ans en moyenne chez les individus ayant le plus bas niveau d’études."
Pourquoi ? Car "plus vous avez un haut niveau d’études, plus vous avez ce que l’on appelle une réserve cognitive, explique le Dr Sellal. On considère que si vous avez un cerveau qui a été beaucoup sollicité au niveau intellectuel, vous avez une grande richesse de connexions synaptiques, de réseaux neuronaux. Autrement dit, le fait d’avoir fait des études ne vous prémunit pas de la maladie d’Alzheimer, mais votre cerveau a plus de ressources pour compenser les effets de la maladie de telle sorte qu’elle n’apparaît que beaucoup plus tard."
La prise de benzodiazépines précipiterait sa survenue
Une étude française publiée en 2014 alerte des risques de l’usage prolongé des benzodiazépines, utilisés dans le traitement de l’anxiété, des troubles du sommeil et de l’épilepsie : selon les chercheurs, en prendre plus de trois mois serait associé à un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer chez les personnes âgées de 65 ans et plus.
Pourquoi ? Interviewé par Medisite, le professeur Bernard Bégaud, co-auteur de l’étude, explique que la prise de ces molécules précipiteraient les personnes déjà à risque vers la démence : "On sait que l’une des fonctions des benzodiazépines, c’est de mettre des neurones au repos. On pense que la prise de ces médicaments empêcherait la mobilisation de la réserve neuronale, qui permet de rétablir des circuits parallèles lorsque des premières lésions sont déjà présentes."
Mais selon le Dr Sellal, ces résultats sont à prendre avec des pincettes : "Ce n'est qu'une étude prospective. Or, on sait que c'est un type d'étude dont le niveau de preuve est faible. On ne fait qu'y montrer une corrélation. De plus, si les benzodiazépines étaient si pathogènes, l'incidence de la maladie d'Alzheimer devrait être plus élevée dans les pays fort consommateurs. Ce n'est absolument pas le cas : la maladie est ubiquitaire et d'incidence et de prévalence égale dans le monde entier."
En revanche, il admet que la prise de benzodiazépines n’est pas anodine et que leurs indications se doivent d’être respectées tant par le prescripteur que par le consommateur : "Il faut savoir ne pas les utiliser chez quelqu’un dont la mémoire est déjà fragile, parce que le médicament en lui-même peut avoir un impact négatif sur son fonctionnement."
L’alcool doublerait les risques
étude menée par l’Inserm et publiée en 2018 dans la revue The Lancet Public Health.
On connait les dégâts que l’alcool peut avoir sur le foie, mais moins sur le cerveau. Or, une consommation excessive d’alcool, correspondant à plus de deux verres par jour, doublerait le risque de développer la maladie d’Alzheimer. C’est du moins la conclusion d’unePour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont analysé les données de 31,6 millions d’adultes hospitalisés entre 2008 et 2013. Parmi eux, 1,3 million souffraient d’une démence et 950 000 présentaient une consommation excessive d’alcool voire une dépendance. "Après exclusion des cas de démences attribuables à une pathologie bien identifiée, les chercheurs ont retrouvé une consommation excessive d’alcool dans 57% des démences précoces et 8% de celles survenues après 65 ans", indique le communiqué de l’Inserm, suggérant ainsi que l’alcool est un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer.
Comment expliquer cette association ? Selon les auteurs des travaux, "l’alcool pourrait précipiter la survenue de ces maladies et accélérer leur progression en augmentant les dommages structurels et fonctionnels dans le cerveau. Cette étude interpelle donc une nouvelle fois sur les dangers de l’alcool, suggérant que des mesures préventives supplémentaires pourraient contribuer à réduire le risque de démences."
Le manque d’activité physique régulière
Nombreuses sont les études à souligner une association entre le sport et la maladie d’Alzheimer : les personnes les moins actives auraient en effet plus de risques de la contracter. Un lien qui semble plutôt logique, puisque "la plupart des activités physiques supposent des sollicitations cognitives et souvent aussi sociales", note le Dr Micas. Ainsi, "d’après les travaux de recherche publiés, les personnes qui s’adonnent à la plus grande quantité d’activité physique [même légère] courent 50% moins de risque de développer la maladie d’Alzheimer".
Mais une étude en particulier, parue le 7 janvier 2019 dans la revue Nature Medicine, est allée plus loin : les auteurs ont en effet mis en évidence le rôle clé d’une hormone sécrétée lorsque l’on fait du sport sur les fonctions cognitives. Cette hormone, appelée irisine, favoriserait la croissance neuronale dans l’hippocampe, zone du cerveau essentielle à la mémoire.
Or, c’est en analysant des tissus cérébraux de personnes décédées que les scientifiques se sont aperçus que l’irisine était présente en quantité moindre chez les sujets atteints de la maladie d’Alzheimer. Et en désactivant cette hormone chez des souris, ils ont pu observer que leurs fonctions cognitives étaient affaiblies.
Selon Ottavio Arancio, co-auteur de l'étude, ces résultats évoquent donc "la possibilité que l'irisine puisse expliquer pourquoi l'activité physique améliore la mémoire et semble jouer un rôle protecteur contre les maladies du cerveau telles que la maladie d'Alzheimer".
Remerciements au docteur François Sellal, neurologue.
Alzheimer : Prévention, causes et symptômes, au quotidien, conseils pratiques. Dr Michèle Micas. Editions Josette Lyon, 2008.
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