Chaque année, près de 112,5 millions d’unités de sang sont collectées à travers le monde afin de répondre aux besoins sanguins des hôpitaux. Rien qu’en France 530 980 patients ont été transfusés en 2019, selon le dernier rapport d’activité hémovigilance 2019 de l’ANSM. Des milliers de vies sont ainsi sauvées tous les jours. Toutefois, le chemin a été long avant la mise au point de cette procédure vitale.
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Si la découverte de la circulation sanguine revient au Britannique William Harvey, c’est un le français Jean-Baptiste Denis qui a réalisé la première transfusion chez l'Homme, le 15 juin 1667 sur un adolescent d’une quinzaine d’années.
Fiévreux depuis deux mois, le jeune homme avait subi une vingtaine de saignées, traitement de choix au XVIIᵉ siècle censé “équilibre et rendre au malade sa bonne humeur”. Le patient s’est mis à avoir des pertes de mémoire et ressentir une fatigue chronique. Pour le Dr Jean-Baptiste Denis, ces nouveaux symptômes étaient une conséquence des saignées effectués au cours des dernières semaines. Il a alors l’idée d’effectuer une transfusion de sang. Pour lui, ce procédé pouvait " corriger l’état mental du malade".
Jean-Baptiste Denis a été le médecin de Louis XIV. Il est né à Paris en 1643 et mort en 1704 (image dans le domaine public)
Du sang d’agneau pour cette première transfusion
Toutefois, le médecin de Louis XIV était loin d’avoir les mêmes méthodes que nos professionnels de santé actuels. Il n’a pas utilisé du sang humain, mais celui d’un agneau. Les historiens rapportent - qu’à cette époque où la théorie des humeurs faisait rage - le scientifique avait décidé de faire le prélèvement sur cet animal en raison du caractère doux et gentil de l’espèce.
Le traitement a consisté à soustraire 3 onces (environ 100 mL) de sang chez le patient et de les remplacer par 9 onces (environ 300 mL) de celui de la bête.
Contre toute attente - et l’incompatibilité immunologique entre les espèces vivantes dont nous avons aujourd’hui connaissance - le jeune homme a survécu. Dans son article paru dans la revue britannique Royal Society le 22 juillet 1667, Jean-Baptiste Denis assure que l’état du patient s’est rapidement amélioré et qu’il a pu reprendre ses activités.
Une procédure rapidement limitée après plusieurs décès
Après cette expérience positive, le médecin du roi soleil a renouvelé l’expérience 4 fois : 2 ont survécu, un 3ᵉ est mort tandis que le 4ᵉ a eu une crise grave, aujourd’hui connue sous le nom d’accident hémolytique. C’est-à-dire que les globules rouges transfusés sont détruits. Les symptômes de cette complication sont des frissons, de l’urticaire, de la fièvre, une détresse respiratoire ou encore des réactions allergiques. Si le patient a survécu à cette complication, il est décédé 2 mois plus tard après un nouveau traitement.
Un procès a alors été organisé en 1668. Si Jean-Baptiste a été disculpé, le juge a décidé l’interdiction de transfuser du sang sans l'approbation préalable des médecins de la Faculté de Paris. Ce verdict a mis un coup de frein à cette procédure qui est tombée dans de nombreuses années.
Transfusion sanguine : des avancées 150 ans plus tard
L’idée de la transfusion sanguine ne reviendra sur le devant de la scène qu’un siècle et demi plus tard. En 1818, l’obstétricien britannique Pr James Blundell, a transfusé le sang d’un homme à son épouse. Cette dernière avait souffert d’une grave hémorragie après un accouchement. Le docteur a effectué ensuite la même procédure sur une dizaine de parturientes. La moitié d'entre elles ont survécu. Les décès s'expliquent en partie par la non-prise en compte du groupe sanguin et des rhésus, éléments déterminant de la compatibilité sanguine qui ne seront découverts qu’à partir de 1900 par Karl Landsteiner.
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