
Les modes de vie contemporains s'éloignent fortement de notre horloge interne. Que l’on vive en zone urbaine ou en milieu rural, la lumière est omniprésente, la nuit comme le jour. Les temps de repas sont rythmés par nos fringales, et le sommeil est soumis à une pression sans précédent. "L’être humain a besoin de sept heures de sommeil minimum. Pour un réveil à 5 heures, de nombreuses personnes devraient se coucher à 22 heures. Malheureusement, la plupart d'entre nous ne sont pas en mesure de le faire, de par nos obligations sociales", précise Marie-Victoire Chopin, docteure en psychologie à l’AP-HP Sorbonne Université DMU Neurosciences. Conséquences : hausse de certains cancers, du diabète, de l'insomnie ou des maladies cardiovasculaires…
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Il est important, selon elle, de respecter son rythme circadien : cette horloge biologique située dans notre cerveau, plus précisément dans l’hypothalamus. Très sensible à la lumière, elle synchronise notre organisme avec les variations journalières de notre environnement. "Nous sécrétons notre pic de cortisol 30 à 45 minutes après le réveil pour nous permettre de bien commencer la journée. Avec un réveil à sept ou huit heures du matin, la chute de cette hormone se situe entre deux et quatre heures de l’après-midi. Si on décale notre heure de coucher, cela entraîne des perturbations des rythmes circadiens, notamment en modifiant les niveaux d’hormones, et cela crée des décalages qui, à terme, affectent notre santé", explique la Dre Marie-Victoire Chopin.
Horloge biologique
Dans un article spécial sur l’horloge interne publié sur The Conversation, la Dre Anouk Charlot, doctorante à l’Université de Strasbourg, et le Dr Joffrey Zoll, MCU-PH en physiologie à la faculté de médecine de l’Université de Strasbourg, décryptent le cycle circadien. Selon eux, trois erreurs courantes pourraient être évitées.
Dîner tardif
Pour être réglé sur l’horloge interne, le dîner ne doit pas dépasser 19 heures. "Un dîner trop tardif est associé à une moins bonne sensibilité à l’insuline, ce qui aggrave le risque de développer une obésité, un diabète de type 2 et des maladies cardiovasculaires", expliquent les scientifiques.
Sauter le petit-déjeuner impacte l'horloge interne
Au lever du soleil, l'appétit ne se fait pas toujours sentir. Résultat : nombreuses sont les personnes qui arrivent à jeun sur leur lieu de travail. "Le matin est un moment physiologiquement propice pour une prise alimentaire. Cette habitude est associée à une augmentation du risque de développer des maladies métaboliques", précisent la Dre Anouk Charlot et le Dr Joffrey Zoll dans leur article scientifique.
Modifier nos horaires de sommeil, un cycle jour nuit perturbé
Avec les décalages horaires, le travail de nuit et l'exposition à la lumière, le sommeil de la plupart des Français est perturbé. Pour compenser cette dette, la grasse matinée du week-end est la bienvenue. Une erreur, selon les spécialistes du sommeil. "Cette inadéquation conduit à un trouble de l’horloge circadienne connu sous le nom de jetlag social, où le rythme de sommeil contrôlé par l’horloge circadienne ne correspond plus aux heures réelles de sommeil. Or, ce jetlag social favorise là encore le risque de développement de l’obésité et des maladies cardiovasculaires", concluent les chercheurs.