Périménopause : des risques accrus de dépressionIstock
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Au cours de leur vie, les femmes sont plus à risque de souffrir de dépression. l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) rappelle ainsi que les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes, et que l’incidence est plus élevée après 60 ans.

La littérature scientifique a déjà largement documenté les risques de dépression (plus ou moins sévère) chez les femmes au moment de la ménopause mais sans que l’on parvienne à décrire précisément les périodes les plus sensibles. De leur côté, les femmes méconnaissent souvent le lien possible entre dépression et ménopause, qu’elle relie plus volontiers aux bouffées de chaleur, à la prise de poids ou à l'irritabilité. Pourtant, il existe bien une sensibilité supérieure à la dépression pendant cette étape délicate qui correspond à la chute brutale des hormones féminines.

La dépression, grande oubliée de la ménopause ?

Cette étude, réalisée par une équipe britannique du département Psychology & Language Sciences de l’University College London (UCL) et publiée dans le Journal of Affective Disorders en juillet 2024, est une revue systématique (le but est de compiler l’ensemble des données scientifiques disponibles sur le sujet) qui vise à répondre à deux questions : l’incidence réelle des troubles dépressifs chez les femmes durant toute la période de la périménopause et de la ménopause et les symptômes dépressifs aux différents stades de la dépression.

Au total, ce sont 17 études prospectives qui ont été passées à la loupe, soit une cohorte de plus de 16 000 femmes.

Que nous apprend cette étude ?

Sans surprise, ces données confirment que les femmes sont effectivement plus susceptibles de souffrir de dépression quand leurs hormones commencent à chuter.

Mais là où cette méta analyse se révèle très instructive, c’est que le risque - + 40 % tout de même - se concentre plus particulièrement pendant la période de périménopause, autrement dit la période située juste avant la ménopause et qui peut durer 2 à 4 ans. En périménopause, les femmes ont encore leurs règles, mais elles deviennent plus irrégulières, souvent ponctuées de cycles variables (longs et courts). Elles peuvent par ailleurs expérimenter dès la périménopause les symptômes tels que les bouffées de chaleur ou l’irritabilité.

Des signes à ne pas négliger

Au cours de la périménopause plusieurs indicateurs symptomatiques de la dépression peuvent alerter . “Les symptômes suivants doivent retenir notre attention”, précise Boris Charpentier :

  • Une tristesse chronique : un sentiment de tristesse qui dure quasiment toute la journée et sur au moins 2 semaines consécutives.
  • Perte d'intérêt : les activités qui habituellement suscitent du plaisir et de l’intérêt n’en provoquent plus.
  • Fatigue et perte d'énergie : indépendamment d’un bon état de santé physique une sensation de fatigue chronique s’installe.
  • Troubles du Sommeil : difficultés d’endormissement, réveils nocturnes.
  • Perte ou prise de poids : non lié à un problème de santé.
  • Troubles cognitifs : difficultés de concentration, à prendre des décisions.
  • Sentiment de culpabilité ou d’auto dévalorisation, irritabilité.
  • Pensées suicidaires : Idées récurrentes de mort, de suicide ou de tentatives de suicide.

Pourquoi faut-il impérativement consulter ?

La dépression se règle rarement sans prise en charge ! “Il est important de consulter dès l’apparition des premiers signes, explique Boris Charpentier, pour éviter l’aggravation des symptômes, ce qui pourrait entraîner des complications dans la prise en charge et avoir des conséquences plus graves en termes de santé mentale et physique.

Une dépression affecte en effet la qualité de vie, les relations interpersonnelles et la sphère professionnelle.

Quelles solutions trouver ?

Les Thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC) sont utiles pour identifier et changer les schémas de pensée dysfonctionnels et les comportements qui en découlent, explique encore Boris Charpentier. Selon les cas, une médication avec des antidépresseurs peut être proposée en parallèle d’une thérapie.

L’exercice physique peut aussi aider dans la prise en charge et améliorer les résultats des thérapies. Le soutien social, enfin, est un élément clef pour se remettre d’un épisode dépressif.

Sources

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0165032724006438?via%3Dihub

Interview de Boris Charpentier, psychologue et psychothérapeute à Paris. 

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